
Le ministère du Travail accuse la Banque de Maurice d’avoir enfreint la loi en suspendant Chidanand Rughoobar, mais l’institution se défend, rappelant que l’employé fait actuellement l’objet de deux procédures disciplinaires.
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La Banque de Maurice (BoM) rejette fermement les allégations selon lesquelles elle aurait pris des mesures punitives à l’encontre de son employé, Chidanand Rughoobar, en raison de son statut de syndicaliste. Dans un communiqué publié ce mercredi 27 août, elle affirme avoir agi en totale conformité avec la loi, dans le respect des délais réglementaires et des dispositions prévues par ses « Terms and Conditions of Employment. »
La BoM tient à préciser que Chidanand Rughoobar, président de la Bank of Mauritius Employees Union, fait actuellement l’objet de deux procédures disciplinaires : (1) pour avoir contrevenu au paragraphe 2.2.32 des « Terms and Conditions of Employment » en ne signalant pas, sans délai, les circonstances complètes de son arrestation, de sa détention et de l’accusation provisoire de « rogue and vagabond » à son encontre ; (2) conformément au paragraphe 2.2.48, il est suspendu de ses fonctions en attendant l’issue de l’enquête policière.
Tout a commencé le 13 juillet. Selon la BoM, ce jour-là, Chidanand Rughoobar, un analyste, est arrêté et placé en détention pour avoir proféré des propos obscènes à l’encontre d’un agent de police dans un lieu public. Il a comparu le jour même devant la Week-end Court et a été libéré sous condition de se présenter le lendemain devant la cour de district de Grand-Port. Le 14 juillet, une accusation provisoire de « rogue and vagabond » est retenue contre lui. Il est libéré sous caution et sommé de se représenter devant la Cour le 4 décembre 2025.
Demande d’explication
Le 16 juillet, Chidanand Rughoobar a informé la BoM de sa comparution devant la cour en lien avec un incident survenu le 13 juillet au poste de police de Mahébourg. « Le même jour, la BoM lui a demandé des éclaircissements sur les circonstances de cette affaire, conformément à ses conditions d’emploi. À ce jour, Chidanand Rughoobar n’a toujours pas fourni les détails requis », indique la Banque centrale dans son communiqué.
Le 21 juillet, la BoM dit avoir écrit à la police pour obtenir les précisions nécessaires sur la nature de l’incident et les accusations retenues contre Chidanand Rughoobar. La BoM aurait aussi écrit à la cour de district de Grand-Port, le 25 juillet, pour obtenir une copie dans l’affaire Police vs Chidanand Rughoobar [CN 1276/2025 - Rogue and Vagabond]. Le 31 juillet, la police a fourni les informations demandées à la BoM. Le 8 août, la BoM a écrit à Chidanand Rughoobar pour lui demander de justifier, sous 10 jours, pourquoi aucune mesure disciplinaire ne devrait être engagée à son encontre pour avoir manqué à son obligation de signaler, sans délai, les circonstances complètes de son arrestation, comme prévu dans les « Terms and Conditions of Employment » de la BoM.
Le 14 août un officier du ministère du Travail s’est rendu à la BoM après une plainte formulée par Chidanand Rughoobar. Le 15 août, l’avocat du principal concerné a adressé une correspondance à la BoM pour demander une copie de la lettre de la police et du règlement interne prétendument enfreint. « Il a également sollicité un délai supplémentaire pour répondre à la demande d’explication », indique la BoM.
Le 21 août, une réunion s’est tenue à la Commission de conciliation et de médiation, à la demande du ministère. « Chidanand Rughoobar était accompagné de son avocat et de son représentant syndical, Narendranath Gopee. Son avocat a demandé l’abandon de la procédure disciplinaire. Le représentant de la BoM a refusé de suspendre la procédure, mais a présenté à l’avocat et au représentant syndical la lettre officielle émanant de la police. Une nouvelle réunion a été fixée au 1er septembre pour faire le point sur les avancées », indique la BoM.
Délai supplémentaire
Dans l’après-midi du même jour, la BoM a reçu les copies des dossiers judiciaires émanant de la Week-end Court et de la cour de district de Grand-Port. « Ces documents, attendus depuis plusieurs semaines, doivent permettre à la BoM de décider si Chidanand Rughoobar doit être suspendu de ses fonctions dans l’attente de l’issue de l’enquête policière », explique la banque.
Le 25 août, la Banque de Maurice a accordé à Chidanand Rughoobar un délai supplémentaire de 10 jours pour répondre à la lettre de demande d’explication (show cause letter). Le même jour, dans l’après-midi, après avoir consulté les dossiers judiciaires et les documents afférents, la BoM a pris la décision de lui interdire, avec effet immédiat, d’exercer ses fonctions d’analyste.
À savoir que Chidanand Rughoobar dira avoir informé son employeur de l’existence d’une accusation provisoire de « rogue and vagabond » déposée contre lui et ne pas comprendre en quoi celle-ci justifie
sa mise à l’écart.

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