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Subsides en recul, marché sous pression : les petits et gros planteurs en désaccord

Avec la baisse des subsides, les petits planteurs peinent à rester compétitifs, tandis que les gros producteurs – dont les sucriers – réclament un prix garanti pour relancer les cultures qu’ils avaient délaissées. Entre demandes de prix minimum, pressions des intermédiaires et arrivée d’importateurs privés, l’avenir de ce secteur-clé reste incertain. 

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Le fossé se creuse dans le secteur de la pomme de terre. Les petits planteurs s’essoufflent face à la baisse des subsides, tandis que les sucriers veulent retourner vers la production du féculent qu’ils avaient délaissée des années durant. Le ministre de l’Agro-industrie reconnaît que certains agriculteurs demandent un prix minimum au demi-kilo. Mais cette demande divise petits et gros producteurs. Les sucriers, nouvellement revenus sur ce marché, réclament un prix garanti, justifié, selon eux, par la hausse des coûts de production.

Sous l’ancien gouvernement, les subsides sur les semences de pomme de terre étaient de 75 %. Depuis, cette aide a été abaissée à 50 %, augmentant les dépenses pour les planteurs. Satish Ramruttun, ancien planteur et secrétaire général du Rassemblement Mauricien (RM), précise que le prix d’une tonne de semences varie entre Rs 15 000 et Rs 20 000. Quant au ratio de rendement, il est d’environ 1 pour 12 ou un pour 15, selon lui. 

« Cependant, l’Agricultural Marketing Board (AMB) achète la récolte à Rs 6 de moins que le prix du marché, avant de la revendre aux maraîchers ou intermédiaires. Ces derniers contrôlent les prix à Wooton et achètent en gros, au détriment des petits planteurs qui s’échinent dans les champs pour quatre sous. Les intermédiaires, eux, roulent en berlines », explique Satish Ramruttun. 

Il souligne que les principaux intermédiaires sont : l’AMB, l’encanteur et le maraîcher. Selon lui, le Wooton Auction Market passe à côté de son objectif qui est de protéger les petits planteurs.

Retour des gros producteurs

Satish Ramruttun ajoute que les sucriers, qui avaient abandonné la culture de la pomme de terre entre les lignes de cannes à sucre à cause des pesticides, voient désormais une opportunité à saisir. Ils ont découvert qu’en produisant à grande échelle, notamment en agriculture bio, ils peuvent viser à la fois les hôtels et le marché local, les Mauriciens étant de grands mangeurs de pomme de terre préparée à toutes les sauces. « Ces sucriers réclament une libéralisation des prix, invoquant la flambée des coûts de production », dit-il.  

Il déplore la disparition des Farmers Markets. Autrefois points de vente directs entre agriculteurs et consommateurs, ils ont laissé la place aux supermarchés. « Ceux-ci profitent de marges importantes et directes sans faire des efforts dans la vente des légumes et fruits. Ils tuent nos planteurs », estime l’ancien agriculteur. 

Satish Ramruttun ajoute que lorsque les subsides s’élevaient à 75 %, « les planteurs payaient Rs 20 000 la tonne de semences au lieu de Rs 80 000 ». Aujourd’hui, poursuit-il, ce prix grimpe à Rs 40 000 la tonne, ce qui pousse les petits planteurs à abandonner la culture de la pomme de terre, laissant libre champ aux gros producteurs. Il dénonce aussi l’arrivée imminente d’importateurs privés qui obtiendraient des permis jusque-là suspendus, sans devoir passer par l’AMB, dont les profits fondent comme neige au soleil.

 

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