Souveraineté sur les Chagos : les États-Unis réitèrent leur soutien au Royaume-Uni 

Le président américain Joe Biden adopte la même position que ses prédécesseurs. Pour les États-Unis, le seul et unique propriétaire des Chagos demeure le Royaume-Uni. C’est ce que révélé le Washington Post. Un revers pour Maurice qui espérait compter sur le soutien des Américains dans son combat pour la souveraineté de l’archipel. 

Coup dur pour Maurice. Il a sollicité les États-Unis le mois dernier pour le soutenir sur la question de la souveraineté sur l’archipel des Chagos, tout en lui donnant la garantie que la base militaire américaine de Diego Garcia restera intouchée. Mais le département d’État américain ne se départit pas de sa ligne politique. Pour lui, le seul et unique propriétaire de l’archipel des Chagos est et reste le Royaume-Uni. 

Le nouveau président Joe Biden adopte ainsi la même position que ses prédécesseurs. C’est ce qu’a révélé le Washington Post le dimanche 8 août 2021. « Les États-Unis soutiennent sans équivoque la souveraineté britannique », indique le département d’État américain dans un mail envoyé à ce journal très respecté.

« L’arrangement spécifique impliquant des facilités sur Diego Garcia est enraciné dans le partenariat solide de défense et de sécurité entre le Royaume-Uni et les États-Unis. Cela ne peut être répliqué », précise également la note envoyée au Washington Post.

Maurice a même fait valoir à l’administration Biden qu’elle a « le plus grand respect pour les valeurs que les États-Unis ont traditionnellement promues ». Elle a aussi signalé que le Royaume-Uni fait fi de ces valeurs depuis plus de cinq décennies sur le dossier Chagos. 

Mais rien n’y a fait. Pas même les grandes victoires remportées par Maurice sur la question devant l’Assemblée générale des Nations unies, devant la Cour internationale de justice (CIJ) et devant le Tribunal de la Mer. Les États-Unis épousent totalement la position britannique. 

Cette réponse américaine est certes une grosse déception pour la partie mauricienne. Mais au moins le gouvernement sait à quoi s’en tenir. Un appel similaire avait été lancé sous la présidence de Donald Trump. Ce dernier avait tout bonnement snobé cette demande. Il n’avait pas répondu à l’appel.

Opinion non contraignante

Ce rebondissement vient aussi mettre en péril le projet du gouvernement mauricien d’organiser un voyage par bateau vers l’archipel pour prendre symboliquement possession des Chagos et alerter l’opinion internationale. Le lundi 9 août 2021, la position  du gouvernement était que ce voyage se fera en temps et lieu et que « le combat continue ».

Pour le Royaume-Uni, peu importe ce que disent les autres, les Chagos sont « sous souveraineté britannique continue depuis 1814 ». C’est une position répétée à plusieurs reprises devant les tribunaux. 

En ce qui concerne l’avis rendu par la CIJ en 2019, qui recommandait un retour de l’archipel sous contrôle mauricien, le Washington Post précise que le département d’État américain a fait valoir que cette opinion est non contraignante. Pour ce qui est du vote de l’Assemblée générale des Nations unies demandant au Royaume-Uni de restituer les Chagos dans un délai (largement dépassé depuis) de six mois, les États-Unis estiment que c’est le résultat d’une interprétation «inappropriée » de l’opinion de la CIJ.

Milan Meetarbhan : « Une position plus forte des États-Unis qu’auparavant » 

« Ceux qui s’attendaient à autre chose doivent être déçus », constate Milan Meetarbhan, ancien ambassadeur de Maurice aux Nations unies. Pour lui, cette position, qui est la première exprimée par l’administration Biden sur la question, est même « plus forte que celle adoptée par les États-Unis précédemment ». 

Mais elle n’est pas surprenante en soi. « Sur le fond, ce n’est pas nouveau », analyse Milan Meetarbhan. Ce n’est pas étonnant que les États-Unis épousent la position des Britanniques puisqu’ils sont des alliés solides et de longue date. 

Cela vient-il pour autant réduire à néant les efforts déployés par Maurice dans son combat pour revendiquer l’archipel des Chagos ? Pas nécessairement, selon l’ancien ambassadeur. Il estime que les efforts diplomatiques de Maurice sur la question de la souveraineté doivent continuer.