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Sorties en nature : idéales pour se ressourcer, mais pas sans risques

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Avec la pandémie de Covid-19 et les restrictions sanitaires, de nombreuses personnes qui se rendaient d’habitude à la plage se sont tournées vers la nature. Les randonnées en forêt, près des rivières ou des cascades, les excursions, sans oublier les escalades, ont la cote. Cependant, ces sorties en plein air ne sont pas sans danger, car il y a des règles à respecter. 

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Ashwin Mandary a débuté par le trail en 2015.

L’île Maurice regorge de joyaux que l’on peut accéder à travers les randonnées. De plus en plus de Mauriciens sont friands de découvertes et d’endroits idylliques. Pour certains, la randonnée permet de se ressourcer et pour d’autres, il s’agit d’une véritable passion. Ce n’est pas Ashwin Mandary qui dira le contraire. Faisant partie de l’helicopter squadron, ce quadragénaire a débuté par le trail en 2015. « Je connais la plupart des sentiers. Quand on fait le trail, on n’a qu’un objectif : atteindre l’arrivée au plus vite. Or, les sentiers qu’on emprunte regorgent de rivières, de cascades et de vues à couper le souffle, si on prend le temps de les découvrir à travers la randonnée », explique notre interlocuteur. 

Une bonne préparation, la clé de la sécurité

Une randonnée ne se fait pas au petit bonheur la chance. En effet, une   préparation est vitale. D’ailleurs, pour Ashwin Mandary, de par son travail, l’aspect sécuritaire est prioritaire. « Il faut au moins une corde de 15 m, une trousse de premiers soins, une couverture pour se protéger du froid et une torche, si on se perd afin de passer la nuit. C’est le strict minimum à emmener avant d’aller en excursion. Pour ma part, j’apporte aussi un body harness. Il faut aussi porter des chaussures adaptées et des vêtements fluorescents. Souvent, certaines personnes ont tendance à porter des vêtements de camouflage. Étant donné que je fais souvent des opérations de sauvetage, je peux dire que ce n’est pas facile de repérer une personne en détresse dans une forêt », poursuit Ashwin Mandary.  Le randonneur conseille de plus d’avoir une carte hors ligne avec les points GPS. 

Outre les objets indispensables à emmener, il faut aussi penser à l’encadrement qui est également important. « Cela fait des années que je fais des excursions, mais je n’ai jamais eu de problèmes. Je vais en groupe avec des personnes qui ont la connaissance du terrain. C’est vraiment important. Certains individus regardent des vidéos sur TikTok vantant les rivières et ils se laissent tenter sans vraiment se préparer », déplore-t-il.

Ashwin Mandary souligne, de plus, qu’il y a des choses à faire et ne pas faire. Par exemple, si la rivière est en cru lors d’une randonnée, il faut aller au point le plus haut et attendre que la situation se calme pour quitter les lieux. « Souvent, c’est le manque de maturité et d’expérience qui fait que des personnes se retrouvent en difficulté », affirme-t-il. Pour cet amoureux de la nature, la randonnée est une activité à privilégier en prenant les précautions qui s’imposent. 

Se ressourcer

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Fatimah Ismael a deux passions : le rallye moto et les randonnées.

Meveen Narroo, âgé de 40 ans, dirige une firme multinationale. Il va en randonnée au moins une fois par mois. « Quand j’étais en Inde pour mes études, on allait à la découverte de cascades et dans les bois lors des vacances. Quand je suis retourné à Maurice, j’ai mis cette passion aux oubliettes, étant pris par mes engagements », raconte notre interlocuteur. 

Ensuite, après le confinement de 2021, il a décidé de refaire des randonnées.  « J’ai vu des photos d’un groupe de randonneurs et j’en ai parlé à un ami. On a décidé de s’y mettre. Notre première sortie avec le groupe était à cascade Rioux, à La Flora. Depuis, on multiplie les sorties et les excursions sont devenues une véritable passion. C’est un moyen pour moi de me ressourcer dans la nature », indique Meveen Narroo. 

