Faits Divers

Suspecté de vol de légumes : un maçon agressé à coup de manche de pioche

Ils en avaient assez de se faire voler des légumes, si durement cultivés. Pendant cinq jours de suite, Farad (prénom fictif), 50 ans et deux autres planteurs ont monté la garde. Lundi, ils ont pris les malfrats la main dans le sac.

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Farad et ses amis ont surpris deux hommes en train de rôder aux abords de leurs champs. L'un est parvenu à s'enfuir, alors que le second a eu moins de chance. L'intrus, un maçon de 26 ans, s'est retrouvé face aux trois planteurs. Le jeune homme a été agressé à coup de manche de pioche. Il a eu les deux bras et une jambe fracturés. Le blessé qui clame son innocence est actuellement hospitalisé. Les agresseurs ont été interpellés et traduits au tribunal sous une accusation d’agression avec préméditation.

« C'est notre seul moyen de subsistance », nous précise Farad. Ce père de famille explique que le pillage de leurs champs dure depuis de nombreuses années. « Cela fait deux à trois ans que nous subissons des pertes pour vol. Certains coupables ont été arrêtés alors que d'autres sévissent toujours », ajoute-t-il.

Le 24 mai dernier, leurs champs avaient une nouvelle fois été pillés. « Les voleurs ont emporté des piments, des aubergines, des poivrons et des féculents (communément appelés arouilles violettes), entre autres »,  raconte Farad. Les vols ont continué. « So zedi, vandredi, samdi, dimans, tou sa zour-la voler inn pase », se désole le planteur. À bout de patience, les victimes ont décidé de monter la garde. « Lundi, je suis allé prêter main forte à mes amis pour veiller à ce qu'il n'y ait plus d’autre intrusion. Mo ti panse personn pa pou vini », explique Farad.

«Tap dan lipie pou pa kapav sove»

Mais vers 1 h 30, leur garde s'est révélée payante. « Nous avons vu deux personnes pénétrer dans la plantation. Nous nous sommes rués vers eux », relate ce dernier.

« Mo ti fini dir tap dan lipie pou pa kapav sove », ajoute-t-il. L'un des intrus est parvenu à prendre la fuite. Le second a lui aussi tenté de mettre les voiles, mais il a été rattrapé par les planteurs. « Monn tap li kout la mans pioss. Li finn sey sove ».

Les trois hommes se sont alors lancés à sa poursuite. « Linn tombe apre linn releve. Li rant dan enn bwa ». L'intrus aurait alors essayé de se cacher, mais sans succès. « Nou inn resi gayn li. Un de mes amis l'a cogné jusqu'à ce qu'il perde connaissance. » Les trois ont ensuite informé la police. Les limiers de la Criminal Investigation Division de Trou-aux-Biches sont venus sur place. Ils ont retrouvé un sac rempli de féculents sur les lieux.

Il s'avère que le présumé pilleur est un maçon habitant Petite-Rivière. Très amoché, il a été conduit à l'hôpital du Nord avant d’être transféré à l'hôpital Dr A.G. Jeetoo, à Port-Louis. Rencontré sur son lit d'hôpital, le jeune homme, qui peine à parler, soutient que ses agresseurs se sont trompés de personne. « Mo pann kokin mwa », lâche-t-il avec difficulté.

« Monn al travay. Monn fini tar. Mo ti pe all kot enn fami. Mo ti tousel. Bann dimoun inn antour mwa. Zot inn koumans batt mwa. Ena ti ena sab », nous relate-t-il avec peine. Il avait les bras, le pied droit et la cheville gauche bandés. Il a du mal à se mouvoir. Les limiers de la police criminelle attendent qu'il se rétablisse pour pouvoir tirer cette affaire au clair.

Les proches du jeune homme sont « outrés ». « Il ne peut avoir commis ce vol. Il avait prévenu qu'il se rendait chez un proche. Nous ne comprenons pas pourquoi il irait voler. On cherche à lui faire porter le chapeau », lâche une de ses tantes.

Dans le sillage de cette agression, la police de Trou-aux-Biches a procédé, mercredi, à l'arrestation de Farad et de son ami. Les deux hommes ont donné leur version des faits. Ils ont été inculpés devant la cour de Pamplemousses d’une charge provisoire d'agression avec préméditation.

 

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