Souveraineté sur les Chagos : SAJ remporte une première manche devant l’ONU

Première étape franchie pour Maurice dans sa lutte pour la reconnaissance de sa souveraineté sur les Chagos. Pas moins de 94 pays ont voté pour la résolution mauricienne afin d’obtenir une « Advisory Opinion » de la Cour internationale de Justice sur ce dossier.

L’appel des Britanniques n’a finalement pas été entendu. Dans son intervention à l’Assemblée générale, Matthew Rycroft, l’ambassadeur du Royaume-Uni auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU) a exhorté les pays qui comptaient s’abstenir de voter contre la résolution mauricienne. Le résultat des votes démontre que son appel a été vain, puisque le nombre d’abstentions s’élève à 65. Mais l’on retiendra surtout les 94 votes en faveur de la résolution. Quatorze pays ont voté contre.

Le ministre Mentor sir Anerood Jugnauth (SAJ), qui a pris la parole juste avant le représentant du Royaume-Uni, n’y est pas allé de main morte, lors de sa plaidoirie. Il a fait ressortir que Maurice a toujours été constant dans sa lutte contre l’excision de l’archipel des Chagos de son territoire.

« Maurice n’a jamais manqué l’occasion d’exprimer sa position dans les forums internationaux, y compris aux Nations unies », a-t-il déclaré. Le ministre Mentor a aussi indiqué que cette excision, ainsi que le sort réservé aux Chagossiens, est en contradiction avec les lois internationales et les droits humains.

SAJ n’a pas été tendre envers les Britanniques qui ont, selon lui, fait preuve d’un manque de volonté autour du processus de décolonisation. « Il y a eu trois rounds de discussions entre Maurice et le Royaume-Uni, mais cela n’a abouti à aucun résultat. Les Britanniques étaient réticents à parler de décolonisation », a-t-il dénoncé.

L’ancien chef du gouvernement a aussi dit qu’il s’agit d’un combat vieux de plus de cinquante ans. « Il est temps d’agir », a-t-il insisté. Répondant aux arguments émis par les États-Unis et le Royaume-Uni qui soutiennent que la démarche mauricienne pourrait avoir des répercussions sur la sécurité internationale, SAJ a affirmé que de telles craintes sont infondées. « Maurice se sent concerné par la sécurité. Nous n’avons aucun problème avec la base militaire. Le processus de décolonisation ne la menacera pas », a-t-il expliqué.

Le Royaume-Uni parle d’un précédent que les États-membres pourraient regretter

C’est sans surprise que le représentant permanent du Royaume-Uni à l’ONU, Matthew Rycroft, a exhorté les États-membres à voter contre la résolution présentée par Maurice. Il a souligné qu’il regrettait que la question soit présentée à l’ONU.

« Une issue plus constructive est disponible. Je demande un retrait de ce vote. » Il a souligné que Maurice avait accepté le détachement des Chagos dans le passé.

« Le présent projet de résolution pourrait constituer un précédent que vous pourriez tous regretter », a-t-il dit avant de souligner que la Grande-Bretagne a fait de nombreuses propositions à Maurice pour régler le litige. « Nous regrettons que cela n’ait pas fonctionné. »

Le représentant britannique a aussi dit que les deux pays ont abordé la question du retour des Chagossiens. Pour cela, a-t-il ajouté, « nous proposons 50 milliards de livres sterling ». Il a conclu que Maurice retrouvera sa souveraineté lorsque les questions de sécurité et de défense ne se poseront plus dans la région.

L’Inde contre la colonisation

La partie indienne, qui a apporté tout son soutien à l’État mauricien, a souligné qu’elle a toujours été contre la colonisation et l’apartheid. Elle a précisé que c’est pour cette raison qu’elle a voté en faveur de la résolution mauricienne.

États-Unis : «Ce litige peut être réglé à travers des discussions bilatérales»

Le représentant des États-Unis a dit ne pas comprendre pourquoi cette affaire a été portée devant l’ONU. Selon lui, ce litige aurait pu être réglé à travers des discussions bilatérales.

SAJ : «J’ai toujours cru en cette cause»

Le ministre Mentor a félicité l’ambassadeur de Maurice qui a, selon lui, abattu un gros travail sur ce dossier. « C’est une victoire historique. Lorsque j’avais décidé de porter cette affaire devant la Cour internationale de justice, beaucoup de personnes m’avaient découragé. Mais j’ai décidé d’aller de l’avant, car j’ai toujours cru en cette cause. »

Olivier Bancoult : «Dominer pa kapav kontinie»

Sur sa page Facebook, Olivier Bancoult, chef de file du Groupe Réfugiés Chagos, a affirmé que la voix du peuple chagossien a été entendue. « Mo mari fier azordi pou mo lepep. Ena enn nouvo avenir internasional pou gouvernnman angle aret fer dominer ar nou lepep. Nou dinite li pa vande. Dominer pa kapav kontinie. Lepep Chagossien so lavwa finn tande ek nou pa pou fini la. Nou pa per zot. Nou pou manz ar zot. »

Me Robin Mardemootoo : «C’est une avancée énorme»

« C’est une avancée énorme pour le dossier. La Grande-Bretagne se retrouve dos au mur et ce n’est que maintenant que le plus gros travail commence. La résolution demande également à la Cour de trancher sur l’aspect de relogement et non pas uniquement sur la question de la souveraineté. Je pense que la collaboration des Chagossiens avec le gouvernement mauricien a porté ses fruits », a indiqué l’avoué du Groupe Réfugiés Chagos.