Cinquante-et-un pistolets à impulsion électrique ont été saisis, mercredi, par la police, à la CCID de Terre-Rouge. Interdits à Maurice, ces appareils sont pourtant importés et commercialisés dans l’île. Utilisé innocemment par des éleveurs de bétail, le « Taser » devient une arme redoutable entre les mains de criminels, voire de policiers aux méthodes douteuses, comme l’ont révélé des vidéos choquantes montrant des scènes de torture de suspects.
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Les pistolets à impulsion électrique, ou Taser (de l’ancien nom d’une entreprise qui les fabrique), sont sous le feu des projecteurs. Des policiers ont utilisé ces armes incapacitantes pour torturer des suspects, comme l’ont montré des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ces dernières semaines. La question reste de savoir comment des représentants de l’ordre ont pu être en possession de tels appareils, qui ne font pas partie de leur équipement réglementaire.
Le Taser est effectivement interdit à Maurice. Néanmoins, il est bien présent dans l’île, où il fait l’objet d’un commerce illégal. Mercredi, la police a confisqué 51 de ces armes non létales dans le cadre des investigations du Central Criminal Investigation Departement sur les affaires de torture. En 2018, ce sont 169 pistolets à impulsion électrique qui avaient été saisis : 138 chez deux habitants de Flacq par la défunte Anti-Robbery Squad et 31 au port par la douane dans un conteneur amené par un navire en provenance de Chine.
Un inspecteur de police explique que le trafic de Taser est rémunérateur. « Comme c’est interdit et qu’il y a une demande, les trafiquants peuvent se permettre de les vendre cher », dit-il. Selon diverses sources, le prix d’un appareil sur le marché noir local varie le plus souvent entre Rs 2 000 et Rs 5 000. En fonction de la qualité, de la puissance et de la marque, il peut cependant atteindre Rs 10 000. Les armes arriveraient à Maurice par bateau, cachées dans les cargaisons de produits divers importés par des commerçants.
Mais qui sont les clients ? En premier lieu, des éleveurs de bétail, qui utilisent le Taser pour diriger les animaux. « Quand on a 200 à 300 bêtes, cela facilite la tâche, par exemple pour faire entrer les animaux dans un camion », indique un spécialiste du domaine agricole.
Parmi la clientèle, il y a également des hommes d’affaires tout à fait respectables, des convoyeurs de fonds, des agents de sécurité et aussi des policiers. « Ils craignent pour leur sécurité. C’est un moyen d’autodéfense. Ils ne s’en servent pas pour attaquer des gens », précise une source policière. « Aussi longtemps que ce n’est pas utilisé à mauvais escient, ce n’est pas grave », ajoute notre interlocuteur.
Il n’en reste pas moins que le Taser est prohibé sur le territoire mauricien. Quand cette arme est saisie par les forces de l’ordre, la procédure veut qu’elle soit détruite une fois que l’affaire est classée. Mais est-elle scrupuleusement respectée ? « Ce sont les policiers eux-mêmes qui déclarent dans le registre combien de pistolets ils ont saisi. Ils peuvent très bien en saisir 50, mais n’en déclarer que 40 et garder les 10 autres pour eux », souligne notre source.
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