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Sous le charme embrumé de Pétrin

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Un dimanche, à l’aube d’une journée hivernale embrumée, nous entreprenons une randonnée au cœur de la nature à Pétrin, accompagnés par le traileur Jordan Moonisawmy comme guide.

Un épais brouillard cache la vue. Pour mieux dévoiler les trésors de la nature ? Le proverbe ne dit-il pas : « La nature ne se hâte jamais, mais elle révèle ses secrets à ceux qui savent attendre. » Et c’est, en effet, un autre monde, caché derrière la brume matinale, qui se révèle à nous lors de notre randonnée dans la forêt de Pétrin, un dimanche à l’aube.

Notre guide pour cette aventure est Jordan Moonisawmy, qui connaît les lieux comme sa poche. Il choisit les parcours Paille-en-Queue et Trochetia. Une fois la marche enclenchée, notre périple à travers la forêt de Pétrin se transforme vite en une aventure sensorielle, en dépit, ou peut-être bien en raison des nuages persistants.

Chaque pas sur les sentiers boueux nous plonge dans une symphonie de sons naturels : le murmure des petites rivières serpentant à travers les sous-bois, le chant discret des oiseaux saluant notre passage, le craquement des branches sous nos pieds… Bercés par la beauté de cette nature conservée et unique à notre île, nous traversons des paysages parsemés de goyaviers de Chine dont le parfum délicat se mêle à l’humidité de la terre. Ce moment de communion avec la nature nous rappelle que la beauté se cache souvent derrière des apparences trompeuses, et que chaque détour inattendu peut révéler un monde de merveilles.

En chemin, nous croisons des participants du Beachcomber Trail 2024. Avec le sourire, nous les encourageons à atteindre leurs objectifs. Nos propres parcours, longs et parsemés de montées et de descentes, sont idéaux pour les débutants et parfaits à explorer en saison des goyaves de Chine. « Vous devez revenir lorsqu’il y a des goyaves, vous allez adorer », nous lance notre guide.

Après avoir parcouru plusieurs kilomètres dans la forêt, tout en admirant de magnifiques arbres et oiseaux, nous regagnons un sentier menant vers l’autoroute de Pétrin allant vers Chamarel. Notre guide nous demande si nous voulons nous rendre à Alexandra Falls. Nous acceptons volontiers et reprenons la marche. Une fois arrivée, nous traversons la belle allée d’arbres gigantesques pour aller vers le mirador offrant une vue spectaculaire sur la Cascade 500 pieds et la mer du sud-ouest de l’île. En un rien de temps, nous y grimpons pour immortaliser les vues imprenables que nous offre la nature. Puis, nous décidons de prendre un café à l’entrée d’Alexandra Falls pour clore notre randonnée dans cette partie de l’île.

En aparté

Jordan Moonisawmy : le cœur sur les sentiers

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Jordan Moonisawmy court pour toucher son moi profond.

Courir est, pour lui, un appel. Bien plus qu’une passion, c’est un besoin vital. À 30 ans, Jordan Moonisawmy, 30 ans, notre guide lors de notre randonnée à Pétrin, nous partage son amour pour la nature et son parcours dans le trail running.

« C’est en 2019 que j’ai vraiment lancé mon parcours au niveau du trail running », raconte le trentenaire, qui exerce dans le domaine social. C’est à la Réunion qu’il a développé sa passion pour le trail dans une ambiance unique de footing et de randonnée. « Avant 2019, je courais avec l’équipe du Tranquebar Boxing Club où j’étais élève puis encadrant sous l’aile de Gaetan Rungun », dit-il. 

« Un jour, après les 30 minutes de galop, j’ai senti cet appel de courir. Je ne suis pas rentré au Club et j’ai couru pendant deux heures autour du quartier. » Depuis, Jordan Moonisawmy court régulièrement, initié au trail par un ami. 

Qu’en est-il de sa passion pour la randonnée et la course en montagne ? Cela a pris toute son ampleur lors de son premier entraînement officiel dans les Gorges de la Petite-Rivière-Noire, où il a parcouru 35 kilomètres, révèle-t-il. Il a également participé à plusieurs trails organisés à Maurice. 

Que ressent-il lorsqu’il fait du trail ? Jordan Jordan Moonisawmy répond qu’il met ses émotions en écrit dans des notes sur son téléphone. Il s’agit, entre autres, de ses réflexions sur la vie. Il cite la course sur le Parakeet Trail, comparant la vie à l’ascension de ce sentier avec ses montées et ses descentes ainsi que les défis à surmonter. 

