Lorsque son mari est décédé, Nelly s’est retrouvée seule avec ses deux enfants. Elle perçoit certes une pension de veuve, mais celle-ci est engloutie par le loyer. La jeune femme, qui a travaillé dans une usine et un centre d’appels, est aujourd’hui sans emploi et peine à subvenir aux besoins des siens. Pour « gagn enn biye fasilman », elle vend son corps.
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Il est 1 h 35. En sillonnant les rues de Rose-Hill, nous tombons sur une femme vêtue d’une mini-jupe et d’un haut doté d’un maxi décolleté, le tout agrémenté d’un chemisier léopard. Pour appâter les clients, elle a un lourd maquillage. Ce dernier camoufle toutefois maladroitement son visage amoché, sans doute des suites de multiples agressions. Elle a des boursouflures sous les yeux et les traits tirés.
Nous tentons une approche. Elle est visiblement sur la défensive et hésite à nous répondre. Mais en découvrant nos intentions, Nelly, 28 ans, (prénom modifié) finit par accepter un brin de causette, dans ce lieu lugubre où elle fait le tapin. Elle nous conte son métier de travailleuse du sexe. Elle parle d’abord de ses honoraires : plus de clients rime avec joli pactole.
Le revers de la médaille : au moindre faux pas, elle risque une mort violente. « Ek sa travay-la, kapav sorti lakaz ek pa retournn zame. » Des agressions, elle en subit, surtout lorsqu’elle tombe sur de mauvais payeurs. C’est la raison pour laquelle elle demande à être payée avant d’offrir ses services au prix de Rs 1 500 la passe. Elle précise que les tarifs varient en fonction de ce que recherchent ses clients.
Nelly est consciente des risques qu’elle court : maltraitance, agressions, menaces, coups et blessures. Mais elle l’exerce par obligation. Récemment, un client a tenté de l’étrangler. Elle explique que l’homme en question l’a agressée, car il voulait reprendre son argent. Nelly doit son salut à la solidarité des autres travailleurs du sexe du quartier.
« Personn pa pou donn mo bann zanfan manze. Mo fer sa travay-la pou gagn enn biye fasilman. » La jeune femme a commencé à se prostituer il y a deux ans, après le décès de son mari Raj (34 ans), qui n’a pas survécu à une infection. Elle s’est retrouvée seule à élever ses deux enfants qui sont en Form I et en Grade 6.
Aide financière
Étant veuve, Nelly perçoit une pension de l’État mais la totalité de la somme qu’elle reçoit sert à payer le loyer. Mais elle est sans emploi. La jeune femme, qui a étudié jusqu’à la Form IV, a déjà travaillé dans une usine ou encore dans un centre d’appels. Mais elle est aujourd’hui au chômage.
Impossible pour elle d’obtenir de l’aide financière de ses proches, vu qu’elle a perdu ses parents alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle a pris soin de son petit frère mais ce dernier a été emporté par la maladie. La jeune femme a ensuite épousé Rajen.
Aujourd’hui, elle se retrouve seule avec ses enfants et des dettes. Elle a vu en la prostitution un moyen de se faire de l’argent pour survivre. « Je fais ce genre de choses pour nourrir mes enfants et leur offrir leur matériel scolaire. L’argent que je gagne sert aussi à subvenir à d’autres besoins », explique Nelly. Livrée à elle-même, elle vend son corps en attendant des jours meilleurs. Elle avoue qu’il lui arrive parfois de rentrer bredouille, mais elle se remet en selle le lendemain, dans l’espoir de ramener de l’argent.
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