Sydney Pierre : l’effort, une vie

Parti de rien, Sydney Pierre a bâti sa vie sur la discipline, l’humilité et le sens du service. De Curepipe aux responsabilités ministérielles, il incarne une réussite fondée sur l’effort, les valeurs et la fidélité à soi-même.

Sydney Pierre, aujourd’hui ministre délégué au Tourisme, n’a jamais oublié ses racines. Né dans une famille modeste à Curepipe, il a connu les sacrifices, l’effort et la persévérance. Entre travail à l’hôtel après l’école, formation de nuit, et un rêve tenace de réussir, il a bâti sa vie à la force de ses valeurs. À 54 ans, père de quatre enfants et grand-père comblé, il incarne une réussite humble, humaine et profondément inspirante. Pour comprendre d’où lui vient cette force tranquille, il faut remonter aux ruelles de son enfance.

À Curepipe, les ruelles de l’époque résonnaient des cris d’enfants, des éclats de rire et parfois… des rêves silencieux. Parmi ces enfants, il y avait Sydney Pierre, un garçon à la démarche vive, le regard déterminé, et déjà cette envie de se dépasser. Sydney Pierre se souvient avec émotion d’une jeunesse où rien n’était acquis, mais où tout était possible pour celui qui croyait.

Élève au collège St Andrew’s, il jonglait entre les manuels scolaires et les uniformes d’hôtel. « Il fallait faire des efforts. Rien ne tombait du ciel. J’avais de bonnes notes, mais après les cours, un bus venait me chercher pour aller travailler à l’hôtel. Parfois, je ne voyais pas mes parents pendant deux semaines. J’étais hébergé à l’hôtel dans les abris réservés pour le personnel », raconte-t-il.

Il travaillait, se formait, observait. « Je voulais apprendre… pas seulement ce qu’on m’enseignait, mais aussi le travail des autres. J’étais curieux de tout. » Cette curiosité lui a permis de gravir chaque échelon dans l’hôtellerie, de l’accueil à la gestion, de la cuisine à la direction.

Il n’a jamais hésité à sortir de sa zone de confort. Il a travaillé en Asie, en Afrique, dans de nombreux établissements réputés, toujours fidèle à une rigueur personnelle impressionnante. Il se souvient de cette année où il a visité 32 pays. Un rythme effréné, mais choisi.

« Ma grand-mère disait que celui qui avait une tache de naissance au pied voyagerait beaucoup. Mes frères et moi nous cherchions une tache à nos pieds en espérant en trouver au moins une pour pouvoir espérer un jour prendre l’avion…Moi, j’avais la plus grosse tache. Je crois que c’est vrai », dit-il, amusé.

Servir autrement

Mais la réussite professionnelle n’a jamais suffi à Sydney Pierre. Depuis très jeune, à Curepipe et ailleurs, il était déjà engagé socialement. Il aidait, écoutait, organisait. Tendre la main à quelqu’un peut changer une vie ; il y croit profondément. Cette foi dans l’humain l’a naturellement amené vers la politique, non comme un plan de carrière, mais comme une extension logique de son engagement social. « Quand on peut aider sincèrement quelqu’un, on donne un sens à sa propre vie. »

En 2024, il tente sa chance à Stanley–Rose-Hill, dans la circonscription n°19. Coup d’essai, coup de maître : il est élu, porté par la confiance des habitants. Depuis, il assume pleinement ses fonctions de ministre délégué au Tourisme, tout en restant très présent dans sa circonscription. Il va à la rencontre des citoyens, écoute, analyse, cherche des solutions. « J’aime écouter. Et j’essaie, dans la mesure du possible, d’apporter une solution. Les gens ne veulent pas forcément des promesses. Ils veulent être entendus. »

Dans l’univers politique comme dans sa vie personnelle, Sydney Pierre aime la perfection. Il se lève à 4 heures du matin lorsqu’il travaille sur un projet important. « L’esprit est plus frais. Je suis plus concentré. J’avance mieux. » Cette discipline, il l’applique aussi dans sa vie familiale.

Père de quatre enfants, tous passionnés de musique – guitare, piano et violon –, il est également grand-père de quatre petits-enfants. Il parle d’eux avec une tendresse infinie. « Ils sont mon moteur. Quand je vais leur rendre visite, au premier instant et au premier cri de joie, tout prend son sens. »

Loin du cliché du politicien figé, Sydney Pierre est un homme de passions. Il aime la lecture, la musique, la cuisine… et ses deux chiots avec lesquels il aime passer du temps. En cuisine, son plat fétiche : un curry de poulet aux crevettes fraîches. « Un mélange d’intensité et de douceur. Comme la vie. »

Il chante, joue de la musique, et passe du temps en famille dès qu’il le peut. Pour lui, le bonheur ne se résume pas à des fonctions ou des titres. Il se construit dans les moments simples, partagés avec ceux qu’on aime.

Les joueurs préférés de ce supporter inconditionnel de Manchester United sont Cristiano Ronaldo et Ronaldinho – deux icônes, l’un pour sa discipline, l’autre pour sa créativité. Deux qualités que l’on retrouve chez Sydney Pierre : rigueur et imagination. Il ne se revendique d’aucune perfection, mais avance avec humilité, enraciné dans les valeurs reçues dès l’enfance : travail, respect, persévérance. Il le répète souvent : « Pour la vie, il faut vivre… et faire de son mieux pour réussir. »

Un message pour les jeunes

À ceux qui aujourd’hui doutent, hésitent ou baissent les bras, Sydney Pierre adresse le message suivant : « On peut venir de peu et aller très loin. Mais il faut croire. Travailler. Et toujours rester fidèle à ses valeurs. Le chemin est long, parfois dur… mais chaque pas en vaut la peine. »

À 54 ans, Sydney Pierre est l’exemple vivant d’une réussite bâtie sur la sueur, la foi, l’amour de l’autre. De son enfance modeste à Curepipe à ses fonctions actuelles, en passant par l’hôtellerie internationale, les nuits sans sommeil, les valises bouclées à la hâte et les cuisines d’hôtel brûlantes, il a toujours avancé avec le même cap : servir.

Et aujourd’hui encore, au lever du jour, quand il s’assoit à son bureau, une tasse de thé à la main et le regard tourné vers ses responsabilités, il reste ce petit garçon de Curepipe, plus précisément de Cité La Brasserie, qui voulait simplement « faire de son mieux ».

Ajagen Koomalen Rungen / Azeem Khodabux