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Sri Lanka: le nouveau Premier ministre peine à former un gouvernement d'union

Le nouveau Premier ministre du Sri Lanka, Ranil Wickremesinghe, peinait vendredi à former un gouvernement d'union, après avoir essuyé le refus catégorique d'une bonne partie de l'opposition d'y participer, appelant au contraire à organiser des élections dans ce pays au bord de l'effondrement économique.

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Le principal parti d'opposition et deux autres formations ont estimé que M. Wickremesinghe, 73 ans, investi jeudi au poste de Premier ministre, manquait de légitimité pour exercer ses nouvelles fonctions.

Après avoir prêté serment, ce dernier a assuré vouloir "faire revenir la nation à une situation dans laquelle notre peuple aura à nouveau trois repas par jour". "Notre jeunesse doit avoir un avenir", a ajouté ce politicien, qui a déjà occupé ce poste à cinq reprises depuis 1993.

Mais Harsha de Silva, membre éminent du parti Samagi Jana Balawegaya (SJB), la plus importante formation d'opposition au Parlement, a refusé le portefeuille des Finances et annoncé qu'il ferait campagne pour obtenir la démission du gouvernement.

"Les gens ne demandent pas des jeux et des accords politiques, ils veulent un nouveau système qui assure leur avenir", a-t-il souligné dans un communiqué.

Le pays de 22 millions d'habitants, en proie à la pire crise économique depuis l'indépendance en 1948, manque de dollars pour financer l'importation de produits de première nécessité (denrées alimentaires, carburant, médicaments). 

La population est excédée par des mois de pénuries généralisées qui ont déclenché des manifestations quotidiennes partout dans l'île. Des affrontements sanglants ont fait neuf morts et plus de 225 blessés cette semaine, mais aussi précipité la démission du Premier ministre Mahinda Rajapaksa.

M. de Silva a prévenu qu'il se joignait à "la lutte du peuple" afin de renverser le président Gotabaya Rajapaksa, se refusant de soutenir tout accord politique qui conserverait le dirigeant dans ses fonctions.

-Appel à des élections-
Le parti de M. de Silva est divisé sur le soutien à apporter à un gouvernement d'union, sous l'autorité du président Rajapaksa, après des semaines de manifestations exigeant sa démission.

Des centaines de manifestants anti-gouvernementaux campent, depuis un mois, devant son bureau en bord de mer, dans la capitale Colombo.

Une douzaine de députés du SJB se sont engagés à soutenir M. Wickremesinghe, considéré comme un réformiste pro-occidental, partisan du libre-échange.

Harin Fernando, député du SJB au bord de la dissidence, a fait machine arrière. "Je ne soutiendrai pas le gouvernement de Wickremesinghe", a-t-il affirmé à l'AFP vendredi.

"Nous avons perdu trop de temps au Parlement sans aborder la question centrale de l'économie", avait-il dit la veille, en faisant valoir que le Sri Lanka avait "besoin d'au moins 85 millions de dollars par semaine pour financer les importations essentielles".

Le Sri Lanka s'est déclaré le 12 avril en défaut de paiement de sa dette extérieure estimée à plus de 51 milliards de dollars. Des pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI), pour obtenir un éventuel renflouement, doivent se conclure le 27 mai. 

L'Alliance nationale tamoule, ne rejoindra pas non plus le gouvernement, car selon elle, l'administration du président Rajapaksa a "complètement perdu sa légitimité" avec la nomination de M. Wickremesinghe. 

Le Front de libération du peuple (JVP), parti de gauche, a quant à lui estimé que des élections générales étaient le seul moyen de sortir de l'impasse actuelle.

"Nous ne pouvons pas résoudre la crise économique en ayant un gouvernement illégitime", a jugé le dirigeant du JVP, Anura Dissanayake, devant la presse, "nous exigeons de nouvelles élections". 

Il est cependant peu probable que l'Etat ait les moyens d'organiser des élections et soit capable d'imprimer des bulletins de vote, alors qu'une pénurie nationale de papier a obligé les écoles à reporter les examens. Les élections législatives ne sont pas prévues avant août 2025.

Les ambassadeurs de l'Inde et du Japon à Colombo ont été parmi les premiers à rendre visite à M. Wickremesinghe peu après sa prise de fonctions officielle, vendredi. 

© Agence France-Presse

 

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