Tentative de meurtre sur une ado de 15 ans à Baie-du-Tombeau  - la victime à sa sœur : «Li ti pe rod amenn mwa dan bwa pou li touy mwa»

Elle vivait un vrai cauchemar. En s'embarquant dans une relation toxique avec son voisin et petit ami, Erikson Cupidon,19 ans, nul ne pouvait prédire que Gwendoline (prénom fictif), une adolescente de 15 ans, allait devoir lutter pour sa survie.

Ayant repoussé son petit copain, ce dernier s'est vengé de manière sanglante dans les rues de Résidence St Malo, Baie-du-Tombeau, en l’assenant de plusieurs coups de couteau alors qu’elle rentrait du collège le lundi 23 septembre.

« Garson-la pa ti dakor, akoz sa mem li fer sa bann agresion-la, li azir avek violans. Enn dimounn dir ou li pa kontan ou, ou vir paz, pa bizin ou tir so lavi », tonne Flavia, mère de la victime, les larmes ruisselant sur ses joues.

Li ti bizin fer tou zafer an kasiet

Flavia raconte que sa fille était contrainte de mener une vie de prisonnière, car son ex-petit copain, dit-elle, n'acceptait pas cette rupture amoureuse. « Mo zanfan pa kapav marse lor sime, li al laboutik, garson-la vey li. Li ti bizin fer tou zafer en kasiet. Kan li sorti lekol, li bizin galoupe depi bistop ziska lakaz vit vit, paski si garson la li zwenn li lor sime, li pou bles li », indique Flavia. Elle ajoute que sa fille était tourmentée par les comportements de son ex-petit ami : « Li dir so bann ser ki li degoute ar so lavi, parski li pa santi li lib, li pa kapav marse ».

Peinée de voir sa fille gravement blessée, cette mère de famille relate que dans le passé, Gwendoline avait déjà reçu des menaces de mort de son agresseur : « Garson-la inn dir li si li koze, li rakont so fami, li pou touy li ».

Li dir mwa Sinoi kinn pik li

Lundi dernier, Erikson Cupidon, alias Sinoi, a mis ses menaces à exécution. En pleine rue, couteau en main, il s’acharne brutalement sur Gwendoline de sang-froid, lui assénant plusieurs coups de couteau au ventre, dans le dos et sur les épaules. Des habitants de la localité ont immédiatement alerté la sœur aînée de Gwendoline de cette agression. Une fois sur les lieux du drame, celle-ci découvre sa sœur baignant dans son sang : « So linz ti plin ar disan, lor so lebra de kote ena pike, lor so vant enn madam inn poz enn palto pou anpes seignman. Monn met li lor mwa dan loto », raconte Jolana au Défi Plus.

La collégienne est transportée d’urgence à l’hôpital du Nord à Pamplemousses. En route, elle arrive difficilement à revenir sur cette agression. « Li dir mwa Sinoi kinn pik li. Li ti pe rod amenn li dan bwa pou touy li », avance Jolana. 

Le lendemain de cette agression, les proches de l'adolescente se sont précipités pour lui rendre visite. C'était la consternation. Ses deux nièces ont eu du mal à la voir dans cet état, le corps recouvert de blessures. Elles ont dû quitter la salle, éclatant en sanglots dans les couloirs de l’hôpital, réalisant que leur tante avait frôlé la mort.

Ses proches racontent que ce n’est pas la première fois que la jeune fille se fait agresser par le jeune homme. « Dan le pase, linn deza bat li, li ti admet lopital. Li ti bien blese », disent-ils.

Erikson Cupidon fait face à deux accusations

L'agresseur Erikson Cupidon, 19 ans, est maintenu en cellule policière. Le lendemain de l’agression, soit mardi, il a été arrêté par les limiers de la Criminal Investigation Division de Port-Louis Nord. Interrogé par les hommes du surintendant Ramsawock et de l'inspecteur Seelochun, le suspect est passé aux aveux. Il a expliqué n'avoir pas accepté cette rupture. Le couteau mesurant environ 13 centimètres, qu'il avait utilisé pour agresser la collégienne, a déjà été retrouvé par la police. 

Le jeune homme fait l'objet de deux accusations provisoires devant le tribunal de Port-Louis. Il est accusé de tentative de meurtre et de « Causing Child To Be Sexually Abused ». La collégienne a expliqué que durant le mois de juin dernier, alors qu'elle avait fugué de chez elle pour se réfugier chez le suspect, ce dernier avait eu des rapports sexuels avec elle.

La mère accuse, la police récuse

Dans un entretien accordé au Défi Plus mardi, Flavia, la mère de l’ado, n’a pas mâché ses mots, pointant du doigt la police et la Child Development Unit (CDU) pour ne pas avoir pris les mesures appropriées face aux nombreuses plaintes qu'elle avait déposées auprès des autorités sur le traumatisme que vivait sa fille à cause de son ex-petit ami. « Pandan trwa zour linn sekestre li. Monn fer depozision Baie du Tombeau, Brigade des Mineurs. Monn fatige ale-vini stasion, Brigade des Mineurs, CDU. Monn mem al dan bann gran biro stasion Rozil. Monn al asize dan la kour, mo pa kone ki laport mo pou tape, monn asize monn plore lor sime », tonne cette mère de famille, déplorant l'inaction des autorités face au sort de sa fille, aujourd'hui entre la vie et la mort.

Mais du côté de la police, on rejette ces accusations, affirmant qu’à aucun moment, cette mère de famille ne s’est plainte que ce jeune homme tourmentait sa fille. Une source policière explique que la mère avait enregistré seulement deux cas de disparition concernant Gwendoline et précise que c'est pour des troubles de comportement d'un autre enfant qu’elle avait sollicité l’intervention des autorités policières.