Téléphone portable : accros un peu, beaucoup, passionnément…

La Journée mondiale sans téléphone mobile sera observée ce mardi 7 février. Malgré l’existence de ce rendez-vous citoyen, le concept est peu familier des Mauriciens, voire inimaginable pour certains. 

Elle n’avait jamais entendu parler de la Journée mondiale sans téléphone mobile jusqu’à ce que nous lui en parlions. « S’en priver ? Pourquoi ? » Chanelle, 18 ans, de Mahébourg, est perplexe. Du reste, « je ne m’en sens pas capable. J’ai tout planifié sur mon téléphone portable. Je me sens juste mal à l’aise de ne pas avoir mon téléphone sur moi », dit la jeune femme. « Sans mon téléphone, je me sens si peu sûre de moi », lâche-t-elle. Elle ne s’en cache pas, elle est accro.

C’est ce mardi 7 février que cette journée mondiale sera observée. Un rendez-vous qui a lieu chaque année depuis 2001. Et pourtant, ce concept est peu familier des Mauriciens.   

Roja Murden, elle, est en courant de la tenue de la Journée mondiale sans téléphone mobile. La Rosehillienne de 20 ans indique que c’est sur les réseaux qu’elle en a pris connaissance. Et pour elle, c’est « inimaginable » de passer une journée sans son téléphone. D’autant plus qu’elle étudie l’IT. « Je suis définitivement accro à mon téléphone portable », lâche-t-elle.

Une addiction due, entre autres, aux réseaux sociaux. Mais pas seulement. « C’est aussi grâce à mon téléphone que je suis mieux informée de l’actualité. Et comme je suis étudiante, je l’utilise pour faire des recherches, interagir avec mes camarades pour finaliser les projets de groupe. C’est un atout indispensable pour mon éducation et aussi un plus, car je peux réaliser des achats en ligne aussi », dit-elle.

D’autres, en revanche, ont décidé de se prêter au jeu, exposés à ce rendez-vous citoyen invitant les habitants de la planète à se déconnecter par le biais des réseaux sociaux sous le hashtag #journéesanstéléphone. Sania Manjoo, une étudiante de 19 ans habitant Curepipe, en fait partie. « Je passe en moyenne 24 % de mon temps sur mon portable et je n’en suis vraiment pas fière. Et le pire, c’est que l’application que j’utilise le plus est TikTok. Les heures défilent et je ne m’en rends même pas compte. »
Cette journée sans téléphone mobile sera ainsi l’occasion pour elle de remettre en perspective son rapport à cet appareil. « Étant passionnée par la nature, je pense qu’il y a beaucoup plus de choses à découvrir et que j’aurais certainement pu faire au lieu de ‘scroller’ en permanence sur mon téléphone », souligne-t-elle. 

La jeune femme entend profiter des bienfaits de cette déconnexion. « J’ai vu plusieurs vidéos expliquant les avantages que cela amène à notre cerveau. J’estime que cette journée tombe à pic et je m’y prêterai volontiers. » 

Défi accepté également par Rayhan Uteem, 25 ans. Il n’en est toutefois pas à sa première expérience. Étudiant à Paris, ce natif de Quatre-Bornes parle d’une détox bienvenue. « Je pense utiliser excessivement mon téléphone, surtout avant de dormir. Être sur le téléphone H24 nous amène à vivre à travers le téléphone. Cette journée me permettra d’apprécier la réalité à 100 %. Je compte bien savourer chaque instant », explique-t-il. 

Pritva Nirsimloo, 28 ans, a également décidé de tenter le coup. Car, avance-t-il, « on a parfois besoin de se déconnecter de la technologie pour se reconnecter un peu avec la vraie vie ». Auteur du livre de poésie et réflexion intitulé L’équation de la vie, il compte utiliser ce temps hors écran à bon escient. 

« Je vais dédier cette journée à l’écriture, surtout de mon troisième livre. » 

En entreprise 

Le téléphone portable, un outil indispensable 

Dans certains secteurs d’activité, le téléphone portable est indispensable. Sandyana Nudsingen, Talent Acquisition Officer à Mantu, en témoigne. « En tant que recruteurs, nous utilisons beaucoup LinkedIn. C’est une application conviviale pour les téléphones portables que nous utilisons pour trouver de bons candidats et les contacter », indique-t-elle. 

C’est un outil essentiel pour mon travail. Il me permet de communiquer avec mes clients»

Ce petit joyau est tout aussi indispensable dans le domaine de l’entrepreneuriat, affirme Shelena Bhurut, 30 ans, de Rose-Hill. La directrice de Dodo’s Chips, dont l’entreprise est opérationnelle depuis quelques mois, ne peut plus imaginer une gestion d’entreprise sans téléphone. « Le téléphone mobile est indispensable dans mon quotidien. J’en ai besoin pour faire des appels, prendre les commandes et répondre aux mails, acheter les fournitures nécessaires. C’est un outil essentiel pour mon travail. Il me permet de communiquer avec mes clients », partage-t-elle. 

