Entre Pravind Jugnauth et Adrien Duval c’est loin d’être le grand amour. Ils l’ont une nouvelle fois démontré le mardi 16 juillet 2019 à l’Assemblée nationale.
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Si le père a préféré cibler le ministre des Arts et de la Culture Pradeep Roopun, lors de la Private Notice Question, le fils, Adrien Duval, s’est, lui, livré à un duel avec Pravind Jugnauth. C’est à travers deux questions adressées au Premier ministre lors de la Prime Minister’s Question Time que le député de l’opposition de la circonscription no 17 (Curepipe/Midlands), a croisé le fer avec lui.
La première question d’Adrien Duval portait sur la situation de Glen Agliotti, un Sud-Africain qui a obtenu un permis résidentiel de l’Economic Development Board (EDB). Au fil de la réponse du Premier ministre, on finira par apprendre que Glen Agliotti a été arrêté en 2006 pour une affaire de trafic de drogue et qu’il a été poursuivi en 2007.
Débats autour d’un sud-africain
C’est le 3 août 2018, après un exercice de due diligence mené par l’EDB, que le bureau du passeport en a été informé. Le Passport and Immigration Office (PIO) a, à son tour, informé le bureau du Premier ministre qu’il n’était en présence d’aucun Adverse Report sur Glen Agliotti lorsque ce dernier avait fait sa demande pour un permis résidentiel en mars 2018.
Pravind Jugnauth a aussi fait savoir que le ministère des Affaires étrangères a par la suite écrit aux autorités sud-africaines, qui ont ensuite conseillé au gouvernement mauricien de solliciter une Mutual Legal Assistance auprès du gouvernement sud-africain. Adrien Duval demandera au Premier ministre s’il était au courant du montant investi par ce Sud-Africain à Maurice et comment est-ce qu’il a pu avoir droit à un Occupational Permit.
Il n’aura pas fallu davantage pour que Pravind Jugnauth sorte de ses gonds. « C’est étonnant de voir comment le député n’arrive pas à faire la différence entre un Residential Permit et un Occupational Permit. J’ai dit qu’il a eu droit à un Residential Permit », a lancé Pravind Jugnauth sur un ton colérique.
Adrien Duval est revenu à la charge, disant au chef du gouvernement que Glen Agliotti a commis un meurtre. « Ce sont de sérieuses allégations », a rétorqué Pravind Jugnauth, conseillant au député de ne pas dire « n’importe quoi ».
Le Premier ministre a expliqué que le « gentleman » en question n’a pas encore investi à Maurice et que c’est son épouse qui a fait des investissements. Adrien Duval indiquera plus tard que c’est la presse internationale qui a révélé que Glen Agliotti a déjà été l’auteur d’un meurtre. « Je ne me fie pas à ce qui se dit dans les journaux. Mais j’en prends note », a déclaré Pravind Jugnauth.
La Speaker, Maya Hanoomanjee, n’autorisera pas le député à adresser une nouvelle question car trop de temps y a déjà été consacré. Les protestations d’Adrien Duval ne serviront à rien. Exaspéré, il a lancé au Premier ministre : « To pe sove. » Ne lâchant pas prise, Pravind Jugnauth, a répliqué : « Anytime I can face you. »
Faux mariages
Les deux hommes se livreront juste après à un deuxième round. La seconde question d’Adrien Duval avait cette fois-ci trait aux cas de faux mariages entre des Mauriciens et des étrangers. Le député du no 17 s’intéressera surtout aux chiffres. Pravind Jugnauth révèlera que, selon les chiffres obtenus auprès de la Civil Status Division, il y a eu 3815 demandes pour des mariages entre des Mauriciens et des étrangers de 2015 jusqu’au 12 juillet 2019.
Il dira aussi qu’il y a eu, à la suite de cela, 345 objections. Deux cents objections ont été retirées car les couples ont pu fournir des explications satisfaisantes. Et 118 objections ont été maintenues, car les couples concernés n’ont pu fournir d’explications adéquates. Vingt-cinq autres objections ont été rejetées après que des couples n’ont pas répondu présents aux auditions, tandis que deux autres objections « are still in process ». Pravind Jugnauth révèlera aussi que depuis 2015, quatre mariages de convenance ont été rapportés au bureau du passeport et que des actions ont été prises selon les dispositions de l’Immigration Act.
Immigration Act
Ces éléments fournis par le Premier ministre ont donné l’occasion à Adrien Duval de revenir à la charge sur l’Immigration Act qui avait été amendée en avril dernier et qui avait été sévèrement critiquée par l’opposition. « Ce projet de loi avait été présenté en urgence à l’Assemblée nationale. Le Premier ministre avait fait croire que la situation était dramatique et que c’était pour cela qu’il fallait présenter cette loi. Nous apprenons aujourd’hui qu’il n’y a eu que quatre cas », a-t-il ajouté.
Le député de l’opposition a aussi fait ressortir que les anciennes dispositions de la loi permettaient déjà au Premier ministre de déporter une personne. Loin d’être sur la même longueur d’onde, Pravind Jugnauth a expliqué que sous l’ancienne loi, un étranger épousant un Mauricien à l’étranger pouvait rentrer au pays et qu’il fallait lui servir une Notice et attendre 60 jours.
« Un jour de plus est un jour de trop. Il fallait agir », a-t-il dit. Faisant fi des critiques, Pravind Jugnauth a affirmé qu’il a déjà donné des instructions au PIO et à l’état civil pour venir avec d’autres mesures afin de consolider le mécanisme existant.
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