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Steamroller Animation Mauritius - Production du jeu vidéo Horizon Forbidden West : deux Mauriciens apportent leur grain de sel

Actuellement, la branche mauricienne ne dispose que de trois animateurs 3D. Le CEO souhaite offrir des opportunités à plus de Mauriciens pour intégrer le monde des jeux vidéo et du cinéma. Son objectif est de faire passer le message que c’est possible au niveau local.
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Après deux ans d’aventures pour la branche mauricienne de Steamroller Animation, les animateurs de ce studio jouent enfin dans la cour des grands. En effet, le 18 février dernier, les travaux d’animation de deux Mauriciens, soit Rakesh Ramchurn et Hansley Bissessur, ont été grandement félicités à la sortie du jeu vidéo Horizon Forbidden West. 

C’est un sens du devoir accompli pour Jalil Sadool. Ce Mauricien est le co-fondateur du studio Steamroller Animation. Ayant lui-même fait carrière dans le monde des effets spéciaux et de l’animation en Amérique, il souhaitait inclure davantage de Mauriciens dans le domaine. D’où sa décision d’ouvrir une branche mauricienne, deux ans de cela. Fier de ses petits protégés, il voit maintenant les choses en grand pour Maurice.   

C’est dans leur studio à Vivéa Business Park, Moka, que l’équipe mauricienne de Steamroller Animation nous accueille. Premier constat, l’ambiance est détendue, avec une touche de folie. On réalise également que les employés sont passionnés par leur métier. La créativité est palpable. Mais détrompez-vous, les enjeux sont énormes pour Steamroller Animation, qui travaille avec des développeurs de jeux vidéo et des cinéastes du monde entier. Ces derniers produisent des œuvres très appréciées et couronnées de succès, comme Fortnite, Dauntless et Rise of The Tomb Raider.  

Tout s’est joué sur la formation qu’on a eue pendant un an et demi. C’est à travers celle-ci qu’on nous a évalués sur notre éthique de travail et notre attitude, entre autres»

Steamroller Animation se faisait un nom dans l’industrie du film et des jeux. Puis, l’idée d’ouvrir une succursale du studio à Maurice a germé. Jalil voulait partager son amour de l’animation avec les Mauriciens. Il désirait aussi rendre l’animation haut de gamme plus accessible aux locaux. Pari réussi pour Jalil Sadool. Aujourd’hui, grâce à cette opportunité en or, les Mauriciens vivent un rêve qui leur semblait encore lointain, il y a quelques années de cela. Les premières recrues de la branche mauricienne de Steamroller Animation, Carinne Narainsamy, Rakesh Ramchurn et Hansley Bissessur, retracent le parcours de leurs débuts dans ce monde fantastique.   

Une première pour les animateurs mauriciens

« Un petit pas pour l’homme, un bond de géant pour l’humanité ! » la phrase mythique prononcée le 21 juillet 1969, lorsque Neil Armstrong a posé son pied gauche sur la lune, semble raisonner parfaitement dans ce contexte.   

 Quand Jalil m’a proposé un poste à Steamroller, j’étais sceptique. C’était un gros risque de tout quitter pour intégrer une entreprise qui débutait tout juste à Maurice, ce malgré la réputation du studio à travers le monde»

En 2019, après avoir complété un programme de mentorat en animation 3D intense d’une durée de deux ans, dispensée par Jalil Sadool lui-même, Carinne Narainsamy a fait le grand saut pour rejoindre Steamroller Animation Mauritius. Elle a quitté l’entreprise pour laquelle elle avait travaillé pendant 10 ans afin de s’investir pleinement dans l’animation haut de gamme. « J’ai toujours été intéressée par l’animation, mais les opportunités étaient très restreintes sur le plan local. Quand Jalil m’a proposé un poste à Steamroller, j’étais sceptique. C’était un gros risque de tout quitter pour intégrer une entreprise qui débutait tout juste à Maurice, ce malgré la réputation du studio à travers le monde. Il y avait toujours des doutes que ça n’allait pas marcher. En sus, nos horaires sont basés sur les États-Unis. Mais finalement, le goût du risque a payé ! Aujourd’hui, j’ai l’occasion de faire ce que j’aime et on valorise mon travail sur la scène internationale », lance-t-elle, comblée.    

