En résumant les débats sur le Budget, le Premier ministre et ministre des Finances, a fait le procès du Mouvement militant mauricien (MMM), lundi. Il est revenu sur toute la controverse entourant les Special Reserve Funds de la Banque centrale, taclant au passage l’ancien Gouverneur, Ramesh Basant Roi.
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Entre Pravind Jugnauth et Paul Bérenger c’est, semble-t-il, le point de non-retour. Le discours prononcé, lundi, par le chef du gouvernement, en résumant les débats sur le Budget, a une nouvelle fois démontré que Pravind Jugnauth n’est pas loin de faire un trait sur la cassure survenue en 2004 entre le Mouvement socialiste militant (MSM) et le MMM. Ce parti et son leader, Paul Bérenger, ont eu droit à une série d’attaques et de moqueries. « Le MMM a subi un désastre à multiples dimensions », a-t-il déclaré. Revenant sur l’épisode 2014 qui a été suivi d’une alliance entre le Parti travailliste (PTr) et le MMM, le Premier ministre n’a également pas manqué de parler de la fermeture du Parlement pendant plusieurs mois. « Dans quelle démocratie a-t-on vu un leader de l’opposition comploter avec le Premier ministre pour fermer le Parlement avant de contracter une alliance ? » s’est-il demandé.
Les performances électorales du MMM ont également été mises en exergue. « En 2000, le MMM avait 29 députés, en 2005, il en avait 11. En 2010, il avait fait élire 19 députés et 12 en 2014. La défaite de 120-0 aux élections municipales a aussi été évoquée. Aujourd’hui, le MMM n’a plus que six députés et lors de la partielle de 2017, à Belle-Rose/Quatre-Bornes, ce parti a obtenu moins de 15 % des votes. Le MMM se retrouve aujourd’hui avec un fan club », a-t-il également déclaré.
Pravind Jugnauth avance que « les militants ont aujourd’hui perdu tout espoir et l’avenir ce n’est pas avec le MMM. » Il s’est cependant montré fort élogieux à l’égard du Deputy Prime Minister, Ivan Collendavelloo, qui dit-il, a eu le courage de claquer la porte du MMM en 2014. « Le flambeau du vrai militantisme se trouve de ce côté de la Chambre », a-t-il soutenu.
Évoquant l’élection partielle à Piton/Rivière-du-Rempart (no 7), le chef du gouvernement a tenu à répondre au leader des Mauves qui avait, lors d’une conférence de presse, accusé le Premier ministre de faire preuve d’un manque de respect envers la population. « Quel Premier ministre va dire ce qu’il compte faire ou pas ou annoncer en avance la date des élections. Ce que je peux dire, c’est que nous sommes en train de respecter la loi. La date de la partielle a été fixée et en ce qui concerne celle des élections générales, elle sera fixée en vertu de ce que la Constitution nous le permet », a-t-il ajouté.
Clash avec Shakeel Mohamed
Le discours du Premier ministre a été marqué par un virulent duel l’opposant au député de l’opposition, Shakeel Mohamed. Commentant le discours prononcé il y a quelques jours, au Parlement, par le député rouge, Pravind Jugnauth l’a accusé d’avoir tenu un discours à « relent communal ». Une remarque contestée par le député Mohamed, qui a exigé que le Premier ministre retire ses propos. Pravind Jugnauth qui a refusé d’obtempérer, s’est, par la suite, fait traiter de « raciste » par le député de la circonscription No 3 (Port-Louis Maritime/Port-Louis Est). Une remarque qui n’a pas manqué de provoquer un véritable brouhaha, forçant la Speaker Maya Hanoomanjee à demander au député de retirer ses propos. « I withdraw and you should learn from me », a alors lancé Shakeel Mohamed.
Les réserves de la BoM
Le résumé des débats a aussi été l’occasion pour le Premier ministre et ministre des Finances de revenir sur sa décision d’utiliser les réserves de la Banque de Maurice pour rembourser la dette publique. Pravind Jugnauth a rappelé qu’en 2011, au temps où l’actuel leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, était ministre des Finances, Rs 1 milliard avaient été transférées des Special Reserve Funds « to the credit of the Accountant General’s bank account with the Bank of Mauritius ».
