Interview

Steven Sengayan, avocat: «Il est impérieux de rétablir l’image de Maurice»

Basé à Londres, l’avocat d’affaires mauricien, Steven Sengayan, était récemment à Maurice. Steven Sengayan se dit concerné par l’appel lancé par le gouvernement aux expatriés. L’homme de loi estime qu’il faut certaines conditions pour que cette invitation soit favorablement répondue. Vous faites partie de la communauté des expatriés mauriciens. Êtes-vous de retour à Maurice pour de bon ? Ou n’êtes-vous toujours pas convaincu de l’appel du gouvernement aux expatriés ? Je dois vous dire qu’en tant que Mauricien, je reste attaché à mon pays natal. Mais je ne suis quand même pas prêt à retourner pour de bon à Maurice. Je suis sensible à l’appel du gouvernement pour aider au développement socio-économique du pays. Je suis à Maurice pour retrouver ma famille et recharger mes batteries. Je ressens le besoin de contribuer au développement de mon pays car j’ai tellement reçu de lui. Il est important de redonner en retour. D’ailleurs, je suis en quête de possibilités réelles d’emploi à Maurice en utilisant mes réseaux et contacts en Europe. En ce moment, des partenaires locaux et moi, nous nous penchons sur la faisabilité de la création d’un cabinet d’avocats d’affaires international à Maurice. De quoi le pays manque-t-il pour attirer les professionnels mauriciens émigrés ? C’est un fait que le pays a besoin de ressources humaines qualifiées pour devenir un pays à revenu élevé. Attirer la diaspora mauricienne est une façon de combler ce manque. Ce qui est essentiel cependant, c’est qu’il y ait un climat de stabilité et de certitude, et que la méritocratie prime. Il faut aussi que la qualité de vie soit attrayante car ces Mauriciens qui sont restés très longtemps à l’étranger sont habitués à un certain mode de vie et à un certain environnement de travail. À l’étranger, si on est bon et compétent, on réussit toujours car la méritocratie prime. C’est donc essentiel que Maurice puisse offrir ce genre de climat. Vous avez en 2012 rédigé un Country Report sur Maurice pour le compte du groupe de presse anglais The Telegraph. Quelle lecture faites-vous de l’évolution du pays après trois ans ? Ce Country Report a été un important outil d’“awarenesness” et de marketing pour Maurice, vu son taux de circulation. Si vous voulez, je pense que le pays a un immense potentiel, mais il faut qu’on ait “the right person in the right place”. Il y a des secteurs très porteurs, comme le fait ressortir l’Economic Mission Statement du gouvernement. Mais le défi, c’est de mettre tout cela en œuvre. C’est essentiel qu’on ait un exercice de communication plus poussé et intense afin de bien traduire cette Vision 2030 auprès de tout un chacun, que ce soit les secteurs public-privé et les ONG. Maurice a été éclaboussée par plusieurs scandales cette année. Ceux-ci ont-ils eu des échos à l’étranger? L’image de Maurice a-t-elle pris un sérieux coup ? Effectivement, il y a eu des échos que l’on veuille ou non. Notre juridiction est suivie de très près par les investisseurs internationaux.  Quand de telles choses se passent, les gens se posent des questions sur la crédibilité de notre centre financier. Cela dit, on n’est pas le seul pays au monde où on a eu à faire face à ce genre de choses. Mais il est impérieux de rétablir l’image de Maurice au plus tôt. Une image de marque, où l’investisseur potentiel sait à quoi s’attendre quand il décide de venir investir à Maurice. L’accent doit être mis sur la bonne gouvernance, la méritocratie, la transparence et, surtout, le rule of law, entre autres.
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