Soutien financier : comment utiliseront-ils leur allocation de Rs 1 000 

Quelque 265 000 employés et travailleurs indépendants ont déjà touché leur premier paiement de la Contribution Sociale Généralisée CSG) Income Allowance  de Rs 1 000.  Une somme qui n’est, certes, pas suffisante face à la pression inflationniste, mais qui permet dans une certaine mesure de subvenir à divers besoins. 

C’est une mesure budgétaire annoncée dans le Budget 2022/2023 qui n’a pas tardé à se concrétiser.  Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy a indiqué qu’une allocation  de Rs 1 000 sera créditée sur les comptes en banque des salariés par la Mauritius Revenue Authority (MRA) sur une base mensuelle pendant une année. Les employés du secteur privé comme du public, dont les revenus bruts ne dépassent pas la somme de Rs 50 000, ainsi que les expatriés dont les employeurs sont à Maurice et les travailleurs indépendants, sont éligibles. Par ailleurs, ils doivent avoir contribué à la CSG. Le vendredi 29 juillet, ils étaient quelque 265 000 employés et travailleurs indépendants à avoir déjà reçu l’allocation pour le premier mois. 

L’économiste Eric Ng affirme que cette allocation compte beaucoup pour un salarié qui gagne moins de Rs 20 000. Cependant, elle fait très peu de différence pour un employé qui touche plus de Rs 30 000.  « Le premier a eu une augmentation d’au moins 5 %, ce qui est tout de même inférieur au taux d’inflation annuel. Donc, cette somme ne rétablit que partiellement son pouvoir d’achat, mais c’est quand même mieux que rien », fait-il ressortir. Cette allocation soulage un peu. « Il faudra faire avec la réalité économique, car même le gouvernement n’y peut rien », appuie-t-il.  

De son côté, l’observateur économique, Imrith Ramtohul est d’avis que les Rs 1000  aideront les employés dans une certaine mesure.  « Mais il faut se rappeler que les subventions sur de nombreux articles ont été supprimées en début juillet. Ainsi, les dépenses de ces personnes seront encore plus élevées à l’avenir », soutient-il. En  outre, dit-il, le taux d’inflation élevé devrait persister dans les mois à venir. Toutefois, il fait référence à l’expression : un demi-pain vaut mieux que rien.  

D’autres options ? 

Eric Ng soutient qu’il y a un contrôle des prix et des subventions du gouvernement pour vendre des produits à moins cher que le prix du marché. « Mais les subventions ont un coût, alors que le contrôle des prix entraîne des pénuries. De telles mesures ne vont pas stopper les hausses des prix à l’international », explique-t-il.  Selon lui, l’aide directe au revenu reste le meilleur moyen parce qu’elle cible la catégorie des salariés qui en ont besoin. Cependant, Imrith Ramtohul estime qu’il y a d’autres moyens pour soulager les plus vulnérables contre la flambée des prix.  « À mon avis, un ciblage pourrait être envisagé, surtout compte tenu du contexte de forte inflation. La protection sociale aidera les ménages les plus pauvres et se traduira par une amélioration de leur pouvoir d’achat réel », dit-il. Ainsi, il propose la subvention sur des articles tels que les aliments de base, le gaz ménager  et l’électricité.  «  Offrir des bons d’achat uniquement pour l’achat de produits essentiels aux personnes éligibles et la distribution d’un panier standard de produits alimentaires  aux ménages les plus pauvres peut être aussi considérée », dit-il.

Témoignages

Fauvrelle Tessa, entrepreneure  : «L’allocation engloutie par le carburant»

Directrice d’Essentia Soap Bar, Fauvrelle Tessa se spécialise dans la production de savons et de shampoings à base d’ingrédients naturels. « Cela fait sept ans que je suis dans ce domaine. Tout récemment, j’ai commencé à offrir le service de livraison à domicile aussi », explique-t-elle. Cependant, elle avance qu’avec le prix élevé du carburant, son coût d’opération est en hausse.  « La somme de Rs 1 000 m’aidera à couvrir dans une certaine mesure les dépenses pour le carburant. Je débourse en moyenne Rs 2 000 par semaine pour le carburant, donc toute l’allocation est engloutie », dit-elle.

Husseyne Karroo, chef d’équipe adjoint : «Mon budget mensuel pour le transport sera allégé» 

Pour Husseyne Karoodans, Chef d’équipe adjoint dans le département marketing chez JurisTax, l’allocation de Rs 1 000 allégera son budget mensuel pour le  transport.  « J’accueille favorablement cette hausse sur mes revenus », dit-il.

Naim Hussany, employé à la municipalité  : «partie en fumée» 

Naim Hussany est catégorique. Face à la flambée des prix des produits alimentaires de base, le montant de Rs 1 000 est déjà parti en fumée.  «  Si on achète un sachet de lait en poudre, deux bouteilles d’huile et quelques boîtes de conserve, une somme de Rs 1 000 ne sera pas suffisante », avance notre interlocuteur. Ce dernier travaille à la municipalité et touche un salaire de moins de Rs 23 000 mensuellement. 

Sharmila Mungur,  coiffeuse et esthéticienne : «déjà épuisée dans l’achat des produits alimentaires»

Avec le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter, Sharmila Mungur avance qu’elle n’a pas vraiment ressenti une hausse de Rs 1 000 dans son pouvoir d’achat. «  Je pensais que je pourrais faire des économies avec cette somme, mais ce n’est pas le cas », déplore cette employée qui travaille dans un salon de coiffure à Quatre-Bornes. En effet, elle affirme qu’avec la cherté de l’huile, du lait en poudre et des grains secs, entre autres, cette allocation a été déjà épuisée dans l’achat des produits alimentaires.

Oudaye Koolmon, graphiste : «Elle est utilisée pour des factures»

Ce jeune de 26 ans qui travaille comme graphiste pour le groupe La Chartreuse est ravi d’avoir déjà touché l’allocation de Rs 1 000. «  Beaucoup de personnes disent que ce montant ne suffira pas, mais il faut être positif. Mieux avoir quelque chose que de rien avoir », souligne-t-il.

Pour lui, cette somme additionnelle de Rs 1 000 fait une différence sur ses  revenus. «  Avec cet argent, j’ai déjà payé une partie de mes factures mensuelles », dit-il. D’ailleurs, il soutient que son père a aussi reçu l’allocation qu’il va dépenser pour l’achat des produits alimentaires. 

Sonam Bhakhareea, comptable: «J’arrive à subvenir aux petites demandes de ma fille» 

Avec une baisse du pouvoir d’achat, Sonam Bhakhareea, comptable pour les supermarchés SaveMart, dépensait son salaire uniquement pour acheter des produits essentiels. Désormais, elle va utiliser les Rs 1 000 pour subvenir aux demandes de sa fille âgée bientôt de 8 ans. « Avant, je ne pouvais pas la faire plaisir en lui donnant toutes les choses qu’elle voulait », dit-elle. Son époux, pour sa part, compte utiliser l’allocation pour l’achat des produits alimentaires.