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Stress au travail: attention au burn-out !

Les responsabilités qui incombent aux salariés ne cessent de croître. La pression qu’elles exercent sur eux aussi. Or, il est impérieux de faire attention, car le stress au travail influe sur la santé et peut mener à l’épuisement professionnel. Le point avec des spécialistes. « Stress au travail : un défi collectif. » Tel est le thème retenu par le Bureau international du travail (BIT), cette année, pour marquer la Journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail, observée le 28 avril. Le stress est une réaction normale de notre corps lorsqu’il sait qu’il est face à un danger. Pour se préparer à l’affronter, notre organisme produit des hormones de stress.
Survient alors une série de réactions : nos muscles deviennent tendus, notre respiration plus forte, notre pouls et notre tension sanguine augmentent. Il s’agit, dans ce cas, d’un stress positif. Toutefois, cela devient problématique lorsque l’on est dans cet état en quasi-permanence. Le stress devient alors chronique. Quant au burn-out, il peut être être défini comme le stress extrême au travail ou l’épuisement professionnel. Quels en sont les facteurs ? Conflits entre collègues, surmenage, pressions, monotonie au travail, harcèlement, intransigeance du patron ou du supérieur et manque de soutien du management. « Nous parlons de burn-out lorsque la goutte d’eau fait déborder le vase et engendre l’épuisement professionnel, physique et mental. Ce phénomène se manifeste par plusieurs signes », explique le Dr Yousouf Earally, médecin du travail du ministère de la Santé.
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L’impact sur la santé

Fatigue chronique, extrême fatigue, maux de tête, hausse de la tension artérielle, diabète, gastrite, ulcère de l’estomac, troubles cardiaques, attaque cérébrovasculaire, dysfonctions sexuelles, insomnie, troubles du comportement, dépression, tentatives de suicide.

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Gare au burn-in

Le travail, poursuit-il, devient une corvée et dès le réveil, la personne n’a aucune envie d’aller bosser. « Elle est démotivée, moins productive et insomniaque. Elle manque de concentration et devient agressive. La personne peut parfois sombrer dans l’alcoolisme, voire la toxicomanie. Elle a aussi tendance à fumer davantage. Elle peut finir par cesser d’aller au travail. » Lorsque le burn-out dépasse une certaine limite, l’on parle alors de burn-in. Le médecin explique que le stress est tellement fort que la personne s’effondre littéralement. Elle n’est plus en mesure de se maîtriser, ajoute-t-il. Pourquoi le burn-out et le burn-in sont-ils devenus des phénomènes courants dans certaines entreprises ? « Autrefois, on parlait du taux d’absentéisme important dans les entreprises. Aujourd’hui, on parle plutôt du présentéisme. Ce qui signifie que les employés passent plus de temps au travail parce qu’ils sont débordés », explique-t-il. Ils ont peur de perdre leur emploi s’ils ne répondent pas aux exigences qu’implique le travail, ajoute le Dr Yousouf Earally. « La compétition entre collègues corse leur situation. Avec la mondialisation, nombreux sont les Mauriciens qui travaillent à des horaires difficiles. Ils doivent être disponibles le soir pour être en contact avec des firmes ou des personnes à l’étranger. D’autres sont obligés de ramener du travail à la maison. Il n’y a aucune démarcation entre la vie familiale et la vie professionnelle. Cela mène au stress chronique qui débouche sur le burn-out. Certains patrons ne sont pas toujours à l’écoute. »

Mort par surtravail

Au Japon, nombre de travailleurs meurent subitement sur leur lieu de travail. Il s’agit du phénomène Karoshi ou « mort par surtravail ». Il désigne la mort subite de cadres ou d’employés de bureau par arrêt cardiaque des suites d’une surcharge au travail ou d’un stress trop important. Le Karoshi est reconnu comme une maladie professionnelle au Japon depuis les années’ 70.  
   

Mettre un psychologue à la disposition des employés

Le stress au travail devient un gros problème à Maurice car nous sommes en pleine phase de mutation en ce qu’il s’agit de notre économie mais aussi de la technologie. Malheureusement, aucune étude n’a été faite ici sur la portée du stress au travail pour chiffrer ce phénomène, regrette Yousouf Jauhangeer, consultant en santé et sécurité au travail. « Nous constatons de plus en plus qu’il y a des personnes qui font correctement leur travail et qui sont très motivées. Du jour  au lendemain, elles ne s’y intéressent plus ! Il est essentiel que la compagnie apporte tout le soutien nécessaire à ces personnes, quitte à mettre à leur disposition un psychologue. C’est malheureux que cette pratique ne soit pas courante dans les entreprises. Le hic, c’est que le cas de l’employé s’aggrave souvent, au point qu’il perd son poste, notamment en s’absentant régulièrement du travail. Il peut aussi partir de son propre gré. Or, ce dont les employeurs ne sont pas conscients, c’est que ces employés sont, pour la plupart, des personnes très compétentes », constate-t-il.  
   

Le projet SOLVE

Il y a cinq ans, le gouvernement avait lancé le projet SOLVE à Maurice. Il consistait à constituer une équipe de professionnels, composée de psychologues et d’experts en matière de santé et de sécurité au travail. Cela, afin de régler les problèmes psychosociaux sur les lieux de travail. « C’est dommage qu’aucune compagnie n’ait adopté ce projet. Pourtant, une trentaine de personnes avaient été formées à gérer les problèmes psychosociaux au travail. Mettre en pratique le projet SOLVE est devenu plus que jamais une nécessité, vu l’ampleur que prend le stress au travail », souligne Yousouf Jauhangeer.

L’évolution de la société montrée du doigt

L’évolution de la société a aussi contribué au stress et au phénomène de burn-out. à titre d’exemple, la technologie et de nouveaux systèmes de travail ont accentué ce phénomène. De plus, bon nombre d’employés travaillent souvent sous contrat et vivent en permanence avec le stress de perdre leur travail. « De nos jours, un employé est contraint d’être toujours disponible à cause de la technologie. Il peut recevoir un e-mail à n’importe quelle heure. Il est parfois contraint d’y répondre tout de suite, même s’il est chez lui. Mais l’employeur doit comprendre qu’un employé ne peut pas être disponible en permanence car il a droit à une vie personnelle », insiste le consultant en santé et sécurité au travail.

Les répercussions sur l’entreprise

Il ne faut pas occulter le fait que les problèmes des employés finissent par influer sur l’image de la compagnie. De plus, cela constitue éventuellement un manque à gagner pour la compagnie vu que l’employé surmené est moins performant. « L’employeur fait erreur s’il pense que mettre constamment la pression à son employé rendra ce dernier plus performant. Cela a souvent l’effet contraire, c’est-à-dire sa productivité diminue considérablement », met en garde Yousouf Jauhangeer.
 

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