Le contrat du directeur de la State Trading Corporation a été résilié avec effet immédiat, le vendredi 19 février. Cela quelques jours seulement après le départ de Yogida Sawmynaden, dont il semblait avoir le soutien indéfectible.
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L’ex-directeur de la State Trading Corporation (STC) s’est retrouvé seul. Jonathan Ramasamy aura tenu bon, du moins jusqu’au départ de l’ex-ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden. Le 10 février dernier, celui-ci a annoncé sa décision de prendre un congé politique. Et voilà que neuf jours plus tard, soit le vendredi 19 février, le contrat de Jonathan Ramasamy a été résilié avec effet immédiat après son interrogatoire under warning par l’Independent Commission against Corruption (Icac), qui a mené à son arrestation.
Au plus fort de la tempête soulevée par les allégations entourant les Emergency Procurements pour l’achat d’équipements médicaux pour un montant de Rs 1 040 519 412,10 dans le sillage de la pandémie de Covid-19, Jonathan Ramasamy n’a pas été inquiété. Malgré les pressions exercées par plusieurs députés de l’opposition afin qu’il parte, il n’a pas bougé d’un iota. Il a continué à toucher son salaire. Cela même quand ses liens de parenté avec ceux qui ont obtenu des contrats sous l’Emergency Procurement ont été dévoilés.
Il a toujours bénéficié du soutien de Yogida Sawmynaden. L’ancien ministre l’a défendu à plusieurs reprises, assurant que les procédures ont été suivies à la lettre. Même si, dans le proche entourage de l’ex-directeur général de la STC, on affirme qu’il n’est pas impliqué dans l’allocation des contrats et il n’a fait que suivre les directives reçues du conseil d’administration, certains faits laissent perplexe.
C’est en décembre 2019, soit juste après les élections générales, que Jonathan Ramasamy prend ses fonctions à la STC en tant que directeur général. Celui qui a fait carrière dans le trading du pétrole à Dubayy est un inconnu pour le public, mais pas pour l’ex-ministre Yogida Sawmynaden. C’est d’ailleurs le secrétaire permanent du ministère du Commerce qui l’a contacté pour le poste. Dans les milieux concernés, on indique que l’ex-ministre connaissait le track record de ce professionnel et c’est la raison pour laquelle il a décidé de faire appel à lui afin d’emmener la STC à bon port.
C’est pendant le confinement que la population a su que l’organisme était impliqué dans l’Emergency Procurement pour l’achat d’équipements et de médicaments pour le compte des ministères du Commerce et de la Santé. Plus d’un milliard de roupies ont été dépensées et ce sont des compagnies qui ne sont pas spécialisées dans la fourniture de ce genre de matériel qui ont décroché les contrats en question.
Contrat : des proches de l’ancien directeur de la STC décrochent le pactole
La State Trading Corporation (STC) a octroyé plusieurs contrats sans exercice d’appel d’offres pour un montant de plus d’un milliard de roupies entre mars et juin 2020, soit pendant le confinement. Il ressort que ce sont des proches du directeur de l’organisme, Jonathan Ramasamy, qui ont touché le pactole.
Ainsi, AV Techno-World Co Ltd, dont le directeur, son beau-frère, Vinay Appanna, a obtenu deux contrats, notamment celui du ministère de la Santé et celui du Commerce, pour un montant de Rs 77 794 800. Ce qui intrigue, c’est que la secrétaire de la compagnie est Selvie Appanna, l’épouse de Vinay Appanna. Celle-ci est également directrice de BCA Consulting, avec Reena Appanna, qui n’est autre que la femme de Jonathan Ramasamy.
Par ailleurs, le secrétaire de BCA Consulting est Ashwind Kumar Poonyth. Celui-ci se trouve être également le secrétaire de Bo Digital Co. Ltd, qui a décroché plusieurs contrats pour la somme de Rs 309 185 400 auprès de la STC.
Rs 90 millions pour des « ventilators » qui ne fonctionnent pas
Le ministère de la Santé a payé la somme de Rs 90 millions pour les 50 ventilators qui ne fonctionnent pas. Selon la Santé, l’achat de ces équipements de Pack and Blister n’a été conclu qu’après que l’équipe technique du ministère a procédé à un examen approfondi des spécifications techniques envoyées par le fournisseur par l’intermédiaire de la State Trading Corporation (STC).
« Selon les spécifications reçues du fournisseur, les ventilators proposés avaient les modes et paramètres requis pour être utilisés dans une unité de soins intensifs », indique le ministère dans un communiqué.
Il y est également fait mention que les techniciens du fournisseur, soit Pack and Blister, qui sont venus à Maurice pour former les utilisateurs locaux n’ont pas réussi à faire fonctionner les ventilators. « L’équipe technique du ministère, y compris des médecins, a donc déclaré que les ventilators reçus étaient inaptes à être utilisés dans une unité de soins intensifs, d’autant que les appareils livrés n’étaient pas les mêmes que ceux dont le fournisseur avait initialement transmis les spécifications », peut-on également lire dans le communiqué.
Ainsi, le ministère, par l’intermédiaire de la STC, a informé le fournisseur de sa décision de lui retourner les ventilators. Ces derniers devaient soit être remplacés, soit être remboursés.
Le 18 février 2021, le fournisseur a envoyé un courriel à la STC indiquant que les ventilators reçus étaient conformes aux spécifications approuvées. Pack and Blister a, par ailleurs, invité le ministère de la Santé à envoyer un anesthésiste et un technicien en Turquie, avec l’un des ventilators afin qu’on leur explique comment installer et faire fonctionner l’équipement.
Le ministère de la Santé a refusé la proposition et a plutôt invité le fournisseur, par l’intermédiaire de la STC, à envoyer l’équipe technique du fabricant à Maurice afin de faire fonctionner les 50 ventilators.
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