La dure réalité risque d’avoir raison de la famille nombreuse d’une femme qui n’a pas été épargnée par les affres de la vie. Reportage.
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Il y a quatre ans, le compagnon de Marie Florianne Émilien, 38 ans, est mort d’une thrombose. Elle l’avait rencontré quand elle avait 20 ans et ils ont vécu quelque 14 années ensemble à Beau-Bassin. Son décès a fait six orphelins.
Il n’a pas légalisé son union avec Marie Florianne. Celle-ci dit n’avoir jamais sérieusement abordé le sujet avec lui. Elle affirme cependant qu’elle garde de bons souvenirs de lui, car il la traitait bien et prenait soin des enfants, à qui, d’ailleurs, il a donné son nom.
Il était chauffeur et travaillait pour une compagnie privée. Marie Florianne raconte que quand elle l’a connu, il s’était séparé de sa femme et était en instance de divorce. Cependant, le divorce n’a été officialisé qu’un an avant sa disparition.
Plus tard, Marie Florianne a fait la connaissance d’un autre homme. Ils ont eu un enfant, puis un deuxième. Puis, l’homme a disparu. « Il n’habitait pas avec moi. Son attitude était plutôt correcte. C’est après la naissance de notre deuxième enfant que j’ai remarqué un changement en lui. On dirait qu’il n’avait pas souhaité sa venue au monde », raconte Marie Florianne.
« Il n’assume pas ses responsabilités de père. Il ne vient jamais voir les enfants et ne me donne pas un sou pour eux », explique Florianne en sanglots.
« Traumatisé »
C’est une femme seule qui doit nourrir et grandir huit enfants, âgés maintenant de 18, 16, 14, 12, 10, 8, 4 ans et 10 mois respectivement. Ils sont scolarisés, sauf l’aîné. « Il ne pouvait plus continuer après la mort de son père. Il était traumatisé, car il était très attaché à son père », indique Marie Florianne. Depuis, il est allé vivre avec sa grand-mère. La cadette fréquente le Mauritius Institute of Training and Development. Le troisième enfant et le quatrième suivent des formations pré-vocationnelles.
Marie Florianne dit que son fils, qui a quatre ans, cherche son père. Elle ajoute que son autre fils âgé de 10 ans souffre d’un léger retard mental. D’ailleurs, lors de notre visite, il est resté silencieux. Suit-il un traitement ? « Non, je ne veux pas. Nous le traitons comme un enfant normal. Nous lui donnons toute notre affection », répond Marie Florianne.
Pour faire vivre sa famille nombreuse, Marie Florianne perçoit une aide sociale. Elle avait trouvé du travail pour arrondir ses fins de mois. Elle préparait des rotis. La Sécurité sociale lui versait Rs 7 000, mais quand l’administration a appris qu’elle avait ce petit boulot, elle a diminué cette somme de Rs 2 500. Pour le coup, Marie Florianne a dû cesser de travailler.
Il est difficile, avec Rs 7 000 et, depuis peu, Rs 4 500 par mois, de faire vivre une famille de neuf personnes, dont un enfant de dix mois. Marie Florianne doit aussi payer le loyer.
Comment fait-elle ? A-t-elle des proches ? Reçoit-elle une aide de leur part ? « J’ai ma mère, mon beau-père, deux sœurs et un frère. Je n’ai jamais connu mon père. Quant à ma mère, elle ne m’a jamais donné son affection. On a toujours été en froid. Elle ne vient jamais voir les enfants. Ceux-ci n’ont pas connu l’amour d’une grand-mère maternelle. Avec mon beau-père, on était plutôt en bons termes auparavant, mais depuis, il a pris ses distances. Quant à mes sœurs et mon frère, on se dit bonjour quand on se croise. C’est tout. Je ne peux compter sur eux pour une aide financière », répond-elle.
Sombre avenir
Comme si les malheurs de Marie Florianne ne suffisaient pas, le propriétaire de la maison qu’elle loue lui a demandé de vider les lieux, le samedi 8 octobre. Où aller avec sept enfants ? « Je n’ai rien trouvé. Je cherche une maison à louer à Rs 2 500 - Rs 3 000 par mois. C’est tout ce que je peux payer », déclare-t-elle.
La maison où elle habitait jusqu’ici était spacieuse, donc adéquate pour cette famille nombreuse. La misère et un manque d’espace risquent fort de faire éclater la famille de Marie Florianne.
Pour qu’elle ne se retrouve pas dans la rue avec ses enfants ce week-end, Marie Florianne peut compter sur l’aide inespérée de son amie Asha. Celle-ci lui a proposé de venir habiter chez elle pendant quelques jours, bien que sa demeure, peu spacieuse, héberge déjà sept personnes.
« Je suis maman moi aussi et je ne peux voir une femme et ses enfants à la rue, surtout qu’elle a un bébé. Ils habiteront chez moi jusqu’à ce qu’elle trouve un logement. Pour la nourriture, pas de problème, mais l’espace fait défaut », dit Asha.
Marie Florianne et ses enfants ont vécu sans eau et électricité au cours des six derniers mois. Bien qu’elle n’habite pas tout près, c’est Asha qui a pourvu la famille en eau tout ce temps.
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