À cinq jours du Budget 2019-2020, les attentes sont nombreuses et ce de toutes les sphères socio-économiques. Dans cette présentation, la part belle est accordée à l’enjeu économique dans toute sa globalité.
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De l’aide sociale au secteur financier, en passant par le manufacturier, le marché de capitaux, le sucre et le tourisme, les suggestions des uns et des autres sont souvent récurrentes, réalisables voire avant-gardistes. Il y en a au moins une qui relève de l’utopie.
Cependant, certaines industries requièrent une prévenance spéciale, notamment le tourisme, le sucre et le manufacturier. Bien que ces secteurs se retrouvent souvent dans des cycles économiques fortement réactifs aux chocs externes, les espérances pour leur pérennité sont palpables. Le Mauricien lambda qui alimente sans cesse la croissance en consommant abondamment est également appelé à investir.
Les avant-gardistes
Allocations sociales : la technologie au service du ciblage
Le Country Senior Partner de PricewaterhouseCoopers Mauritius remet sur le tapis un sujet que la classe politique a abordé sans pourtant y toucher tant ce thème est sensible : le ciblage dans la distribution des allocations. En amont, Anthony Leung Shing fait ressortir que le coût et la complexité du ciblage ont souvent été un obstacle. Cependant, dit-il, qu’avec le progrès accompli dans la technologie et l’e-government, des programmes ciblés sont de plus en plus faisables. Des imperfections, il y en aura. Mais ce ciblage moderne équivaudra à l’utilisation plus efficiente des fonds publics pour combattre la pauvreté.
Joaillerie : Maurice, plateforme pour pierres précieuses
La suggestion vient de Amédée Darga, Managing Director de Straconsult. Maurice pourrait se muer en une plateforme pour le négoce de pierres précieuses, en particulier entre l’Afrique et l’Asie mais ne s’arrêtant pas forcément à ce corridor. Il question de chercher un entrepreneur du secteur privé - local ou à l’international - pour mettre en place la Gem Trading Platform Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport. Ce business se déroulerait dans un endroit sécurisé et sous douane. La State Investment Corporation, bras d’investissement du gouvernement, pourrait investir dans ladite plateforme, pouvant aller jusqu’à 40 % du capital.
Manufacture : La robotisation pour un bond en avant
Dans sa forme actuelle, face à la compétition mondiale, c’est un fait que l’industrie manufacturière souffre. Qui plus est, la main-d’œuvre locale se fait rare car l’économie migre vers le secteur des services, soit de la valeur ajoutée. Pour Kendall Tang, Chief Executive Officer de RT Knits, si Maurice envisage de maintenir le textile comme un secteur significatif, il est essentiel de les accompagner dans la transition vers un secteur moderne et hautement technologique. Trois groupes d’activités sont ciblés, soit la production, l’intra-logistique et le traitement de données.
Et la création d’un cadre spécifique est nécessaire afin de :
(i) sensibiliser un plus grand nombre d’entreprises pour qu’elles cernent les bénéfices de l’automatisation et ses défis.
(ii) s’assurer que les compagnies aient accès à l’expertise pour les aider dans l’implémentation des projets.
(iii) accéder aux talents.
(iv) obtenir un soutien financier sous formes de subsides et des taux d’intérêts bas (beaucoup de pays incluant des États en Europe et la Chine ont déjà mis en place des plans pour offrir des subsides à des compagnies investissant dans l’industrie 4.0 et l’automatisation. Dans des provinces en Chine, des compagnies obtiennent jusqu’à 30%).
Services financiers
• Systèmes de trading à haute fréquence – mode de soumission d'ordres sur le marché de mobilier ultra rapide en milliseconde, voire de la nanoseconde et entièrement automatisé, dont les prises de position, à l'achat comme à la vente, sont effectuées par des algorithmes sophistiqués.
• La création de sites en libre-service sur Cloud pour des besoins en service d’appui.
• L’introduction d’outils de gestion du risque de liquidité – moderniser le dispositif de gestion du risque de liquidité des fonds d’investissement pour régler les questions relatives aux préavis de souscription et/ou de rachat, le remboursement en espèces et la fermeture des souscriptions, de façon partielle ou totale
Les réalisables
Développement durable : La beauté à redécouvrir
L’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’île Maurice suggère que les hôtels aient l’option de gérer au moins 50 % des recettes de l’Environment Protection Fee afin de les canaliser vers des projets durables dans leurs régions immédiates et avoisinantes. À travers cette approche, on pourrait éviter les longues procédures qui retardent des actions qui peuvent être bénéfiques aux personnes à proximité des hôtels, de même que les visiteurs. Qui plus est, les hôtels dans une région spécifique, pourront travailler de concert et de manière plus efficace et sur le long terme dans :
(i) le nettoyage régulier et embellissement des espaces publiques avoisinantes au lieu de campagnes ponctuelles,
(ii) la gestion du problème que posent les chiens et chats errants,
(iii) la gestion des déchets publics avec des opportunités de recyclage,
(iv) une collaboration plus solide avec la Police de l’Environnement
(v) la surveillance de la dégradation côtière et l’entretien des plages publiques
Industrie cannière : le sucre organique a meilleur goût au prix
Le Mauritius Sugar Syndicate postule que l’industrie cannière devrait s’engager dans la production de sucre organique qui rapporte deux à trois fois plus que le cours de la commodité sur le marché mondial. À ce jour, il n’y a que 400,000 tonnes qui sont sous ce label à travers le monde. Et Maurice, étant petit par la taille, pourrait bien se faire un nom en sus de notre réputation pour les sucres spéciaux. En amont, le souci est que le planteur ne devra pas utiliser des intrants chimiques dans les champs afin que la qualité de la terre s’améliore. Pendant ces trois années, le rendement sera moindre. Le prix sera le même. Passé ce cap et du moment que la certification est obtenue, on entre donc dans une nouvelle dimension du monde sucrier.