Ce premier pas était significatif. Il représente l’empreinte du démarrage de Steamroller Animation Mauritius. Désormais, un nouveau monde et un éventail de possibilités s’ouvrent aux Mauriciens souhaitant vivre de leur passion pour les jeux vidéo. En 2020, Carine encourage ses anciens collègues Rakesh Ramchurn et Hansley Bissessur à la rejoindre dans cette folle aventure. Tous deux, également fans de jeux vidéo, franchissent le cap. Ces animateurs 3D chez Steamroller Animation expliquent que le processus de recrutement était atypique. « Tout s’est joué sur la formation qu’on a eue pendant un an et demi. C’est à travers celle-ci qu’on nous a évalués sur notre éthique de travail et notre attitude, entre autres. Il n’y a pas d’interview classique en soi, car Jalil ne donne pas de formation selon les critères universitaires. Il préfère l’aspect professionnel focalisé sur les compétences, ce dont il a besoin. Ceux qui arrivent à la fin du programme sont généralement recrutés », partagent-ils.   

Jalil Sadool co-fondateur et CEO de Steamroller Animation 

Steamroller
Après « Fortnite », « Destruction Allstarts » et maintenant « Horizon Forbidden West », Jalil Sadool, le co-fondateur et CEO de Steamroller Animation, vise la lune pour l’équipe mauricienne. Il ne se contentera pas de ce « hat-trick ». 

Étiez-vous sceptique en ouvrant une branche du studio à Maurice ?
Cela me tenait à cœur, en tant que Mauricien, d’ouvrir une branche ici. Notre premier studio en Amérique est situé dans la ville natale de mes deux partenaires, Mt Dora en Floride. C’est significatif, car nous sommes un studio très familial.

Il y a quatre ans de cela, nous avons commencé notre formation pour recruter des personnes. Pas mal de gens m’ont découragé en disant que cela ne marcherait pas dans le contexte local. Leurs commentaires étaient fondés sur l’expérience des autres studios d’animation ayant tenté l’expérience en annonçant un grand nombre de recrutements.   

Moi, mon atout réside dans le fait qu’en six ans, en tant que co-fondateur de Steamroller Animation en Amérique, nous avons appris combien il faut être prudent pour construire un studio. Vous ne pouvez pas vous précipiter, vous avez besoin de beaucoup de planification. Nous avons appris au fur et à mesure, en élaborant des stratégies à chaque étape du processus. Nous avions de bons instincts d’entrepreneurs. C’est l’approche que nous avons adoptée à Maurice également en recrutant des talents que nous avons formés et employés par la suite.   

Comment impliquez-vous les Mauriciens dans votre studio ?
La branche mauricienne dispose d’une petite équipe de dix employés, dont trois animateurs, quatre spécialistes en informatique, un coordinateur, un éditeur et un directeur de studio. Nous souhaitons agrandir notre équipe. Actuellement, je forme quatre élèves mauriciens que j’espère intégrer dans le studio, ainsi que d’autres talents qui souhaitent travailler dans le monde des jeux vidéo et du cinéma.   

Notre studio est convaincu qu’avec une éthique de travail juste et un bon état d’esprit, les Mauriciens peuvent réussir dans le secteur de l’animation en créant des jeux et des films à succès. Il faut juste leur présenter les  opportunités. Chapeau à Carinne Narainsamy, notre première recrue qui a fait le grand saut et insufflé le courage aux autres de rejoindre le studio. Pour nous, c’est symbolique que Carine soit notre première recrue, car un de nos objectifs est d’inclure plus de femmes dans cette industrie. 10 ans de cela, c’était un boys club, mais maintenant les opportunités sont là ! À Steamroller Animation, nous ne nous soucions pas de la couleur de votre peau, de votre sexe, de vos affiliations ou de votre religion, tant que vous avez les compétences requises. Mais nous devons étendre le filet autant que possible pour offrir les opportunités.  

