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Spéculations sur le marché des changes : huit banques écoperont de «monetary fines»

Harvesh Seegolam, président du Groupe des Superviseurs Bancaires Francophones, aux côtés du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, et d’Emmanuel Rocher, secrétaire général du GSBF.

Douze banques réprimandées par la Banque de Maurice pour non-respect des instructions du régulateur concernant le bon fonctionnement du marché  des changes. Quatre d’entre elles ont reçu un avertissement.

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La Banque de Maurice avait par l’entremise de son gouverneur mis en garde certaines banques qui ne jouent pas le jeu et supportent les spéculations artificielles concernant la roupie. Le 24 mars dernier, Harvesh Seegolam, Gouverneur de la Banque de Maurice (BoM), prévenait que des actions et des sanctions allaient être prises si nécessaire contre les banques qui n’opéraient pas selon le code d’éthique et qui opéraient à l’encontre des lignes directrices de la Banque centrale. « Tous les opérateurs qui n’adhèrent pas aux bonnes pratiques et qui contribuent au dysfonctionnement total du marché des devises seront sévèrement sanctionnés. Nous avons déjà commencé à le faire. Nous allons nous assurer qu’il n’y ait aucune volatilité excessive sur la roupie », laissait-il entendre. 

Moins d’une semaine plus tard, le Gouverneur de la Banque de Maurice annonce avoir passé à l’acte. La Banque centrale a émis des lettres d’avertissement à quatre banques cette semaine. Le régulateur va également imposer des sanctions à huit autres banques qui n’ont pas ajusté leurs taux de change. Ces sanctions concernent des « monetary fines », soit des amendes que les huit banques devront payer. Cependant, cette sanction sera effective après l’approbation du Directeur des poursuites publiques (DPP). 

Instructions

La Banque de Maurice est mandatée en vertu de l’article 5(1)(a) de la Bank of Mauritius Act pour gérer le taux de change de la roupie. La BoM peut, conformément à l’article 50(2) de la loi - par notification écrite aux banques - émettre des instructions ou des lignes directrices ou imposer des exigences relatives aux opérations et les normes qui doivent être maintenues.

Selon nos informations, l’année dernière, la BoM avait donné des  instructions à toutes les banques de s’assurer du bon fonctionnement du marché intérieur des changes. Les banques étaient tenues de se conformer à l’instruction de la BoM selon laquelle leurs taux de change devaient être déterminés par les conditions du marché et non dictés par les échanges. 

Quatre banques ont réajusté leurs taux de change lorsque la Banque leur a demandé des explications sur les raisons pour lesquelles elles n’avaient pas pris en compte la dépréciation du dollar par rapport à l’euro sur le marché international. Ces banques ont reçu des lettres d’avertissement. En cas de récidive, une « monetary penalty » leur sera infligée. Les sanctions peuvent également inclure « debarring persons from the financial industry .»

Lors de l’ouverture de la Réunion Plénière du Groupe des Superviseurs Bancaires Francophones (GSBF) le 30 mars, Harvesh Seegolam, président de ce groupe, a réitéré l’engagement de la BoM pour contrecarrer toute tentative de manipulation sur le marché de changes. « Il nous faut protéger non seulement des segments de consommateurs, mais les marchés financiers eux-mêmes dans un contexte international volatile. Je lance ici un appel aux membres du GSBF pour entamer une réflexion commune sur comment contrer les tentatives de spéculation sur le marché des changes au détriment des citoyens. D’ailleurs, la Banque interviendra de façon soutenue pour renforcer la valeur de la roupie mauricienne. Nous serons intransigeants ! », a-t-il fait ressortir.

Maurice résiste à la crise à l’international

Plusieurs pays entrent ou craignent une récession à l’étranger. Qu’en est-il de Maurice ? Le pays affiche, selon Renganaden Padayachy, une croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) de 7,8 % en 2022 et une Valeur Ajoutée Brute totale en forte progression de 9,1 %. Lors de son allocution à la rencontre du GSBF, il soulignait que ces chiffres pourraient être revus à la hausse, avec une croissance supérieure à 8 %. Pour soutenir ses propos, le ministre des Finances s’est appuyé sur les indicateurs comme l’investissement qui atteint la barre historique des Rs 110 milliards et les exportations supérieures à Rs 314 milliards en 2022. 

Sur cette lancée, a poursuivi le ministre Padayachy, « 2023, malgré son lot de défis persistants à l’international, sera pour Maurice une nouvelle année de forte croissance. Nous anticipons une croissance supérieure à 5 % ». Dans le sillage du rapport de l’Audit qui soulève le niveau de la dette publique, le Grand argentier a fait ressortir que celle-ci « continuera de baisser fortement, à hauteur de 76,3 % du PIB en juin 2023 ».

Coopération France/Maurice/Djibouti

Un accord de coopération a été signé entre la France, la Banque de Maurice et la Banque Centrale de Djibouti le 30 mars. Celui-ci porte sur une assistance technique qui sera apportée à la Banque Centrale de Djibouti dans le cadre de l’évaluation du dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. 

Les banquiers dans l’attente et l’incompréhension

Dans le milieu bancaire, on se pose des questions suivant l’annonce de sanction communiquée par le Gouverneur de la Banque de Maurice à travers un exercice médiatisé. À 17 heures le jeudi 30 mars, plusieurs banquiers n’auraient pas reçu de communication de sanction issue de la Banque de Maurice. Certes, on comprend que les spéculations sur le marché des changes sont la principale motivation de la Banque centrale. Toutefois, les banquiers disent attendre de voir ce qui leur est reproché. « Le Gouverneur est obligé d’envoyer un signal fort. Il tape sur les banques, n’étant pas en mesure de donner de carton jaune aux opérateurs qui ne jouent pas le jeu et retiennent les devises. Quoiqu’il en soit, les banques seront dans l’obligation légale et éthique d’adhérer à ce que dit le régulateur », soutient un banquier.

Maurice compte 17 banques

12 des 17 banques opérant à Maurice seront visées soit par la lettre d’avertissement ou le « monetary fine ». Cependant, d’un point de vue légal, la Banque de Maurice ne peut relayer les noms des principaux concernés. Les 17 banques sont : 

  1. ABC Banking Corporation Ltd 
  2. Absa Bank (Mauritius) Limited 
  3. AfrAsia Bank Limited
  4. Bank of Baroda
  5. Bank One Limited
  6. BCP Bank (Mauritius) Ltd
  7. Habib Bank Limited
  8. HSBC Bank (Mauritius) Limited
  9. Investec Bank (Mauritius) Ltd
  10. MauBank Ltd
  11. SBI (Mauritius) Limited
  12. Silver Bank Limited
  13. Standard Bank (Mauritius) Limited
  14. Standard Chartered Bank (Mauritius) Ltd
  15. SBM Bank (Mauritius) Ltd
  16. The Hongkong and Shanghai Banking Corporation Limited
  17. The Mauritius Commercial Bank Ltd
 

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