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Suspension des mariages avec des étrangers : des couples dans l’attente

Yusuf Sooklall, consultant en affaires, dénonce la suspension des mariages civils entre Mauriciens et étrangers. Cette décision plonge de nombreux couples dans l’incertitude.

Depuis 2024, les Mauriciens qui souhaitent épouser un(e) ressortissant(e) étranger(ère), quelle que soit sa nationalité, se heurtent à une impasse. L’état civil répète inlassablement la même phrase : « les procédures ont été suspendues ». Et des centaines de couples restent en attente, sans perspective claire.

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Yusuf Sooklall, consultant et fondateur de Yaan General Consulting, vit lui-même ce casse-tête. Sollicité par un Mauricien travaillant dans une grande entreprise à Dubaï, il avait entamé les démarches nécessaires pour organiser son mariage civil avec une jeune collègue indienne. « Il y a quelques mois, ce client m’a contacté pour l’accompagner. Il m’a envoyé tous ses documents ainsi que ceux de sa future épouse. Tout était en règle. Le couple avait même planifié son voyage à Maurice pour septembre, convaincu de pouvoir célébrer leur union », raconte-t-il.

Mais arrivé au bureau de l’état civil à Port-Louis, Yusuf Sooklall s’est vu signifier que ces mariages ne sont plus possibles. « Les préposés m’ont expliqué que la procédure avait été suspendue en attendant un amendement de la loi. Depuis, je n’ai pas eu d’autre choix que d’informer mon client que son mariage ne pouvait pas avoir lieu », indique-t-il.

Comme ce jeune expatrié, des dizaines d’autres Mauriciens voient leurs projets de vie suspendus. Certains ont déjà acheté leurs billets d’avion ou réservé des salles de réception, avant d’être confrontés à une administration paralysée.

Un porte-parole du Prime Minister’s Office (PMO) confirme que cette suspension ne date pas d’hier. « Il s’agit d’une décision héritée de l’ancien régime », assure-t-il. Il précise toutefois que le bureau de l’Attorney General travaille actuellement sur des amendements destinés à rétablir la situation. 

Pour Me Parvez Dookhy, avocat spécialisé en droit constitutionnel, le PMO agit en dehors de ses prérogatives. « Le droit au mariage fait partie de notre Constitution. L’article 24 est clair : un Mauricien peut épouser une personne de nationalité étrangère. Suspendre les procédures, c’est priver les citoyens de ce droit fondamental et c’est créer une discrimination », explique-t-il.

S’il reconnaît que les mariages blancs existent — certains pouvant être contractés dans le seul but d’obtenir une nationalité ou des avantages administratifs — Me Dookhy insiste sur la méthode. « Pour éviter ces abus, il faut mettre en place des paramètres, vérifier la communauté de vie, les revenus, la sincérité du couple. Mais suspendre toute la procédure n’est pas la solution. Une telle décision viole directement la Constitution. Je pense que l’Attorney General en est conscient et j’espère qu’il y aura un heureux dénouement rapidement. »
 

 

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