Interview

Sudhir Sesungkur, ministre des Services financiers : «L’objectif est d’atteindre 15 % du PIB d’ici à 2020»

Sudhir Sesungkur

Lors de cet entretien, Sudhir Sesungkur, le ministre des Services financiers, affiche son optimisme concernant le secteur financier pour 2019.

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Quel regard portez-vous sur le secteur financier cette année ?
2018 a été une année riche en événements pour le secteur des services financiers, voire une année charnière. Mais, elle a aussi été éprouvante. Durant ces deux dernières années, il y a eu le démantèlement de nos accords avec l’Inde, l’avènement des accords multilatéraux, la réforme enclenchée dans le secteur du Global Business dans le cadre du Base Erosion and Profit Shifting ainsi que le rapport de l’Eastern and Southern Africa Anti-Money Laundering Group (l’ESAAMLG).

Mais nous sommes optimistes quant à l’avenir de ce secteur. Un certain nombre d’actions ont été prises pour améliorer l’écosystème avec des amendements et des règlements au niveau des lois existantes pour maintenir notre crédibilité et réputation au niveau mondial. Le Blue Print en est un exemple.

Croyez-vous que les perspectives seront positives en 2019 ?
Je ne vois pas pourquoi il en serait autrement. Les Services financiers sont un gros secteur qui contribue à hauteur de 12 % au Produit Intérieur Brut (PIB). C’est un ministère qui emploie de jeunes professionnels qui aspirent à trouver des emplois rémunérateurs.

D’ailleurs, Maurice a fait un long chemin depuis le lancement du secteur financier. Mais, il y a un travail « d’image management » à faire surtout quand on doit faire face à de mauvaises publicités. Je pense qu’il faut qu’on soit en mesure de doubler la capacité de notre centre financier et devenir ainsi un concurrent sérieux, comme Singapour. L’objectif actuel est de devenir le premier centre financier dans l’hémisphère sud. Et c’est un objectif que l’on peut atteindre assez rapidement.

Quid du blanchiment d’argent à Maurice ?
Nous avons pris l’engagement de respecter les normes internationales et de coopérer avec les institutions comme l’ESAAMLG et l’Organisation de coopération et de développement économique (l’OCDE) pour préserver la bonne réputation du pays. Maurice se présente à la première place en matière de bonne gouvernance sur le plan africain, à travers l’indice de la Fondation Mo Ibrahim. Nous avons un bon ranking de la Banque mondiale pour l’Ease of Doing Business, la facilitation des affaires, sans compter le fait que les autres institutions internationales considèrent Maurice comme une juridiction sûre et contrôlée. C’est facile de penser et de dire qu’un système peut tout filtrer. Dans la réalité, ce n’est pas possible. Mais, en tant que juridiction responsable, nous faisons tout notre possible pour exercer un contrôle rigoureux.

Quelles sont vos priorités pour 2019 ?
Ma priorité est l’implémentation des mesures et recommandations préconisées dans le Blue Print. Nous voulons certaines grosses pointures dans le domaine de la gestion du patrimoine et le Private Banking. Ces recommandations permettent d’amener les services financiers à un palier supérieur de leur développement. D’autre part, la FSC sera appelée à travailler sur de nouvelles activités et services (digital assets). Il y aura une réorganisation des institutions qui tombent sous la tutelle de ce ministère. Sans oublier l’installation d’un Office of Good Governance.

Quels sont les axes de relance dans le secteur financier ?
L’approche du ministère s’articule autour de deux axes : une protection maximale et la préservation de nos acquis. Il nous faut assurer sa promotion à travers une attention spéciale pour sauvegarder sa crédibilité et sa réputation. L’objectif est de porter la contribution au PIB à 15 % d’ici 2020. C’est un fait que le secteur a démontré de la résilience malgré les changements et les récents événements. Nous pensons que Maurice jouit d’une certaine réputation à l’échelle internationale. Il sera appelé à se développer davantage. Nous nous conformerons aux recommandations du Blue Print qui préconise plusieurs axes, dont une accélération dans les investissements transfrontaliers avec l’Inde et l’Afrique.

Nous ferons un effort spécial pour développer le créneau du Wealth Management comme recommandé dans le Blue Print. Nous avons un grand besoin de transfert de connaissances et d’expérience dans des produits et services spécifiques comme la gestion du patrimoine, le Private Banking ainsi que les prêts de la finance corporative où il y a certainement un potentiel énorme. Nous développerons une stratégie à court et moyen termes pour attirer certaines grosses pointures dans le domaine du Wealth Management à Maurice. Nous accélérerons notre action dès janvier prochain en Inde, en Chine et dans les pays phares en Afrique.

 

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