Par ailleurs, Rakesh et Hansley ont récemment travaillé sur Horizon Forbidden West. Voir deux Mauriciens sur un jeu qui sera probablement élu le meilleur jeu de l’année est une énorme fierté pour notre studio. Je n’avais jamais pensé aussi loin, car j’élabore des stratégies pour l’avenir, je n’en rêve pas. Mais avoir deux Mauriciens sur ce jeu avec moi, c’est le rêve. Maintenant, je peux dire que « we did it! ». 

Quels sont vos objectifs futurs pour la branche mauricienne ?
Maintenant que la base est posée, les racines sont ancrées en terre, je peux penser au futur. Actuellement, la branche mauricienne travaille en partie sur tous les projets en Amérique. Nous sommes chargés de 12 projets en parallèle. Le but, c’est que notre équipe d’animation mauricienne puisse travailler sur un projet au complet, bien sûr, supervisé par moi-même en Amérique. C’est un défi en termes d’horaires, car la plupart de nos clients sont basés là-bas.mais ce n’est pas impossible.

« Horizon Forbidden West » : un sacre pour l’équipe mauricienne de Steamroller

Steamroller
Rakesh Ramchurn et Hansley Bissessur sont les deux Mauriciens qui ont hissé le quadricolore à l’international, grâce à leur contribution sur le jeu « Horizon Forbidden West ». Prochainement, Steamroller Animation Mauritius figurera également sur le nouveau « Mortal Kombat ».   

Deux ans plus tard, ils sont accrédités aux côtés de leurs collègues américains de Steamroller Animation sur Horizon Forbidden West. Il s’agit d’un jeu d’envergure internationale, qui concourt pour le titre du meilleur jeu de l’année. Maintenant que leur nom figure auprès des géants du domaine, ils sont aux anges. « Nous ne réalisons toujours pas. Nous avons presque le syndrome de l’imposteur », confient-ils en éclatant de rire. « J’ai eu l’occasion de me poser pour jouer le jeu et de voir mon travail entièrement réalisé. C’est une sensation indescriptible. Dire qu’on est fiers serait un euphémisme en ce moment. On est satisfait de cet accomplissement », ajoute Rakesh.   

Dorénavant, ils mettent la barre très haute. D’ailleurs, leur objectif personnel est de perfectionner davantage leurs compétences en animation 3D, afin d’atteindre le niveau de leurs mentors. « Lors de ce projet, nous avons eu l’occasion de collaborer avec Jason Snyman et Chad Shattuck, qui ont travaillé sur plusieurs films, dont Batman, Superman, King Kong et Harry Potter. Nous aspirons à devenir comme eux, c’est-à-dire des solutionneurs de problèmes ».

Ils ajoutent qu’ils veulent servir d’exemples pour les Mauriciens afin que ceux-ci prennent conscience des opportunités à évoluer dans le monde des jeux vidéo au niveau local. « Lorsque nous avons commencé, nous n’aurions jamais imaginé travailler sur des projets comme Destruction Allstars, Fortnite et Horizon Forbidden West. Ce rêve semblait lointain ou même inimaginable à Maurice. Il fallait juste croire en cette vision. Nous avons tous apporté notre contribution afin de concrétiser ce studio à Maurice aux côtés de Jalil. Aujourd’hui, nous sommes en mesure d’encourager d’autres Mauriciens à nous rejoindre et à prendre part au mentorship program, afin d’agrandir l’équipe de Steamroller Animation studios », ajoutent nos interlocuteurs.

 

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