Sorties en solo 

Meveen Narroo recommande aux personnes désireuses de faire des randonnées de ne jamais y aller seul. « Les sorties en solo sont à éviter. Mieux vaut aller en groupe et accompagné d’un guide professionnel de préférence. Ces guides ont une connaissance des lieux. Aller à la montagne ou dans une forêt n’est pas comme se rendre dans un centre commercial. Il y a des choses basiques à respecter. Si un individu s’en va en solo et se retrouve en difficulté, il ne pourra compter sur personne pour l’aider. Alors que si on fait une randonnée avec un groupe et des professionnels, on sait quoi faire pour venir en cas de problème », fait-il remarquer. 

Selon lui, la météo est déterminante avant de planifier les sorties. « S’il a plu pendant une semaine et que vous prévoyez une sortie le dimanche, même si le temps est ensoleillé, c’est dangereux. Le parcours risque d’être boueux et glissant. Quand vous êtes associés à un groupe, les randonneurs professionnels ont une meilleure connaissance des conditions météorologiques. Ainsi, en cas de mauvais temps, ils notifient les membres que la sortie n’aura pas lieu, ou qu’il y ait eu un changement du plan. D’ailleurs, avec mon groupe, on était supposé aller à la cascade Madame Belle, mais à cause du temps, on est parti cueillir des goyaves de Chine plutôt », relate le directeur. 

Décision 

Meveen Narroo affirme qu’en sus des équipements (torche frontale, chaussures et vêtements appropriés), la prise de décision est importante en cas de caprice de dame nature. « On était à Macchabée, dimanche dernier. À 8 heures, on a débuté notre randonnée et nous sommes arrivées à la cascade Gollum. Vers 11 h 30, il a commencé à pleuvoir et l’orage grondait. Notre premier réflexe a été de tout ramasser et de rebrousser chemin. On est rentrés sains et saufs, car nous avons eu affaire à une agence spécialisée en hiking avec des guides professionnels. Ils ont su qu’on était dans un bas-fond et que plus on tardait, plus le temps allait jouer contre nous et l’eau s’accumuler », confie-t-il.

Permis 

Notre interlocuteur avance, cependant, que la randonnée en nature est conseillée à tous, sauf pour certaines pistes qui nécessitent une condition physique appropriée. Il pense aussi qu’il faut venir avec un système de gestion des personnes qui font des excursions. « Les autorités, dont le département bois et forêts, doivent octroyer des permis. Cela permet de contrôler le nombre de personnes qui partent en randonnée, ainsi que les horaires. On peut également élaborer un système informatisé avec la météo et d’autres autorités. Cela permettra de déterminer la marche à suivre, si le temps se détériore, et s’il faut intervenir », estime-t-il. 

Bien-être

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Alia Kala est wellness et yoga coach et aussi fondatrice de Dan Vibe With Al.

Alia Kala est wellness et yoga coach et aussi fondatrice de Dan Vibe With Al. Elle a toujours mené une vie trépidante. Elle a ainsi décidé de se reconnecter avec la nature pour se sentir mieux dans sa peau. « Pendant le premier confinement, j’ai réalisé qu’on pouvait être heureux avec le strict minimum. J’ai décidé de me prendre en main, de vivre et non pas survivre. J’ai commencé le sport et après le confinement, je me suis mise à la randonnée. Cela m’aide à me ressourcer et à me sentir bien dans ma peau », relate notre interlocutrice. 

Pour elle, les randonnées aident à positiver et voir les choses différemment. « Depuis ma première randonnée avec un groupe, j’y ai pris goût. Je me sens dans mon élément. Il est recommandé d’aller en groupe, car les professionnels sauront quoi faire en cas de problème », avance cette dernière. Alia Kala souligne que la nature a un impact sur notre bien-être physique et psychologique. Les sorties en plein air sont recommandées pour briser la routine, respirer de l’air pur, avoir un sentiment de liberté et ressentir une sensation apaisante. 

