- Une « precautionary measure » déposée au CCID par le journaliste
En circulation depuis vendredi sur les réseaux sociaux, une vidéo montre des échanges tendus entre plusieurs individus, dont des membres de la PHQ Special Striking Team, et le journaliste Murvind Beetun dans les locaux de Top FM. Le mercredi 14 juin, l’émission de radio « Radar Lepep » avait comme invité l’assistant surintendant de police (ASP) Ashik Jagai, responsable de la SST. Les questions de l’animateur portaient surtout sur le contenu d’enregistrements révélés le vendredi précédent dans l’émission de TéléPlus « Vimen Leaks - La bande sonore explosive » et évoquant des "pratiques illégales" de la part de policiers de la SST et d’autres unités.
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La vidéo partagée sur la Toile est issue d’une caméra de surveillance installée dans une cuisine de Top FM. Il n’y a pas de son mais on peut voir une altercation survenir entre Murvind Beetun et les individus présents. Quelques heures après l’incident, le journaliste s’est rendu au Central Criminal Investigation Department (CCID) en compagnie de l’avocat Ashok Radhakissoon. Il a fait enregistrer une « precautionary measure » dans laquelle il se plaint de « menaces » et de « tentative d’agression » au cours d’une pause durant l’émission, vers 19h10.
Le Défi Quotidien a tenté en vain de joindre Murvind Beetun au téléphone. Cependant, ce dernier s’est exprimé ce dimanche sur sa page Facebook. Dans sa publication, il donne sa version de ce qui s’est passé pendant la pause, qui selon lui, était justifiée par un non-respect des conditions prévues avec les avocats d’Ashik Jagai. Le journaliste raconte qu’à sa sortie du studio, il a entendu quelqu’un proféré des menaces à son encontre, puis que plusieurs personnes l’ont suivi en l’injuriant parce qu’elles n’appréciaient pas les questions posées au chef de la SST. Il précise que des individus qui ne sont pas des policiers ont également eu accès aux locaux de la radio ce jour-là.
Murvind Beetun parle aussi d’une hostilité manifeste à son égard depuis cette interview et dit craindre pour sa sécurité. Selon lui, il subirait des pressions pour l’obliger à ne rien dire sur cet incident. Il déplore enfin une tentative de « communaliser » l’affaire.
Ashik Jagai : « Mo pa ti laba, mo finn reste dan stidio »
Contacté par le Défi Quotidien, l’ASP Ashik Jagai affirme ne pas être au courant de l’incident rapporté par Murvind Beetun. « Mo finn reste dan stidio, mo pa ti dan sa plas kot li pe dir finn ariv kitsoz », déclare le responsable de la Special Striking Team. Questionné au sujet de la « precautionary measure » déposée par le journaliste au CCID, il répond qu’il faut « laisser les choses suivre leur cours ».
Sécurité renforcée pour Murvind Beetun
Le journaliste dit avoir obtenu des garanties de la part du commissaire de police, Anil Kumar Dip, concernant sa sécurité. Dans sa publication sur Facebook dimanche, Murvind Beetun indique que la police patrouille régulièrement devant son domicile depuis samedi soir.
Les méthodes de la Special Striking Team interpellent
Les actes d’intimidation à l’égard du journaliste Murvind Beetun, qui auraient été commis mercredi dernier par des policiers de la Special Striking Team dans les locaux de la station de radio Top FM, sont condamnés par les représentants de partis extraparlementaires.
« Rezistans ek Alternativ est solidaire de Murvind Beetun. Nous avons récemment déclaré avoir observé l’emprise grandissante de la mafia sur les institutions et la société mauricienne, et ce qui vient de se produire confirme cela », déclare Ashok Subron. Il déplore la présence de plusieurs éléments de la Special Striking Team (SST) mercredi dernier dans les locaux de Top FM pendant l’émission « Radar Lepep » qui accueillait le patron de cette unité de police, Ashik Jagai.
« Ce n'était pas normal que des avocats et des membres de la police soient en studio. Ce n'est ni un interrogatoire, ni un tribunal. Pourquoi ces conditions ont-elles été mises en place ? Pourquoi avoir recours à des milices du pouvoir ? Qui envoie ces milices ? » s’interroge le porte-parole de Rezistans ek Alternativ. Tout cela démontre, selon lui, que la société et la police dérivent vers un fascisme croissant. « Nous faisons appel au peuple et à la presse et demandons à ce qu'on prenne fermement position contre cette dérive inacceptable qui risque de se transformer en une véritable colère contre Pravind Jugnauth », ajoute-t-il.
Jack Bizlall, ancien député et négociateur syndical, fait quant à lui part de son intention d’adresser une correspondance aux différentes rédactions du pays afin qu’elles témoignent leur solidarité avec Murvind Beetun. Il soutient avoir déjà prévenu qu’un « grand danger » guette tous les journalistes souhaitant faire du journalisme d’investigation. « Ils vont de plus en plus subir des pressions de la part de la police et du gouvernement. Toutes ces dérives démontrent la nécessité de passer à une nouvelle Constitution ainsi qu’à une deuxième République », dit-il.
La reaction de Top FM via un communiqué
Dans un communiqué émis ce dimanche, la direction de Top FM fait ressortir que son journaliste Murvind Beetun a « mené l’entretien (Ndlr : avec Ashik Jagai mercredi dernier) avec l’autorité qu’il fallait et a même stoppé l’émission avec fermeté quand il le fallait ». Top FM est d’avis que « la plupart des questions auxquelles le public s’attendait ont été posées sans compromis et sans frayeur ni faveur. L’ASP Jagai s’est prêté à l’exercice avec un calme inattendu et est sorti satisfait de l’entretien ». La direction de Top FM estime que « Murvind Beetun et l’ASP Jagai ont été tous deux à la hauteur de l’événement tant attendu des Mauriciens et ont su faire taire ces mauvaises langues qui croyaient avant même l’émission que cela allait être un match arrangé ».
En ce qui concerne les problèmes de sécurité qui se sont posés pour Murvind Beetun, le communiqué indique : « Il y a des leçons à tirer à tous les niveaux suite à cette émission et des dispositions seront dorénavant prises en matière de sécurité et lors de la réception des invités et de leurs accompagnateurs. Murvind Beetun et sa famille seront soutenus par la direction et tout sera mis en œuvre pour leur sécurité. »
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