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Soupçonné d’importation de zamal : les voyages de Fano Marjolin vers La Réunion décortiqués 

Fano Marjolin en face des 19 345 euros saisis en sa possession le 9 juillet et Des jerricans d’essence nécessaires à la traversée à haut risque que le suspect et ses complices s’apprêtaient à faire le 9 juillet.

Après l’incarcération de Jean-Hubert Célérine, dit Franklin, pour trafic de zamal, c’est au tour de Fano Marjolin de se faire épingler. Arrêté le 9 juillet 2024 avec Rs 1 million en devises, il est soupçonné d’être un important importateur de zamal destiné à alimenter le marché mauricien. La brigade antidrogue examine ses fréquents voyages entre Maurice et La Réunion pour le trafic de cannabis. 

Alors que Jean-Hubert Célérine, dit Franklin, est incarcéré dans les geôles réunionnaises pour trafic de zamal vers Maurice, cette fois, c’est Fano Marjolin qui semble prendre le relais du juteux business de l’or vert. Ce « millionnaire » en devises de 45 ans, qui est maçon de profession, a été arrêté le mardi 9 juillet 2024 avec Rs 1 million en devises alors qu’il tentait de se rendre sur la côte Est de l’île sœur de manière clandestine pour ramener du zamal. 

Désigné comme un important maillon de l’acheminement de cannabis sur l’axe Réunion-Maurice, les enquêteurs de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) comptent enclencher un « Travel Trail » sur Louis Stephano Marjolin, dit Fano. En collaboration avec les autorités réunionnaises, ils décortiquent les nombreux voyages qu’il a faits vers La Réunion en l’espace d’un an, soit entre mars 2023 et juin 2024.  L’Adsu souhaite déterminer si les motifs de ses nombreux allers-retours entre l’île sœur et Maurice – notamment le fait de rencontrer ses fournisseurs de zamal à La Réunion et vérifier la marchandise avant de régler une partie de sa commande en vue de son exportation – sont bel et bien liés au trafic de drogue, comme il l’a affirmé. 

« Mo pe amenn sa larzan la pou al aste zamal », avait-il dit au moment de son arrestation le 9 juillet dernier. Il a été intercepté alors qu’il s’apprêtait à se rendre de manière clandestine à La Réunion. Son plan a été déjoué par les limiers de la Force Crime Intelligence Unit dirigée par l’inspecteur Mohes. Lors d’une fouille sur sa personne ce jour-là, 19 345 euros, estimés à Rs 1 million, avaient été découverts. Il a été écroué avec d’autres membres de sa bande. Fano Marjolin, qui fait l’objet de deux accusations provisoires, « conspiracy to import dangerous drug » et blanchiment d’argent, serait un habitué des vols entre Maurice et La Réunion. Rien que pour la période s’étalant de mai 2023 à juin 2024, il s’est envolé vers l’île sœur à six reprises. 

Son premier voyage, en utilisant son passeport, remonte au 12 mai 2023. Il avait alors atterri dans le Sud, à l’aéroport de Pierrefonds, Saint-Pierre, pour retourner à Maurice le 2 juin via l’aéroport Roland Garros, de Gillot. 

Par la suite, il a cumulé des voyages fréquents vers cette même destination, notamment du 20 au 27 août 2023, puis du 18 au 27 novembre de la même année. En 2024, Fano Marjolin a effectué trois déplacements en notifiant le Passport and Immigration Office et la Police aux frontières (PAF) réunionnaise : du 28 février au 9 mars, du 13 avril au 11 mai et du 6 au 15 juin, soit un mois avant le démantèlement de cette présumée filière d’importation de zamal. 

Les hommes de Fano Marjolin, dont le skippeur Louis Charles Andy Toolsee, le fils de ce dernier Louis Yan Megan Toolsee, un jeune de 21 ans, et Jean Ricardo Westley Mars, sont aussi derrière les barreaux. Ces suspects seront également interrogés. Les enquêteurs souhaitent savoir si, à bord de leur embarcation « Brothers Fishing », ils ont fait d’autres traversées vers cette même destination de manière clandestine pour ramener du zamal vers Maurice. 

Les autorités mauriciennes, tant policières que douanières, ont déjà sollicité leurs homologues réunionnais pour des échanges d’informations sur le passager Fano Marjolin afin d’établir s’il est connu de leurs services pour des affaires de stupéfiants. Outre des voyages à l’île sœur, il s’est aussi rendu à Paris, à Dubaï, en Allemagne et en Angleterre. 

Pointe-aux-Sables comme lieu de débarquement 

Bien que le plan de ces présumés importateurs de cannabis ait été court-circuité, les limiers de la Financial Crimes Investigation Unit et ceux de l’Adsu commencent à comprendre le modus operandi de cette filière présumé d’importation de zamal. Pour ces missions à haut risque, Fano Marjolin utilise le « Fishing Brothers », un bateau qu’il aurait acquis spécialement pour ces transferts de zamal. 

L’embarcation, à bord de laquelle 16 jerricans contenant du carburant et pesant 1 000 litres, des huiles de moteur et de la nourriture avaient été saisis le 9 juillet, est amarrée dans le lagon de Pointe-aux-Sables. Fano Marjolin et ses hommes de main, notamment Jean Ricardo Westley Mars, un habitant de Sugar Planters, Pointe-aux-Sables et le skippeur Andy Toolsee, demeurant à Belle-Mare, sont soupçonnés de prendre le large pour rejoindre Sainte-Rose, sur la côte Est de La Réunion. 

La police mauricienne dispose aussi d’informations selon lesquelles le débarquement des marchandises était programmé dans le lagon de Pointe-aux-Sables. C’est d’ailleurs pour cette raison que début juillet, la bande avait mis hors service des caméras du réseau Safe City sur la plage de Pointe-aux-Sables. Durant leurs interrogatoires respectifs, Fano Marjolin et Louis Yan Megan Toolsee ont avoué avoir saboté ces caméras à l’aide de peinture afin que le débarquement de leur marchandise ne soit pas filmé. 

 

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