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Soutien pour compensation : les PME craignent une formule de prêt qu’il faudra rembourser

Les PME broient du noir depuis l’annonce du montant de la compensation.
  • Des fermetures à prévoir à partir de l’an prochain 

Le gouvernement apportera son soutien aux PME pour le paiement de la compensation salariale. 

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Or, ces dernières souhaitent savoir quelle forme prendra cette aide. Mais, d’ores et déjà, on n’écarte pas le risque de fermeture à partir de 2023. 

«Le gouvernement a fait son maximum ! Cependant, chaque compensation apporte son lot de difficultés », a déclaré Sunil Bholah, le ministre du Développement industriel, des PME et des coopératives, face à la presse. Le gouvernement, a-t-il ajouté, apportera son soutien aux PME en difficulté. « Le mécanisme, mis en place par la Mauritius Revenue Authority, est déjà là pour assister ces PME », avance-t-il. 

À la question si l’aide apportée sera sous forme de prêt que les PME devront rembourser par la suite, le ministre Bholah a répliqué : « Il faudra discuter et étudier toutes les données. Business Mauritius fera partie des discussions. On privilégiera le dialogue. Nous ne sommes pas juste là pour imposer une compensation, on est là également pour soutenir les PME ». 

Mis devant les faits accomplis 

Les réactions n’ont pas tardé à tomber ! Maya Sewnath, la présidente de SME Chambers, estime que dans le contexte actuel marqué par les pressions inflationnistes, il est important d’accorder une compensation pour soulager les employés. 

« Cependant, les PME traversent toujours une période difficile. On ne pourra pas payer la compensation. Nous l’avons crié haut et fort, mais notre point de vue n’a pas été pris en compte. On nous a mis devant les faits accomplis. C’est dommage qu’on ne nous donne pas la plateforme pour transmettre nos doléances et nos revendications », déplore-t-elle. 

Maya Sewnath fait ressortir qu’un bon nombre de PME sont endettées et ont déjà des difficultés actuellement à rembourser les prêts accordés par l’État. La présidente de SME Chambers prévient qu’il faudra s’attendre à des fermetures d’entreprises à partir de l’année prochaine. « Nous avons envie d’aider les employés, mais nous sommes nous-mêmes en difficulté. Nous espérons qu’on n’aura pas à rembourser l’aide qui sera accordée. Nous serions dans l’incapacité de le faire. Nous souhaitons un soutien de l’État jusqu’à ce que la situation s’arrange », conclut Maya Sewnath. 

Hans Bhowaneedin, directeur de Fairy Group : « Il faudra bien définir les paramètres sur l’aide qui sera accordée » 

« Tout dépendra de l’aide qui sera proposée. S’il faudra rembourser par la suite, ce sera le retour à la case départ ». Tel est l’avis d’Hans Bhowaneedin. Le directeur de Fairy Group souhaite des précisions de l’État sur deux aspects : est-ce que l’aide sera accordée à tous les employés des PME, indistinctement de leur niveau de salaires ; et si les travailleurs étrangers seront concernés par cet exercice. « Il faudra bien définir les paramètres et analyser son impact sur le pays », avance Hans Bhowaneedin.

Kalyanee Hurry, directrice de Flavours of Mauritius : « On nous demande d’augmenter les salaires alors que nos profits baissent » 

Kalyanee Hurry, directrice de Flavours of Mauritius, est catégorique : « je n’ai rien contre compenser les salariés car ils sont affectés par la hausse du coût de la vie. Mais, il est important de savoir que les PME traversent aussi un moment difficile depuis la cascade de hausses des prix. Nous sommes pris dans un étau. D’une part, il faut augmenter les salaires. D’autre part, nos profits baissent. Il faudra s’attendre à ce que beaucoup d’entreprises ferment leurs portes, car le paiement de la compensation est un coût additionnel ». Elle a, par ailleurs, des interrogations sur comment le gouvernement compte soutenir dans le concret les PME. 

Dev Santchurn, directeur de Julien R : « Le montant de Rs 1 000 est élevé » 

Dev Santchurn, directeur de Julien R, ne cache pas son inquiétude. « Le montant de Rs 1 000 est élevé. C’est une charge très lourde et inattendue. Cela, dans la mesure où il faut prendre en compte les autres charges sociales (NPF, CSG,…). Ce sera difficile pour les PME de maintenir leur compétitivité dans un tel contexte », soutient-il.

Questions à… Sanjay Matadeen, économiste : «Rs 1 000, c’est un montant psychologique»

sanjayLe gouvernement a tranché ! Une compensation de Rs 1 000 sera accordée à tous les employés. Êtes-vous surpris ou pas par ce montant ? 
Non ! L’inflation est de 10,7 % cette année et le gouvernement s’est basé sur le salaire minimum. Rs 1 000, c’est un montant psychologique. Jamais, on n’avait accordé une compensation aussi élevée. Cependant, je suis assez surpris que cette somme soit accordée across the board. L’idéal aurait été d’octroyer Rs 1 200, voire Rs 1 500 à ceux qui touchent le salaire minimum et de proposer Rs 500 à ceux qui gagnent au-delà de Rs 50 000. 

Le montant ne fait, toutefois, pas l’unanimité. Vos commentaires ?  
C’est tout à fait logique ! Cela dit, c’est mieux d’avoir un chiffre fixe qu’un pourcentage. 10 % sur un salaire de Rs 10 000 et Rs 100 000, ce n’est pas la même chose. La situation restera difficile pour ceux en bas de l’échelle. Il faudra que le gouvernement vienne de l’avant avec d’autres mesures de soutien comme des subsides sur les produits de base ou encore une réduction des prix des carburants. 

Quelles en seront les implications ? 
Les charges des entreprises vont grimper. Mais, il est bon de faire ressortir que les prix des produits et services ont aussi augmenté. Parallèlement, cette compensation viendra soulager les consommateurs, surtout ceux au bas de l’échelle. Ils vont pouvoir respirer, même si le coût de la vie demeure élevé. 

Quel en sera l’impact sur l’inflation ? 
Cette compensation va aider ceux dans le besoin. Il n’y aura pas de grandes dépenses, car la situation demeure difficile. Par contre, si la compensation était de Rs 2 000 à Rs 3 000, on aurait pu craindre une poussée de l’inflation. 

 

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