Les Mauriciens sont de moins en moins nombreux à se marier, une tendance qui affecte les activités des prestataires de services de mariage. Quelle incidence sur leur chiffre d’affaires ? Que font-ils pour maintenir la tête hors de l’eau ? Tour d’horizon.
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Une tendance inquiétante se dessine pour les prestataires de services de mariage à Maurice : le nombre de mariages est en déclin. Selon les données récentes de Statistics Mauritius, le nombre de célébrations de mariages à Maurice et Rodrigues est passé de 9 558 en 2022 à 8 654 en 2023, ce qui représente une baisse de 9,5 %. Par conséquent, le taux brut de nuptialité, c’est-à-dire le nombre de personnes mariées sur 1 000 habitants au cours d’une année, a diminué de 15,1 à 13,7 sur cette période. Cette évolution a un impact significatif sur les activités des prestataires de services de mariage tels que les planificateurs, les décorateurs, les traiteurs, les photographes et les salles de réception, entre autres.
Salle de réception
Heena Syjadhur-Mohabeer, Managing Director de M.K.S Hall, explique que la demande est toujours présente, mais une baisse des revenus est constatée en raison de l’augmentation des coûts et surtout de la concurrence qui devient de plus en plus rude. « Il y a désormais un plus grand nombre de salles de mariage dans la région de l’Est, ce qui donne aux clients un plus grand choix et la possibilité de négocier les tarifs », dit-elle. Par ailleurs, elle observe que les mariages se font avec un nombre plus restreint d’invités par rapport aux années précédant la Covid-19. « En outre, les célébrations se font en deux jours seulement au lieu de quatre jours, comme c’était le cas auparavant », souligne-t-elle.
Sonorisation
Sailesh Lootooa, directeur de SL Audio Production, soutient que la baisse du nombre de mariages n’est pas la seule raison qui explique le déclin dans la demande. « C’est plutôt la concurrence sur le marché qui met en péril nos activités. De nos jours, il y a plusieurs prestataires qui offrent des services de sonorisation à des prix dérisoires mais qui n’assurent pas la qualité », déplore-t-il.
Maquillage
Le maquilleur Selvanen Rungen est catégorique : « Les mariées de nos jours optent pour le maquillage pour un ou deux jours seulement. Or, auparavant, il y avait plusieurs ‘fonctions’ lors de la célébration de mariage. » De ce fait, poursuit-il, les revenus sont en baisse. Par ailleurs, il soutient qu’avec la cherté de la vie, les clientes négocient les tarifs. « Du coup, je suis obligé d’ajuster les prix par rapport à leurs budgets. »
Photographie
Alors qu’Utam Kistna, photographe spécialisé dans les mariages, recevait quatre commandes par mois pendant la saison des mariages, actuellement il n’en reçoit que deux. « Par ailleurs, le nombre de jours de célébration de mariage a également été revu à la baisse », dit-il.
En effet, il affirme que les jeunes mariés préfèrent réduire les dépenses liées aux mariages et investir dans d’autres projets, comme la construction de leur maison, par exemple. Du coup, cela affecte sa profitabilité. « Par ailleurs, je dois élaborer plusieurs packages qui répondent aux besoins des clients. »
Adaptation des prestataires de services
Alors que les couples mauriciens optent de plus en plus pour des alternatives au mariage traditionnel, les entreprises du secteur doivent s’adapter pour maintenir leurs activités à flot. Pour se démarquer sur ce marché concurrentiel, M.K.S met l’accent sur l’amélioration de la qualité de ses prestations et sur l’expérience globale offerte aux clients. « Nous travaillons sur différents packages en fonction du budget du client », souligne Heena Syjadhur. Elle affirme également que l’entreprise n’est pas en mesure de baisser les prix en raison des coûts élevés. « De plus, il faut préserver le standard du service », dit-elle.
Pour se différencier, Selvanen Rungen se spécialise dans le maquillage de mariées tamoules. En outre, il se concentre davantage sur le marketing digital en renforçant sa présence sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, pour attirer les clientes potentielles. De plus, il travaille comme formateur à l’Iraaya Academy.
Pour sa part, le photographe Utam Kistna doit cumuler des petits travaux. Il se trouve dans l’obligation de trouver d’autres moyens pour se maintenir à flot. « Par exemple, j’offre désormais mes services de photographie pour les cérémonies religieuses », indique-t-il. Le directeur de SL Audio Production a, lui, mis le cap sur le « corporate », les concerts, les animations dans les hôtels, entre autres.
Siven Pareatumbee, directeur de Freshflora Malini Florist : « Baisse de 50 % dans la demande de fleurs pour les mariages »
Le directeur de Freshflora Malini Florist avance qu’après la COVID-19, la demande pour les fleurs naturelles pour les mariages n’a pas repris. « Déjà, la baisse du nombre de mariages explique la morosité. Par ailleurs, les salles de réception ainsi que les décorateurs utilisent de plus en plus de fleurs artificielles car elles sont moins coûteuses et plus durables pour eux », note Siven Pareatumbee. En conséquence, il note une baisse de 50 % de la demande pour les mariages par rapport à 2018. Par ailleurs, il fait comprendre qu’avec la concurrence, les prix ont été revus à la baisse. « Mais cela ne change rien. La demande reste toujours faible », déplore-t-il. Afin de maintenir ses activités, Siven Pareatumbee se tourne davantage vers les entreprises et les hôtels. « De plus, nous nous sommes lancés dans la vente de petites plantes décoratives », confie-t-il.
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