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Sushil Khushiram : «Une intervention gouvernementale mal conçue peut nuire à la société» 

Sushil Khushiram aux côtés de l’économiste Eric Ng à l’occasion du lancement du livre de ce dernier.

Sushil Khushiram estime que le conflit actuel entre le gouvernement et les entreprises sur les augmentations salariales illustre le manque de reconnaissance qu’un pays ne peut pas continuer à vivre au-dessus de ses moyens. L’économiste et ancien ministre intervenait mardi au lancement du livre d’Eric Ng intitulé « Penser comme un économiste ». 

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Un système de marché libre ne produit pas toujours des résultats équitables. C’est ce qu’a déclaré Sushil Khushiram, lors du lancement du nouveau livre d’Eric Ng intitulé « Penser comme un économiste » dans la soirée du mardi 24 septembre, à l’hôtel Hennessy Park, à Ébène. L’économiste et ancien ministre a expliqué que tout le monde n’en bénéficie pas dans la même mesure – ceux qui prennent de plus grands risques obtiennent généralement une récompense plus élevée, parfois de manière disproportionnée.

 « Il y a aussi la prévalence de distorsions de marché et même d’échecs de marché, nécessitant l’intervention du gouvernement », a-t-il fait comprendre. Cependant, a-t-il précisé, « une intervention gouvernementale mal conçue ou excessive pour corriger le fonctionnement des marchés peut accentuer les distorsions et nuire à l’ensemble de la société ». Il a avancé que les salaires minimums plus élevés imposés par le gouvernement sonnent comme de la musique aux oreilles, en promettant d’améliorer le niveau de vie des travailleurs. « Mais cela aboutit souvent à des résultats négatifs », a-t-il prévenu. 

L’économiste est d’avis que les augmentations salariales supérieures aux gains de productivité se traduiront par des licenciements ou des non-embauches dans les entreprises privées, en particulier les PME, et par des prix plus élevés pour tout le monde. Selon lui, une chose est claire : « Le conflit actuel entre le gouvernement et les entreprises sur des augmentations salariales substantielles illustre bien le manque de reconnaissance qu’un pays ne peut pas continuer à vivre au-dessus de ses moyens. » 

Risque du contrôle des prix 

Autre exemple : il estime que le contrôle des prix pour rendre les biens abordables peut mal tourner si les prix sont fixés en dessous des coûts de production, ce qui entraîne des pénuries. « La récente tentative du gouvernement de contrôler la marge sur les produits pharmaceutiques a été associée à une augmentation des pénuries. Les tarifs douaniers et les restrictions à l’importation sont préconisés pour décourager les importations et encourager la production nationale ainsi que l’autosuffisance, mais ils entraînent également une augmentation des prix pour le consommateur », a-t-il fait comprendre. 

Selon l’ancien ministre, les hausses des pensions de retraite de base augmentent le déficit budgétaire et la dette à des niveaux insoutenables, entraînant une détérioration du déficit extérieur, une dépréciation de la roupie ainsi qu’une inflation. « Le financement des déficits budgétaires, ou des aides au secteur privé, par l’impression de monnaie par la banque centrale ne fait qu’aggraver l’inflation. Bien que nos aînés soient sans aucun doute satisfaits de leurs chèques de pension plus importants, les prestations de retraite futures seront beaucoup réduites en termes réels », a-t-il soutenu. 

Sushil Khushiram a fait ressortir que le fonds national de pension, qui était un programme autofinancé, était déjà voué à l’insolvabilité, avant même son remplacement par la Contribution sociale généralisée, collectée par le gouvernement. « Le système de sécurité sociale est désormais dans un état pire, avec une population vieillissante et en déclin. Les fonds de pension des organismes publics montrent également des déficits énormes », a-t-il déploré. 

Il a ajouté que des mesures d’ajustement futures sont inévitables, allant de taux de CSG plus élevés à un relèvement de l’âge de la retraite, ou à des prestations réduites. En outre, il est d’avis que la récente annonce de l’exonération des intérêts, financée par l’État, sur les prêts bancaires immobiliers pour les jeunes ajoute encore à rendre le fardeau fiscal insoutenable. « De plus, cette mesure exercera une pression à la hausse sur les prix des terrains et des biens immobiliers, à mesure que la demande augmentera, compensant ainsi en partie l’avantage des intérêts », a-t-il fait ressortir. 

Extraits du discours d’Eric Ng à l’occasion du lancement de son nouveau livre 

« Les économistes souffrent du nombrilisme de leurs concitoyens. Dans une île loin des centres du monde, nous ne sommes pas exposés à leurs nouvelles économiques : même la récente baisse du taux directeur de la Fed n’a pas fait la une ici. Pour cela, il faudra que se déclenche une crise boursière ou pétrolière. Et l’on reprochera ensuite aux économistes de ne l’avoir pas vu venir… »

« La presse, les partis politiques et les groupes de pression ont une influence beaucoup plus forte sur les citoyens que les économistes. Pourtant, chacun, sans le savoir, a l’esprit préoccupé par les principes économiques. La science économique concerne tout le monde, car elle s’attaque aux problèmes fondamentaux de la société. Aux économistes de se montrer pertinents. »  

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