Parcours

Fatimah Ismael, une habitante de Médine Camp-de-Masque, a deux passions : le rallye moto et les randonnées (montagnes et cascades). Elle s’est lancée en 2017, mais c’est après le premier confinement qu’elle est devenue plus régulière avec les sorties en nature. « J’ai débuté avec des parcours faciles et accessibles aux débutants, avant de passer aux plus  difficiles. Il faut gravir les échelons petit à petit », explique cette dernière. Ce n’est que maintenant qu’elle commence avec des parcours qui nécessitent une certaine technique et qui sont « challenging ». 

Guides

Elle recommande d’aller en groupe et de surcroît avec un guide professionnel. « Les guides doivent être formés. D’ailleurs, le mien est expérimenté et je sais que je peux compter sur lui dans n’importe quelle situation. De plus, il est de bon conseil. Malheureusement, il y a des personnes qui n’aiment pas payer un guide. D’autres individus font des excursions avec un professionnel du secteur une première fois. Ensuite, ils se prennent pour des guides et emmènent des personnes en excursion. C’est une pratique dangereuse, car c’est mettre en danger les autres, étant donné que ces individus n’ont pas les connaissances nécessaires », s’indigne la jeune femme. Elle préfère de plus d’aller en petits groupes, car c’est plus facile à gérer. 

Les lieux de prédilection des randonneurs

  • Les gorges de Rivière-Noire 
  • Les cascades de Beaux-Songes
  • Cascade 500 pieds
  • Cascade Gollum 
  • Le Canyon 
  • Cascade Victory 
  • Eau Bleue 
  • Le Pouce 

Rs 200 à Rs 600 par sortie 

Pour une randonnée, il faut compter entre Rs 200 à Rs 300 par personne, dépendant du lieu. Pour des sorties privées, il faut compter entre Rs 400 et Rs 500. Pour des lieux plus « challenging », les personnes peuvent débourser jusqu’à Rs 600. 

Des guides professionnels

Les groupes qui proposent des randonnées ont des guides formés en premiers secours et sécurité en plein air. Pour éviter d’éventuels dangers, il est important de bien choisir votre groupe. C’est ce qu’on indique chez Hiking and Discovering Mauritius. 

Les risques

Quels sont les risques et les dangers qu’on peut rencontrer durant une randonnée ? Il y en a plusieurs, selon Hiking and Discovering Mauritius. Ce sont :

  • Les randonneurs se perdent.
  • Des incidents médicaux, tels que les accidents vasculaires cérébraux, les crises cardiaques et autres maladies.
  • Fatigue, hypothermie, déshydratation et épuisement dû à la chaleur.
  • Blessures causées par des glissades et des chutes sur le sentier.
  • Blessures causées par des animaux, des singes et des insectes sur le sentier.
  • Les randonneurs coincés ou blessés par des forces de la nature, telles que les inondations, les incendies et la foudre.

Hans Ungapen : « La clé est une bonne préparation »

Créateur de contenus, Hans Ungapen est un habitant de Moka. Âgé de 29 ans, il est aussi le Hike Leader de Mauritius Friendly. Sa première expérience de randonnée remonte à l’adolescence, alors qu’il était encore au secondaire. « J’ai continué à faire de la randonnée occasionnellement pendant plusieurs années, ensuite plus fréquemment après mes études universitaires. Après avoir acquis des années d’expérience dans le domaine, j’ai créé Mauritius Friendly, qui est une plateforme pour les Mauriciens ainsi que les non-résidents. Elle se destine principalement aux randonneurs et aux amoureux de la nature. On les aide à explorer l’île à travers des visites guidées, des randonnées et du camping », indique le jeune homme.

