Soupçon de blanchiment d’argent : perquisition de l’Icac chez huit bookmakers

La Commission anticorruption a investi, mardi, dix maisons appartenant à huit bookmakers dont les noms ont été cités par des suspects de blanchiment comme étant ceux chez qui ils ont eu de la chance.

Beaucoup de trafiquants de drogue et leurs complices mènent grand train de vie, affirmant qu’ils ont eu beaucoup de chance aux courses. Devant le nombre incalculable de ces présumés veinards qui défilent dans ses bureaux en présentant des photocopies de leurs gains en pensant qu’ils ne seront pas inquiétés pour blanchiment, l’Independent Commission Against Corruption (Icac) a perquisitionné chez huit bookmakers qui ont la faveur de ces derniers.

Dans la journée de mardi, dix perquisitions ont été menées de manière simultanée aux domiciles de ces bookmakers dans différentes localités. Outre leurs téléphones portables, les reçus trouvés en leurs résidences ont été saisis et seront expertisés dans les jours à venir. La Commission anticorruption entend confirmer que des trafiquants de drogue voulant légitimer leurs revenus achètent au prix coûtant des reçus émanant de véritables veinards.

Un caïd voulant blanchir une grosse somme d’argent doit payer un certain pourcentage au bookmaker véreux pour l’obtention de tels reçus. Tout le monde est gagnant et nul n’osera dénoncer l’autre par crainte de poursuites pénales. Comment cela se passe-t-il ? Les reçus pour les gains de moindre importance sont tamponnés, alors que tel n’est pas nécessairement le cas pour les gros montants, car nombreux sont ceux qui souhaitent mettre la main dessus.

Ces bookmakers risquent d’être inculpés pour entente délictueuse dans une entreprise de blanchiment et risquent de perdre leurs permis. Parmi ceux qui ont eu recours à leurs services figure Bibi Zafira Ameer, l’épouse du caïd emprisonné Peroomal Veeren qui est considéré comme le parrain des parrains du trafic d’héroïne à Maurice. Son domicile, à la rue Alma, Vallée-Pitôt, avait été perquisitionné l’an dernier. La jeune femme a déclaré avoir gagné aux courses pour expliquer la présence d’un demi-million de roupies chez elle, des bijoux ainsi que trois véhicules acquis chez Sunshine Auto.

Les limiers avaient également découvert chez Bibi Zafira Ameer des engins de construction similaires à ceux retrouvés chez Navind Kistnah et l’ex-gardien de prison Oumeshlall Ramsurrun dans le sillage de l’enquête de l’Anti-Drug and Smuggling Unit sur la saisie des 157 kilos d’héroïne en provenance d’Afrique du Sud en mars dernier. Coïncidence : le frère de l’épouse du caïd, Khalid Ameer est « locataire » d’un appartement à Flic-en-Flac qui est la propriété d’Oumeshlall Ramsurrun et de sa concubine Bibi Maitab Phutully.