Interview

Sunil Bholah : « La Smeda est tombée dans une léthargie inacceptable »

Pour le ministre des Affaires, de l’Entreprise et des Coopératives, l’avenir des petits et moyens entrepreneurs passe par l’exportation de leurs produits.

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Il égratigne de nouveau la Small and Medium Enterprises Development Authority (Smeda) et espère que sa fusion avec Enterprise Mauritius lui insufflera un nouveau dynamisme.

Cette semaine, la Smeda a organisé un atelier de travail pour initier les petits et moyens entrepreneurs à l’exportation de leurs produits. Quels sont les produits pouvant être exportés ?
Il y a les chaussures, la bijouterie, les meubles, les fruits, les légumes ainsi que le textile et l’habillement. On a constaté qu’il y a plusieurs petits et moyens entrepreneurs qui, pour une raison ou une autre, n’ont jamais exporté leurs produits et ce, bien qu’ils soient de bonne qualité. Ils ne se fient qu’au marché local qui est restreint. Ils sont aussi confrontés à la rude concurrence exercée par des produits importés.

Donc, si l’on veut promouvoir le secteur, il faut impérativement encourager les petites et moyennes entreprises (PME) à exporter leurs produits si elles en ont le potentiel. C’est dans ce but que nous avons organisé cet atelier de travail.

Nous allons maintenant travailler sur un plan pour les aider à écouler leurs produits sur le marché international. Bien sûr, ils doivent respecter les normes internationales. Nous devons produire de la qualité pour non seulement pouvoir remplacer les produits importés, mais aussi en exporter. Nous allons aider sur le plan marketing, la formation et le packaging, entre autres.

Des petits entrepreneurs se plaignent toujours qu’il leur est difficile d’obtenir des prêts bancaires, faute de pouvoir offrir des garanties en retour…
Les PME peuvent tirer avantage des facilités qui sont offertes par la MauBank et la Banque de développement. Elles peuvent aussi se tourner vers les banques commerciales pour obtenir des prêts qui sont garantis à 40 % par le gouvernement. Bien sûr, les institutions bancaires exigent une garantie, même si elle est minime. C’est une règle qui est appliquée dans tous les pays.

Cela dit, leurs problèmes ne se limitent pas qu’à l’aspect financier. Des petits entrepreneurs accusent un retard considérable en matière de technologie. Or, ils doivent s’y intéresser s’ils souhaitent s’améliorer et diminuer leurs coûts de production. Il y a aussi un manque d’ouvriers qualifiés à Maurice, notamment des menuisiers. Pour les aider à moderniser leurs équipements, le gouvernement a annoncé le Leasing Equipment Modernisation Scheme dans le dernier Budget.

Les petites entreprises, qui sont bien établies et dont la vente des produits est assurée, peuvent aussi tirer avantage de l’affacturage (factoring) introduit dans le Budget, c’est-à-dire qu’elles peuvent céder une créance à un établissement financier, qui, en retour, verse à l’entreprise une partie du montant des factures cédées.

Tout récemment, vous avez exprimé votre irritation face à la Smeda. Pourquoi ?
Je regrette de le dire. Cet organisme de soutien aux PME est tombé dans une léthargie inacceptable depuis des années. À tel point que depuis une année, je ne cesse de réclamer un changement de mentalité de son personnel. Une étude faite par l’Office Public Sector Governance datant de 2013 a recommandé que 70 % des officiers soient sur le terrain et 30 % dans  l’administration. Mais force est de constater que 100 % des employés restent au bureau.

La Smeda ne peut se contenter d’organiser des ateliers et des cours de formation, et de dire qu’elle travaille pour les petits et moyens entrepreneurs. Les officiers de la Smeda doivent être sur le terrain pour faire un constat visuel et proposer un plan d’aide aux PME. Pour l’instant, je ne suis pas du tout satisfait de cet organisme. J’espère que la fusion avec Enterprise Mauritius insufflera un nouveau  dynamisme à la Smeda.

 

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