Créateurs de contenu : des métiers nés du téléphone

Pour les créateurs de contenu et influenceurs, termes entrés dans le dictionnaire Larousse en 2020 avec l’avènement du marketing digital, le téléphone portable est source de gagne-pain. 

Cheriena Bhurut : «Pour un influenceur, le téléphone est essentiel»

Cheriena Bhurut, 26 ans, est Lifestyle Influencer depuis deux ans. Elle a quelque 100 000 followers. Pour elle, le téléphone portable est une nécessité. « En tant qu’influenceur, le modèle et l’ergonomie du téléphone que vous choisissez sont essentiels, car ils influencent directement votre image et votre présence sur les réseaux sociaux. » Elle explique être « H 24 connectée ».

Sydney Mungly : «C’est un investissement à long terme»

Sydney Mungly, 25 ans, de Roches-Brunes, est créateur de contenu depuis 2021. C’est la possibilité de créer des contenus de qualité rien qu’à l’aide d’un téléphone qui l’a encouragé à s’embarquer dans cette aventure. « En tant que créateur de contenu sur les réseaux, mon téléphone est l’outil que j’utilise pour créer. »

Il lui suffit de sortir son téléphone, filmer l’événement et le tour est joué. « Je filme mes vlogs, je crée mes TikTok et je fais mes supports (les miniatures) sur mon téléphone. Auparavant, on utilisait une caméra digitale pour faire la plupart de ces choses, mais étant donné qu’un téléphone est plus accessible, moins cher et aide à faire plus de choses, un téléphone dernier cri pour un créateur de contenu ou influenceur est un investissement à long terme. » 

Avvy : «Tout est possible grâce aux applis téléphoniques»

Avvy est créateur de contenu depuis son adolescence. Passionné par l’art, la mode et la musique, il donne vie à ses idées les plus folles par le biais de son téléphone portable. « De mes travaux de photographie à mes œuvres d’art, tant les toiles que numériques, je partage tout. Je ne m’impose pas de limites dans le processus créatif de mes contenus. Et mon téléphone est vraiment le seul moyen de me connecter au public qui apprécie mon contenu. » 

Du reste, fait-il valoir, son téléphone contient tout ce dont il a besoin pour créer. « Il existe des applications spécialement conçues pour les créateurs de contenu. » Et puis, poursuit-il, « de nouvelles applications sortent chaque deux mois pour nous simplifier la vie. Il y a aussi la question de la mise en valeur de notre art sur les plateformes qui nous sont accessibles comme TikTok et Instagram ».

Les portables les plus prisés du moment

Chez 101 Multimedia, on indique une préférence de la clientèle mauricienne pour les téléphones portables proposés par le marché asiatique, notamment en raison des prix compétitifs.

« Les marques les plus prisées sont Huawei, Xiomi, Oppo entre autres, en comparaison à l’engouement précédent pour les produits Samsung ou Apple. En période d’inflation, les marques proposant d’excellentes caractéristiques techniques à des prix abordables sont privilégiées par la clientèle. La qualité est au rendez-vous, que ce soit au niveau de la caméra ou du processeur », fait-on observer.

Aujourd’hui, l’achat du téléphone portable est grandement influencé par non seulement la qualité de la caméra, mais également l’espace de stockage des téléphones. 

« Avec l’avènement des messageries comme WhatsApp et les mises à jour qui peuvent prendre beaucoup d’espace sur le téléphone, ils sont nombreux à changer de téléphone uniquement pour des raisons d’épuisement de stockage », ajoute-t-on.

Chez Skynet Logiciel Ltd, c’est toujours la marque coréenne Samsung qui vole la vedette. « La série Galaxy A est la collection de smartphones Samsung de milieu de gamme très appréciée », indique Jevin, responsable du magasin.  

À quelle fréquence les Mauriciens changent-ils de téléphone ?

Du côté de 101 Multimedia, on observe une clientèle niche qui s’offre un nouveau téléphone chaque six mois à un an. « Ce sont majoritairement les adeptes de la marque à la pomme qui changent le plus fréquemment de téléphone avec la sortie des nouvelles séries. Sinon, la majorité utilise leur téléphone durant plusieurs années. » 

La même tendance est observée chez Skynet Logiciel Ltd. « Ce sont toujours les fans de la marque Apple qui changent leur vieux téléphone pour le nouveau à chaque grande sortie. Ou encore les adeptes de la technologie qui sont à la recherche des téléphones dernier cri. C’est un marché de niche qui touche seulement 20 % de la population. La majorité utilise leur téléphone au moins trois ans au minimum. »