De plus en 2004, dit-il, lorsque la New Bank of Mauritius Act avait été introduite, un montant d’environ Rs 13 milliards « standing to the former Foreign Exchange Rate Fluctuations Reserve was legally deemed realized and transferred to the Special Reserve Fund » Il a de plus assuré qu’il est la dernière personne « qui tenterait de mettre en danger la stabilité financière de la Banque de Maurice ».
Le Premier ministre a également annoncé que l’amendement de la Bank of Mauritius Act prendra en compte trois priorités avant d’autoriser l’utilisation des Special Reserve Funds. D’abord, augmenter le montant payé « as capital of the Bank », deuxièmement, « meet the cost of monetary policy operations » et troisièmement, « meet repayment of central Government external debt obligations. » Il a souligné le fait que les guidelines du Fonds monétaire international selon lesquels les réserves en devises étrangères ont pour but d’aider le gouvernement « in meeting its foreign exchange needs and external debt obligations ».
Pravind Jugnauth a expliqué qu’en 2002, la BoM avait réalisé des profits de Rs 1,2 milliard et, pourtant un montant de Rs 1,5 milliard avait été payé au gouvernement. Un exercice quasi similaire avait été réalisé en 2003, alors que Ramesh Basant Roi occupait le poste de Gouverneur de la BoM. « Était-ce alors un hold-up de la Banque de Maurice, ou est-ce que le gouverneur d’alors était une victime consentante ? » a-t-il ironisé.
Allocation aux pêcheurs : une nouvelle hausse de Rs 25
Les pêcheurs auront finalement droit à une allocation de Rs 365 au lieu de Rs 340 par jour en cas de mauvais temps. C’est ce qu’a annoncé le Premier ministre, après qu’il a, dans un premier temps, annoncé une hausse de Rs 30 lors de son discours du Budget. Cette mesure avait suscité plusieurs critiques et les membres de l’opposition avaient reproché au Premier ministre et ministre des Finances son manque de considération envers ce secteur.
Rs 18 milliards de dette publique : une dette datant de 1974
Les Rs 18 milliards de dettes sont, selon Pravind Jugnauth, un héritage des anciens gouvernements. Il a d’ailleurs déposé un document à l’Assemblée nationale qui détaille tous les emprunts qui ont été contractés. Le plus ancien remonte à 1974. Le gouvernement d’alors avait contracté un emprunt de 3,5 milliards de dollars américains pour des projets dans le secteur de l’éducation.
Committee of Supply : uu ‘business as usual’, sauf pour l’Icac
Après les débats budgétaires, les parlementaires ont débuté l’examen des différentes dotations. C’était du « business as usual ». Cependant, les parlementaires de l’opposition se sont heurtés à un vrai mur quand les dotations destinées à l’Independent Commission Against Corruption (Icac) ont été abordées. « I don’t have this information, I will look into it », s’est contenté de répondre le Premier ministre à toutes les questions. Elles portaient principalement sur les salaires, la durée du contrat et les voyages du directeur général, Navin Beekarry.
Les députés Rajesh Bhagwan et Veda Baloomoody (MMM) Adrien Duval (PSMD) et Arvin Boolell (PTr) ont tous essayé pour avoir des informations par rapport au directeur général de l’Icac, mais en vain. La seule information qui leur a été communiquée : les dépenses de l’Icac sont prévues à Rs 218 millions pour l’exercice 2019-2020. Cela inclut les salaires de 174 employés de l’institution. À savoir que le Parlement a voté le budget du bureau du président de la République ( Rs 70 millions), du vice-président (Rs 14 millions), de l’Assemblée nationale (Rs 261 millions), de l’Electoral Supervisory Commission (Rs 378 millions), du judiciaire ( Rs 950 millions) et du Prime Minister’s Office ( Rs 1,9 milliard), entre autres.
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