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Tensions internes : le président de la Bank of Mauritius Employees Union suspendu

La mise à l’écart de Chidanand Rughoobar survient dans un contexte institutionnel marqué par des tensions persistantes.

Le président du syndicat des employés de la Banque de Maurice, Chidanand Rughoobar, a été suspendu de ses fonctions le 25 août. Une décision qui soulève de nombreuses questions sur le climat institutionnel au sein de la Banque centrale. Cette mesure restera en vigueur jusqu’à la fin de l’enquête policière en cours à son encontre.

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La suspension du président de la Bank of Mauritius Employees Union, Chidanand Rughoobar, soulève de nombreuses interrogations sur la gouvernance interne de la Banque centrale. Entre accusations provisoires et décisions non concertées, cette affaire souligne un climat institutionnel marqué par des incertitudes et des rivalités, sur fond de pressions politiques présumées.

Selon les informations obtenues, Chidanand Rughoobar a été escorté hors des locaux de la Banque de Maurice (BoM), peu après avoir reçu sa lettre de suspension. Il affirme ne pas connaître les raisons ayant entraîné cette démarche. Il soutient avoir informé son employeur de l’existence d’une accusation provisoire de « rogue and vagabond » déposée contre lui, mais dit ne pas comprendre en quoi celle-ci justifie sa mise à l’écart.

Chidanand Rughoobar avance également que son contrat de travail n’était pas accessible. Une lettre avait été envoyée à son avocat quelques heures avant qu’on l’informe de sa suspension, indiquant que la BoM lui accordait dix jours pour une réponse à sa situation. Toutefois, sa suspension est intervenue dans la foulée.

Une décision non concertée ?

Ce qui intrigue davantage, c’est la réaction du second sous-gouverneur de la Banque de Maurice, Gérard Sanspeur, qui affirme n’avoir été ni informé ni consulté au sujet de cette décision. « À ma connaissance, le président du syndicat n’a pas été suspendu. Une telle décision ne pourrait être prise sans consultation entre le Gouverneur, le Premier Deputy Governor et moi-même », a-t-il déclaré au Défi Media Group.

Cette déclaration pourrait soulever la possibilité d’une prise de décision unilatérale. Est-ce en raison des tensions internes ? Lors d’une conférence de presse le 13 août, le Gouverneur de la Banque de Maurice, le Dr Rama Sithanen, avait reconnu l’existence de désaccords au sein de la direction. Il a toutefois évité d’entrer dans les détails, se contentant de dire que la question avait été portée à l’attention des autorités de nomination.

La suspension de Chidanand Rughoobar intervient dans un climat institutionnel déjà délicat. Depuis mars 2025, il avait repris la présidence de la BoM Employees Union, à la demande de ses collègues. La relance de l’union avait été soumise en avril, mais, selon lui, n’a pas reçu de réponse de la part de la direction de la Banque.

Le rôle d’un message controversé

Un élément troublant est également venu s’ajouter à l’affaire. Un message avait circulé sur les réseaux sociaux ces derniers mois. Cette missive faisait mention de prétendues instructions données par Tevin Sithanen, fils du Gouverneur, au Premier sous-gouverneur de la BoM, visant à écarter certains employés, dont Chidanand Rughoobar.

Selon ce dernier, lui-même et deux autres personnes citées dans le message avaient enregistré des mesures de précaution auprès de la police. Il estime que cette démarche aurait pu jouer en leur défaveur. À noter que l’une des personnes mentionnées avait été suspendue dans un passé récent, avant d’être réintégrée.

Le Dr Rama Sithanen, lors de sa précédente conférence de presse, a nié toute forme d’ingérence de son fils dans les affaires de la Banque. Il a qualifié ces allégations d’« infondées », affirmant que son fils n’exerce aucun rôle officiel ou informel dans les décisions internes de l’institution.

Réactions politiques et financières

Cependant, la situation conflictuelle à la Banque centrale suscite des réactions dans le milieu financier. Sudhir Sesungkur, ancien ministre des Services financiers, y voit le signe d’un désordre institutionnel plus large. « Il y a des divergences d’opinion dans toutes les structures, mais elles ne devraient pas être exposées publiquement. Les institutions doivent préserver leur image », estime-t-il.

Il rappelle que les nominations à la tête de la Banque centrale sont de nature politique, ce qui, selon lui, engendre parfois des tensions structurelles. Selon ses propos, il ne s’agirait pas tant d’un cas d’ingérence directe que d’une lutte d’influence entre différentes forces politiques souhaitant contrôler la Banque de Maurice et la Financial Services Commission (FSC).

Les services financiers, souligne-t-il, tombent actuellement sous la responsabilité du MMM, avec la ministre Jeetun, tandis que la Banque de Maurice relève du Parti travailliste à travers le ministère des Finances. Ces dynamiques politiques ne seraient pas sans conséquence sur la stabilité de l’institution.

Du côté des professionnels du secteur bancaire, la situation est abordée avec prudence. Un banquier ayant souhaité garder l’anonymat reconnaît qu’il existe des frictions internes, mais affirme que cela n’a pas d’impact notable sur les opérations quotidiennes. Il rappelle que chaque sous-gouverneur gère des portefeuilles distincts et que la Banque fonctionne selon une structure bien définie.

Il cite des précédents historiques pour illustrer son propos. À une époque, les deux anciens sous-gouverneurs, Yandraduth Googoolye et Vikramdass Punchoo, avaient connu des désaccords, mais cela n’avait pas empêché la continuité des activités. « La Banque de Maurice a toujours fonctionné malgré les divergences, car sa structure interne et sa gouvernance le permettent », explique-t-il.

Une gouvernance à l’épreuve

Le rôle du Dr Rama Sithanen fait également débat. S’il bénéficie d’une reconnaissance dans les milieux économiques, des critiques émergent au sujet de sa gestion interne. Selon Sudhir Sesungkur, les propos tenus ces dernières semaines laissent entendre que le Gouverneur est contesté à la Banque de Maurice.

Lors d’une conférence de presse tenue le 12 août, le Deputy Prime Minister Paul Bérenger avait rappelé qu’il avait lui-même recommandé Rama Sithanen à Navin Ramgoolam pour diriger la Banque de Maurice après les élections. « Après les élections, il y avait des problèmes à la BoM et Rama Sithanen a aidé le pays dans des moments difficiles. J’avais conseillé à Navin de le nommer en urgence. Mais le temps a passé », avait précisé Paul Bérenger.

On apprend qu’il n’y aurait pas eu de rencontre entre Paul Bérenger et le Dr Rama Sithanen pour évoquer la situation. Au retour du Premier ministre au pays, la situation au sein de la Banque de Maurice devrait être évoquée.

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