Le budget des ménages n’esquive pas les coups lancés en 2022 par les différentes hausses des taux d’intérêt. L’impact réel sur l’économie pourrait se faire sentir d’ici le prochain semestre.
Le ministre des Finances a expliqué à l’Assemblée nationale, le 15 novembre, que « certains ménages vont peut-être souffrir » à cause de la hausse du Repo Rate à 4 % le 4 novembre 2022. Le comité de politique monétaire a de nouveau augmenté le taux directeur à 4,5 % le 14 décembre au grand dam des emprunteurs. C’est surtout ceux qui ont contracté un prêt sous un taux d’intérêt variable qui sont très touchés. En 2022, le taux directeur est passé de 2 % à 4,5 %.
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Un ménage qui avait contracté un prêt pour un logement, il y a quelques années, relate que le remboursement est devenu plus difficile en 2022. « Nous remboursons Rs 19 000 par mois et il nous reste plus de dix ans à payer. Notre banque nous a fait comprendre récemment que le remboursement mensuel allait augmenter par Rs 2 000, mais c’était avant la dernière révision du taux directeur. Ce qui veut dire que le montant va grimper davantage », déplore notre intervenant.
Le prêt-dépendance
Selon les données de la Banque de Maurice, à fin octobre 2022, l’endettement des ménages affichait un montant supérieur à Rs 140 milliards. À titre comparatif, la somme était estimée à Rs 125 milliards environ lors de la période correspondante en 2021.
Selon Sudesh Lallchand, la société mauricienne est passée d’une culture d’épargnant à une mode vie « show-off ». L’économiste dit comprendre l’état d’esprit des responsables politiques de faire à ce que le crédit devienne plus cher.
« Nous devons vivre avec modération, car les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine sont présents. Les gens vont désormais analyser leur salaire avant de contracter un prêt. Toutefois, il convient de souligner que les prix continuent de grimper et que les prêts sont indispensables dans certains cas », estime l’économiste.
Il est d’avis qu’il faille prendre en considération l’impact du taux directeur à 4,5 % sur l’échelle nationale dans six mois. À fin juin 2023, la situation risque d’empirer pour ceux qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts. Il y a eu de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux après l’augmentation du taux directeur. De nombreux emprunteurs s’indignent contre cette nouvelle difficulté qui influe sur le pouvoir d’achat. Car ils sont contraints de réajuster leur budget et surtout leurs dépenses.
« Bien que mon époux et moi travaillons, le budget mensuel est très serré avec nos deux enfants à charge. Notre fille envisage d’entamer des études à l’étranger. Avec le remboursement de notre prêt bancaire qui a augmenté, il nous est difficile de mettre de l’argent de côté. Il ne faut pas que le gouvernement nous fasse croire que la compensation salariale 2023 de Rs 1 000 est une faveur, car tous les prix ont drastiquement augmenté », poursuit notre intervenant.
Quelles solutions ?
Pour l’économiste Pierre Dinan, il convient de faire la distinction entre la politique monétaire et fiscale. Les emprunteurs vont souffrir, mais ce n’est pas du rôle de la politique monétaire de les protéger. « Les taux d’intérêt augmentent partout à travers le monde. Nous ne pouvons introduire le contrôle de change à Maurice au risque de voir les entreprises, particuliers et investisseurs placer leur argent ailleurs. Pour les emprunteurs, il y a ceux qui doivent réduire leur train de vie », argue Pierre Dinan.
Par contre, les épargnants qui ont mis leur dépôt sur un taux variable devraient bénéficier de la situation. Il explique que cela pourrait également inciter ceux qui ont un peu d’argent à épargner. Il ajoute qu’il faut venir de l’avant avec des aides ciblées. « Il y a des gens qui peuvent encore se serrer la ceinture, même si c’est désagréable, mais d’autres ne pourront plus le faire. »
De son côté, Sudesh Lallchand souligne la nécessité d’analyser le mandat de la Banque centrale notamment celui de la stabilité des prix. Il faut selon lui, voir si les hausses du taux directeur ont eu l’effet escompté.
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