La Beach Authority avait annoncé qu’elle envisageait de demander aux campeurs de verser un dépôt de Rs 3 000 et de réserver l’espace de plage choisi 21 jours à l’avance. Face au tollé que cela a suscité et après l’intervention du gouvernement, l’organisme a revu ses intentions.
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La Beach Authority comptait demander aux campeurs de réserver leur espace de plage 21 jours à l’avance en sus de verser un dépôt de Rs 3 000. Mais l’organisme s’est ravisé et a décidé de faire machine arrière.
Pourtant, la Beach Authority soutient que le fait d’informer l’organisme au préalable et de s’acquitter d’un montant pour pouvoir camper sur les plages est déjà inscrit dans la Beach Authority Act depuis 2004. La clause 6 stipule que l’autorité peut demander « le paiement d’un dépôt de Rs 3 000 » et le paiement « d’un montant quotidien de Rs 1 000 ».
« C’est déjà dans la loi mais on ne l’a jamais appliqué. Vu le tollé que cela a soulevé, on attend que la situation se décante afin d’avoir une rencontre avec le ministère de l’Environnement pour décider de la marche à suivre », confie-t-on à la Beach Authority.
Le ministre de l’Environnement Étienne Sinatambou et son collègue vice-Premier ministre et ministre du Logement et des Terres Showkutally Soodhun ont déjà donné le ton. « Pas question de faire payer les campeurs », a lancé le premier nommé, mardi, lors d’une réunion du comité ministériel sur le nettoyage du pays. Il a été rejoint dans ses propos par Showkutally Soodhun qui a argué qu’il n’est pas « possible de faire les gens réserver 21 jours à l’avance ».
Le Beach Management Plan, attendu la semaine prochaine, comprend des recommandations sur les mesures à prendre pour qu’il y ait plus d’ordre sur les plages. Il propose d’embellir Mont-Choisy, Flic-en-Flac, Pereybère, Belle-Mare, Anse-la-Raie et La Prairie, et de les doter d’infrastructures sportives, ainsi que d’espaces de détente et de camping.
Plus de Rs 2 millions de revenus annuels pour la Beach Authority
Les activités commerciales sur les plages sont une manne financière pour la Beach Authority (BA) qui régule nos plages. Au total, 386 opérateurs y sont enregistrés. Ce qui représente des revenus annuels de plus Rs 2 millions.
Parmi ces opérateurs, l’on compte 12 types de commerce qui tombent dans deux catégories. La première est celle de Class 1, dont les frais de licence annuels s’élèvent à Rs 5 000. Les commerces tombant dans cette catégorie sont « selling of coconuts, fruits, ice cream and lollies, cooked food, dholl puri, and cakes, non-alcoholic beverages and juices, pre-packed snacks, confectionary and other canned foods ».
La deuxième catégorie, dite Class 2, regroupe des commerces dont les frais de licence s’élèvent, en moyenne, à Rs 1 000 par mois. Elle regroupe des « renting of matresses and umbrellas, selling of ready-made garments, handicraft, artisanal and fancy products ». Il faut faire ressortir qu’en ce qui concerne les commerces de loueurs de transats et de parasols, le tarif est spécial, car il faut s’acquitter de frais de licence de Rs 1 000 par an pour chaque transat loué.
Au niveau de la BA, l’on recense une vingtaine de loueurs de transats. C’est essentiellement dans le Nord qu’ils sont concentrés et un opérateur possède, en moyenne, une dizaine de transats. De ce fait, tous ces tarifs provenant des commerces de plages permettent à la BA de générer quelque Rs 2 millions de revenus par an.
45,3 km de plages publiques sur 177 km de côte
Selon le ministre de l’Environnement Étienne Sinatambou, Maurice compte 122 plages publiques recouvrant 45,3 kilomètres (km) de front de mer sur les 177 km de côte que l’île. Il participait à un atelier de travail sur la réhabilitation des zones côtières. Le ministre a aussi fait ressortir que sur les 104 hôtels enregistrés, 86 sont face à la mer. C’est le district de Rivière-Noire qui compte le plus de plages publiques avec 28 sites et Port-Louis le moins, avec deux sites seulement. Les trois plus grandes plages sont Pointe-Cassis Morne Village avec 1 940 mètres de front de mer, Flic-en-Flac avec 1 795 mètres, suivie de Rivière-des-Galets avec 1 530 mètres. Les plus petites sont Poste-Lafayette avec 30 mètres de front de mer, Pointe-aux-Piments avec 40 mètres, suivie de Vieux-Grand-Port avec 59 mètres.
Vel Gouden de « Aret Kokin Nou Laplaz » : «Le gouvernement doit aménager des espaces de camping»
Comment voyez-vous l’invasion des plages par des commerçants ?
Je vois cette situation d’une autre façon. Je ne suis pas du même avis que Showkutally Soodhun lorsqu’il dit qu’il faut mettre de l’ordre sur les plages en enlevant les transats. C’est un petit business pratiqué, pour la plupart, par des gens de condition modeste. La majeure partie des recettes du tourisme va dans les poches d’un seul type de personnes. Il y a un phénomène qui fait que les plages sont petites et accueillent difficilement les commerçants et le public. Nos plages se rapetissent alors qu’une grande partie est offerte aux villas et autres hôtels.
Faisons abstraction des hôtels et des villas… La dispute pour une place entre les marchands et le public ne pose pas problème ?
Il faut réglementer le commerce sur les plages mais il faut aussi laisser les gens gagner leur vie. N’oublions pas que de très gros commerces obtiennent les meilleures portions de plage alors que le petit loueur de transats se fait chasser. De l’ordre, on en a besoin mais il faut permettre aux Mauriciens de profiter d’une part des recettes touristiques nationales. Ce sont toujours les mêmes gens qui empochent la recette du tourisme mais toutes les plages doivent être accessibles à tous.
Votre avis sur la polémique autour du camping ?
On ne peut pas demander aux Mauriciens de payer pour camper sur ses plages. Il faut aménager des espaces pour les campeurs. Le gouvernement doit les aménager des avec des aménités aussi élémentaires que nécessaires. Il y en a qu’on peut exploiter. Entre L’Escalier et Gris-Gris, se trouve une belle portion du littoral dont l’accès est bloqué par des propriétés privées. Le gouvernement doit en ouvrir l’accès et y installer des zones de camping.
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