Les tensions entre l’Iran et les États Unis- affecteront le monde entier et l’île Maurice ne sera pas épargnée par une possible escalade du conflit. C’est l’avis des observateurs de la situation à Maurice.
L’une des premières conséquences est déjà observée, il s’agit de l’augmentation fulgurante du prix du baril de pétrole sur le marché mondial. Il fluctue entre 65 et 75 dollars le baril depuis la frappe aérienne qui a tué le général iranien Qassem Sleimani. Une situation qui est suivie de très près par les autorités mauriciennes, cette montée du prix des carburants fera effet boule de neige. Il y aura l’augmentation du prix de l’essence et du diesel à la pompe, mais aussi le commerce national et international qui subit une flambée de prix, nous expliquent plusieurs sources autorisées à Maurice. Sans oublier que, sur le plan mondial, cela provoquera une récession globale.
Autre aspect qui implique directement Maurice est le fait que la base militaire de Diego Garcia est devenue depuis ces quelques jours cruciale pour les opérations militaires des États-Unis. Le Pentagone a d’ailleurs déjà augmenté sa capacité militaire sur l’archipel. Six bombardiers B 52 ont été déployés sur Diego Garcia, hors de portée des missiles des pays du Moyen-Orient mais suffisamment proche pour pouvoir bombarder ces pays. On voit ainsi la possibilité que les États-Unis acceptent de changer de ‘landlord’ pendant cette période. D’où l’argument employé par la Grande-Bretagne pour conserver la souveraineté sur l’archipel, soit les « Defense Purposes » pourront être mises de l’avant en cas de négociations, s’il y a des négociations, souligne un des observateurs que nous avons sollicités.
Les négociations avec l’Angleterre ne devraient pas être impactées par ce conflit, nous explique une source proche du dossier Chagos. « Le Premier ministre a souligné que la présence de la base militaire ne sera pas remise en question. L’État mauricien est disposé à signer un contrat de longue durée avec les Américains contre paiement d’un loyer », affirme notre source.
«Air Mauritius est vulnérable»
C’est avec une inquiétude grandissante que le board d’Air Mauritius suit les événements en Iran. L’escalade dans les relations entre les États-Unis et l’Iran ont indirectement un effet sur la compagnie nationale d’aviation. Car, ce conflit a une incidence directe sur le cours du pétrole qui est en train de prendre son envol depuis quelques jours. « Air Mauritius est particulièrement vulnérable en raison de son éloignement des principaux marchés. Ainsi, toute augmentation d’un dollar du prix sur l’année a un impact financier négatif estimé à Rs 35 millions sur les résultats de la compagnie. Pour le dernier exercice financier d’Air Mauritius, qui s’est clôturé le 31 mars 2019, le coût total du carburant s’élevait à Rs 6 milliards avec un prix moyen de USD 71 le baril Brent », explique-t-on au conseil d’administration.
L’augmentation du prix du carburant ces dernières semaines est en train d’avoir un impact de plus en plus grand sur l’industrie de l’aviation. Au niveau d’Air Mauritius, le carburant représente 30 à 40 % des coûts des opérations. « La volatilité du cours du carburant demeure un défi important pour l’industrie de l’aviation et Air Mauritius, comme toutes les compagnies aériennes, suit la situation de près », affirme le conseil d’administration, présidé par Dev Manraj depuis le mois dernier.
Milan Meetarbhan : «Il n’y a jamais eu de volonté politique de rendre les Chagos à Maurice»
Milan Meetarbhan, constitutionaliste et observateur, explique, qu’en théorie, ce conflit ne devrait pas avoir un impact sur la position du gouvernement britannique… car dès le départ, il n’y a aucune volonté politique de la Grande-Bretagne de restituer la souveraineté de l’archipel à Maurice. De plus, l’annonce de Maurice de ne pas remettre en question la présence de cette base militaire, les Américains pourront continuer leurs opérations, ne devrait pas inquiéter le locataire. « Cependant, il est possible que l’accroissement de l’importance de cette base impacte les négociations politiques entre la Grande- Bretagne et Maurice, s’il y en avait, mais je ne vois aucun signe de la part des Britanniques d’ouvrir les négociations avec Maurice », soutient Milan Meetarbhan. En ce qui concerne l’invitation de Boris Johnson à Pravind Jugnauth pour le Sommet UK- Africa, ce 20 janvier 2020, Milan Meetarbhan trouve « purement théorique » que cette rencontre s’ouvre sur des discussions bilatérales pour restituer les Chagos à Maurice.
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