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Suicide du policier Jean-Luc Colas - Dr Dawal : «Nous avons tenté d’informer les Casernes de sa dépression, en vain» 

Le Dr Nunraj Dawal estime que s’il avait pu communiquer avec les supérieurs de Jean-Luc Colas, ce dernier aurait pu être sauvé.

« Jean-Luc Colas ti ena enn crainte ki so bann superieur bully li. Li finn mem rakont mwa kouma sa pase. Bann la pou fer Fancy Fair ek li. » Révélation du Dr Nunraj Dawal dans l’émission « Au cœur de l’info ». Ce praticien spécialisé dans la médecine sportive et ayant travaillé dans l’armée en Allemagne a répondu aux questions de Ruzayna Beegun et Jean-Luc Emile le mardi 24 septembre 2019. 

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Le Dr Nunraj Dawal a révélé que le jeune policier, affecté à la Special Supporting Unit (SSU) qui a mis fin à ses jours avec son arme de service le lundi 23 septembre à l’entrée des Casernes centrales, était venu dans son cabinet. « Li ti pe soufer bann problem sciatique », a raconté le médecin. Durant la consultation, le jeune homme lui aurait confié qu’il appréhendait son retour dans le service, principalement son transfert à la SSU. « Linn dir mwa ki dan SSU ena enn pratik dan Unit ki bully bann ki pe revini. Bann polisye SSU konn sa byen. Fer Fancy Fair, pran plezir… Kan li fer 24h, pou lev li o milye lanwit », a expliqué l’invité de l’émission. 

Ils étaient deux médecins à avoir ausculté le jeune policier. Le Dr Dawal a révélé qu’ils ont tenté de se mettre en contact avec le bureau du commissaire de police et l’unité au sein de laquelle travaillait Jean-Luc Colas pour les informer de la situation dans laquelle se trouvait ce dernier. « Li ti pe prezant bann signes de dépression », soutient le médecin. Il regrette de ne pas avoir été en mesure de communiquer avec les supérieurs car, selon lui, cela aurait pu aider à sauver le policier. 

Pour le Dr Nunraj Dawal, le jeune homme présentait les signes d’un mal-être profond. Il est d’avis que son problème n’est pas uniquement d’ordre personnel. « Ti ena so problem avek so madam ki ti porte plainte kont li, me li ti tre afekte par so sitiasyion profesyionel ek so bann siperier, sirtou ki ti pe fatig li », a souligné le praticien, précisant que d’autres policiers issus de différentes unités viennent le consulter et relatent les mêmes problèmes au sein de la force policière. Le médecin estime qu’il faut mettre sur pied une cellule de vigilance pour prévenir d’autres suicides. 

Intervenant dans l’émission, le député Ravi Rutnah a déclaré que la police est devenue « enn veritab galimatia ». Un problème qui commence à dater, a-t-il ajouté. Le parlementaire est d’avis que le suivi psychologique des policiers n’est pas assuré. Il se demande si « sa zenn polisyie la finn gagn enn evaliasyion psychologique avan ki donn li travay ek enn zarm ». 

Ce à quoi Shiva Coothen répond qu’un suivi psychologique est prévu pour les policiers. Le responsable de communication de la police a aussi soutenu qu’il y a trois psychologues rattachés à la force policière. Mais est-ce suffisant pour l’ensemble de la force policière ? « Oui. Ce n’est pas tous les jours qu’un policier a besoin d’un suivi psychologique », a rétorqué Shiva Coothen.  

Pour le formateur en self-défense et manipulation des armes, Bruno Laurette, il faut traiter la question du Post-Traumatic Stress Disorder (PTSD) avec le plus grand sérieux. C’est la source de ce mal qui ronge souvent les forces de l’ordre. Pour ce qui est de la manipulation d’une arme à feu, il insiste qu’il faut en permanence évalué l’état psychique de ceux qui en ont une en leur possession. D’ailleurs, dit-il, la Fire Arms Act exige que le détenteur d’un permis de port d’arme ait un certificat de santé valide. 

« Il m’a dit qu’il m’appelerait », dit la fiancée du constable

Les funérailles de Jean-Luc Colas ont eu lieu le mardi 24 septembre 2019. Il laisse derrière lui des parents, une fiancée, des proches et des amis dévastés. De nombreuses personnes issues des quatre coins de l’île ont fait le déplacement au domicile de ses parents, à Vieux-Grand-Port, pour lui rendre un dernier hommage. 

« Il était de nature très amicale et joviale. Il n’a jamais eu de problème avec quiconque. Il se confiait toujours à moi lorsque quelque chose n’allait pas », confie Diane Lagaillarde, 29 ans, la fiancée de Jean-Luc Colas. Elle dit ne pas comprendre ce qui a poussé son fiancé à commettre l’irréparable. 

Le couple s’est vu l’après-midi du jour du drame. « Je l’ai accompagné jusqu’au bout de la rue. Il a grimpé dans le véhicule venu le récupérer pour le conduire à son travail. Il m’a dit qu’il m’appelerait. Me lapel ki monn gagne se pa Jean-Luc, se enn lapel kinn anons mwa so lamor », raconte-t-elle en larmes. 

Lundi, le policier de 26 ans, a pris son service à 17 heures. En compagnie d’un collègue, il avait pour mission de contrôler les entrées et sorties devant les Casernes centrales. À 18 h 25, Jean-Luc Colas a demandé à son collègue de se diriger vers la porte d’entrée. Peu après, il s’est tiré une balle dans la tête. Il a été transporté à l’hôpital. Jean-Luc Colas comptait cinq ans de service au sein de la police. Il avait démarré sa carrière au poste de Mahébourg avant d’être muté à la Special Supporting Unit.

 

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