Il évoque également la montagne du Pouce, où il dit avoir vécu des défis personnels. Mais aussi ses entraînements au Champ de Mars avec des dizaines de tours de piste, et surtout le parcours de santé du Dauguet, un lieu qui, affirme-t-il, l’a beaucoup aidé à grandir dans la discipline. « C’est au parcours Dauguet que je vais me renforcer et me refaire une santé en me faufilant dans tous les recoins des petits sentiers cachés, d’où le surnom ‘Fantôme du Dauguet Pouce’ dont mes amis m’ont affublé », dit-il avec le sourire. 

Il regrette que de nos jours, le parcours du Dauguet semble être oublié et négligé, parlant de la crainte qui s’installe avec des délits fréquents menaçant la sécurité des marcheurs et randonneurs. 

Les carnets de course de Jordan

Le Parakeet Trail : une métaphore de la vie

« La vie, c’est comme l’ascension du Parakeet Trail. Une fois que vous décidez de faire le premier pas, vous vous engagez à accepter les circonstances, même la souffrance. 

Lorsque vous atteignez le sommet, vous ressentez un soulagement immense et il est fort probable que vous déclariez ne jamais vouloir refaire cette expérience. 

Pourtant, cette sensation de satisfaction vous poussera à recommencer. Le jour où vous glisserez, trébucherez, commettrez des erreurs ou serez trahi, souvenez-vous que tout cela est important. 

Les montées, les descentes, les plateaux et les faux plats sont là pour nous ramener à l’ordre, nous permettre de nous poser des questions constructives, faire des pauses, nous adapter, nous orienter, accepter, apprendre à écouter, mieux comprendre, nous défendre, persévérer, nous laisser guider, lâcher prise, mieux discerner et surtout garder l’amour au fond de nous. 

Quand je pense aux circonstances et aux hommes, je vois le Parakeet Trail et les randonneurs et les traileurs.

Même entraînés et habitués, qu’importe que le sentier soit sec ou boueux, ils souffrent, ils peinent et ils paient en sueur et en muscles. Mais, ils reviennent toujours, cherchant à tirer le meilleur et à mieux s’envoler. 

Souvenons-nous, tout comme certains parviennent à gravir le Parakeet en trente minutes, une heure ou une demi-journée, face à n’importe quelle difficulté, nous pouvons y arriver aussi. 

Soyons patients dans notre espérance. »

Pourquoi je cours

« Je cours pour me déconnecter de ma vie et me connecter à une autre dimension. 
Je cours pour vomir mes faiblesses. 
Je cours pour écouter le silence et la création de Dieu. 
Parfois avec des écouteurs pour planer d’une autre façon et parfois sans pour écouter mes respirations. 
Ces souffles, ces battements de cœur qui peuvent à tout moment cesser mon passage sur terre. 
Je cours pour toucher le moi profond. 
Je cours, c’est par passion car je cours plus souvent après le temps et les devoirs de la vie. 
Je ne suis pas né pour juste courir, courir fait partie des actions du quotidien mais, aujourd’hui courir, c’est ma vie. 
Je cours parce que cela m’a trouvé et m’a donné plein de raisons pour avancer. 
Je cours pour ceux qui ne peuvent pas courir. 
J’escalade les sommets pour ceux qui n’ont pas cette opportunité, cette force et la santé. 
Je cours pour encourager, inspirer les autres et moi-même. 
Je cours pour emmener les gens à voyager avec moi. 
Quand j’esquive les rochers, les racines et les branches, je me sens comme Superman dans la réalité, pourtant ce sont des actions peut-être pas extraordinaires mais, il y a une belle sensation et c’est comme si je m’envolais. 
Quand je cours avec les copains, nous sommes comme des gamins heureux, avec plein d’éclats de boue, les jambes en compote, le souffle court et souvent des blessures. 
Je cours parce que malgré toutes les raisons de se plaindre, j’ai toujours envie de vivre une autre aventure. 
Je cours parce que c’est un art et une thérapie gratuite. 
Je cours parce que courir m’a montré que je suis un champion sans devoir monter sur un podium. 
Pourquoi je cours ? 
Je cours parce que c’est une raison de vivre et un hommage à ceux qui d’antan l’ont fait pour se déplacer d’un endroit à l’autre et travailler. 
Je cours parce que c’est le chemin de la liberté. »

 

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