Il privilégie les petits groupes de quatre randonneurs expérimentés lors des voyages d’exploration, durant lesquels les guides partent en reconnaissance. Ensuite, pour les randonnées guidées, il préfère les groupes de 10 personnes. « J’ai, certes, rencontré des situations difficiles, mais rien que nous ne puissions gérer ou surmonter. La clé est une bonne préparation. Il faut aussi emporter tout ce dont vous pourriez avoir besoin pour tout événement anticipé ou défi potentiel. Ensuite, il faut surtout rester calme et calculer le risque avant d’entrer dans une zone inconnue. Vous devez également connaitre les bases du secourisme, emporter en permanence une trousse de premiers secours et apprendre à vous orienter. Je m’assure également que nous sommes sur le chemin du retour avant la fin du jour », souligne Hans Ungapen. Ce dernier met l’accent sur un autre point important, en l’occurrence la météo. Il est vital de consulter non seulement la météo locale, mais aller vérifier sur les divers sites et applications qui fournissent des prévisions plus précises.

Deny Pachamoothoo : «Des incidents arrivent à cause du manque d’expérience»

Cela fait trois ans que Deny Pachamoothoo a lancé Pacha Découverte. Cet amoureux de la nature faisait du trail depuis 2015 avant de se lancer dans l’univers des randonnées. Les sorties qu’il organise attirent beaucoup de personnes. « Au début, il était plutôt question de découvertes avec des amis. Par la suite, j’ai évolué. Je pense qu’il est recommandé de faire des randonnées en groupe avec au moins une personne expérimentée. C’est triste qu’on ait perdu un jeune, la semaine dernière. Si ceux qui l’accompagnaient avaient une corde, on aurait pu le sauver. Des incidents arrivent à cause du manque d’expérience », fait-il ressortir. 

Il reconnait que depuis la pandémie de Covid-19, de plus en plus de Mauriciens vont faire des excursions. Cependant, il explique qu’il y a des b.a.-ba à respecter. Lui aussi, comme les autres professionnels de cet univers, est d’avis que la météo est le premier facteur à prendre en considération. « Quand il pleut pendant des jours, les randonnées ne sont pas recommandées, car les sites sont dangereux. Un guide connait le terrain, alors que ce n’est pas le cas pour un amateur. C’est aussi une des raisons pour lesquelles des randonneurs se retrouvent en détresse. Nous, les guides, nous connaissons les sentiers par cœur. Nous sommes équipés de GPS et d’un kit essentiel », fait remarquer Deny Pachamoothoo. 

Selon lui, il y a des personnes qui se laissent tenter par des influenceurs. « Ces influenceurs vont dans des espaces verts et font des vidéos et des selfies. Les internautes les copient et ne réalisent pas que, dans certains cas, ils se mettent en danger », se désole-t-il. Outre le danger, Deny Pachamoothoo déplore l’incivisme de certains randonneurs, qui polluent les lieux d’exception, surtout que leur nombre ne cesse de grandir. « Comme sur nos plages, on note que des personnes mangent et boivent dans la nature et jettent les déchets sur place. Il faut un changement de mentalité à ce niveau », espère-t-il.

Dan Thomson et les hors sentiers

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Cela fait deux ans que Discovering Mauritius a vu le jour. Dan Thomson fait de la randonnée depuis qu’il a 8 ans. « Cela fait 30 ans que je vais à la découverte de la nature. Je propose aujourd’hui des sentiers extrêmes et hors sentier. Je m’adapte à n’importe quelle condition météorologique, mais je ne mets jamais mes clients à risque. Or, il y a des jeunes qui font de la randonnée une fois et pensent qu’ils maîtrisent la situation et emmènent d’autres personnes. C’est une attitude déplorable, car c’est dangereux, voire suicidaire », déclare Dan Thomson. 

Pour lui, la météo changeante peut jouer en défaveur des randonneurs. « On ne réalise pas que ces lieux peuvent facilement devenir dangereux. Au lieu de payer un guide, certains préfèrent se mettre à risque », dit-il.
Notre intervenant ajoute qu’il fait également une évaluation physique de la personne qui souhaite faire du hiking. « Il y a des sorties en plein air qui peuvent durer entre 10 et 14 heures. C’est pourquoi les personnes doivent avoir une bonne condition physique. Ensuite, elles doivent affronter leur peur. C’est ce que je les incite à faire », affirme Dan Thomson. 

 

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