
Star Knitwear, pilier du textile mauricien, a été placée sous administration judiciaire, laissant 483 employés sans travail.
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L’un des piliers historiques du textile mauricien vacille fortement. L’entreprise Star Knitwear, pilier du textile mauricien, a été déclarée en redressement judiciaire. La décision, prise par les autorités compétentes, a abouti à la nomination de Mustaq Oosman au poste de Receiver Manager afin de gérer la procédure de redressement. La compagnie aurait des dettes dépassant Rs 1 milliard. Aujourd’hui, 483 employés se retrouvent sans travail, dont 283 sont des Mauriciens.
Cette mise sous administration judiciaire intervient après plusieurs mois de tensions et de signes avant-coureurs. Dès la mi-mai, une coupure d’électricité opérée par le Central Electricity Board (CEB), pour cause de factures impayées, avait mis à l’arrêt l’activité de l’usine. Dans une note interne adressée au personnel le 15 mai 2025, la direction faisait état de ses tentatives infructueuses pour obtenir un délai de paiement et appelait à la patience de ses salariés. Ces derniers, inquiets, n’ont toutefois pas perçu leur salaire du mois de mai.
Reaz Chuttoo, de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP), dénonce une situation de détresse totale. « Les employés n’ont pas eu leur salaire du mois de mai. Il n’y a pas un sou. Ils ont porté plainte auprès du ministère du Travail. Nous attendons maintenant que le Wage Guarantee Fund soit déclenché pour leur permettre de toucher jusqu’à Rs 50 000 dans l’immédiat », indique-t-il. Les employés mauriciens, fait-il ressortir, réclament le paiement de leur temps de service et souhaitent être redéployés dans d’autres compagnies et pas nécessairement dans le textile. Concernant les quelque 200 travailleurs étrangers, un plan de redéploiement serait en cours. Selon les premières indications, ils pourraient être transférés vers d’autres usines de production du secteur textile.
Reaz Chuttoo appelle également à l’ouverture d’une enquête policière. Selon lui, certains travailleurs affirment avoir été témoins du déplacement de machines de l’usine vers des lieux inconnus, laissant craindre une tentative de revente illégale d’actifs. « Des machines ont été transférées. Il est essentiel de déterminer si ces biens n’ont pas été vendus avant même que l’administration judiciaire ne soit officiellement prononcée », alerte-t-il. Ce nouvel épisode dans l’histoire mouvementée de Star Knitwear marque une nouvelle crise majeure pour l’entreprise.
En 2015, elle avait déjà été placée sous administration, avant d’être partiellement sauvée grâce à l’entrée d’un investisseur sud-africain dans le capital. Toutefois, depuis début 2024, les signes d’un effondrement s’étaient multipliés : annonce de licenciements massifs en février et arrêt de la production en mai. Le ministre du Travail, Reza Uteem, avait ensuite révélé une dette estimée à Rs 1,4 milliard, contractée notamment auprès de la Mauritius Investment Corporation (MIC) et de plusieurs banques commerciales. Alors que la direction n’a pour l’instant fait aucune déclaration publique depuis l’annonce de l’administration judiciaire, les syndicats, eux, demandent des réponses. Le ministère du Travail est interpellé pour activer sans délai les mécanismes de compensation, en particulier en mobilisant le Wage Guarantee Fund. Une intervention du gouvernement est également réclamée pour offrir des solutions de réemploi aux Mauriciens désormais sans revenus.
Dans un secteur textile déjà fragilisé par la concurrence régionale, les coûts de production et les incertitudes économiques, la situation de Star Knitwear apparaît comme le symptôme d’un malaise plus profond. L’affaire pourrait aussi relancer le débat sur le rôle de la Mauritius Investment Corporation et l’efficacité de ses interventions dans les entreprises en difficulté.

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