Finances : comment réduire l’endettement dans le textile ?
Pour Amédée Darga, il faudrait des mesures pour forcer les banques à convertir les dettes qu’ont contractées les entreprises en parts dans la même société. La part pourrait atteindre jusqu’à 30 % des entreprises viables. Les actionnaires ayant contracté des emprunts de leurs compagnies pourront les convertir en participations. Ce faisant, l’endettement des entreprises axées vers l’exportation chuterait.
Marché des capitaux : inciter le public à acheter des obligations privées
Faisons une croix sur un taux à l’épargne de 8 % par an. Ces moments sont révolus. L’environnement économique n’est plus le même. À cet effet, Rory Lam, Chief Executive Officer de MCB Capital Markets (faisant partie du MCB Group Limited), suggère que le grand public devrait être encouragé à souscrire aux obligations émises par les compagnies du secteur privé, des instruments offrant un meilleur rendement que les basiques formules d’épargne. Le gouvernement pourrait apporter sa contribution en balisant le terrain en termes légaux :
(i) l’introduction d’une limite sur le pourcentage d’une obligation qu’un investisseur institutionnel détiendrait
(ii) la définition d’une obligation en tant que titre sous la Securities Act, et
(iii) la gestion de l’émission des obligations, assurée par une instance dument licenciée.
Services financiers : les Réalisables
- L’introduction d’une Commission sur des prises de contrôle - organisme comprenant des fonctionnaires, des représentants de la Banque centrale et ceux du secteur privé pour examiner les obligations d’information.
- L’élaboration d’un cadre innovant pour favoriser la finance numérique – à travers une combinaison entre la ‘scalabilité’ (capacité à maintenir les fonctionnalités et les performances en cas de forte demande), la technologie, le temps et le capital humain.
- SupTech – la surveillance en matière de Fintech
- Mise en œuvre d’une plateforme unique pour l’octroi de diverses licences.
- Dématérialisation des procédures à des fins de performance.
- L’exploitation de données et l’analytique des données massives par les prestataires et régulateurs.
Les habituelles
- En ligne avec la politique de continuité du secteur financier faisant face aux exigences internationales de conformité, Maurice est appelé à revoir les traités de non-double imposition avec d’autres pays, notamment africains.
- Des nouvelles mesures de consolidation devront être prises afin d’augmenter la contribution du secteur au PIB, qui est actuellement de 8 %, représentant environ Rs 36 milliards.
- La création d’un écosystème juridique de haut niveau afin d’assurer la pérennité du secteur.
- L’émergence du Global Shared Services (GSS) - un cadre permettant d’optimiser leurs activités professionnelles relatives à la tenue de registres, la réconciliation des comptes, le paiement des factures, la publication de rapports périodiques, l’assistance en fiscalité et administration, et d’autres services approuvés par le régulateur.
- Consolidation de la politique africaine de Maurice dans le contexte de la Zone Continentale Africaine de Libre Echange – l’entrée en vigueur des règles d’échanges préconisées permettra à Maurice de tirer avantage de cette stratégie. Le flux transfrontalier de capitaux devra passer par des centres financiers. Étant à l’avant-garde dans ce secteur, Maurice est en avance par rapport aux autres juridictions et se distinguera comme un véritable hub régional.
Les irréalisables ?
Fiscalité : une taxe de 5 % sur les profits
Tous les analystes et observateurs économiques s’accordent à dire que la Trésorerie publique devrait trouver le juste équilibre entre les dépenses et les revenus, surtout avec la dette en hausse. Une des sources de revenus de l’État est la taxe sur les profits des sociétés, qui est à 15 %. Or, la Mauritius Chamber of Commerce and Industry suggère qu’on analyse les implications d’une imposition fiscale à 5 %. Il ne faudrait pas cependant prendre cette suggestion en isolation. Car la MCCI affirme qu’un pays sur quatre dans le monde a une taxe inférieure à 15 %. Cela a un impact sur la compétitivité de la juridiction vis-à-vis des investisseurs.
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