Nous avons tous de vieilles montres qui dorment dans un tiroir. Souvent oubliées au profit d'accessoires d'un quotidien numérique, à durée limitée et sans âme. Leur tic-tac est d'un autre temps, où les notifications n'accompagnaient pas encore notre rythme cardiaque. Pourtant, leur charme demeure souvent intact. Ce n'est pas l’horloger Soonil Kumar Beesoony qui nous dira le contraire. Pour lui, la mécanique a ses atouts : en premier, la facilité des réparations, ce qu'il excelle à faire. Le quinquagénaire, qu'on voit faire, ce mercredi 21 avril, exerce depuis plus de 35 ans. Cependant, il reconnaît que cette activité est de plus en plus difficile, à l’ère du high-tech.
C'est à la route Royale de Pamplemousses que se trouve l'horlogerie de Soonil Kumar Beesoony. Il y est aidé par son fils de 20 ans, Owjesh Kumar. Qui, ironie du sort, étudie l’informatique. Mais, pour lui, plus qu'un gagne-pain, « c’est une passion ». Pour la minutie, les mécanismes, l'infiniment petit...
On le comprend en entrant dans son atelier, qui est comme une petite caverne d'Ali Baba de rouages, de ressorts, d'échappements et autres balanciers. L'œil s'attarde, médusé, sur de « petites merveilles à l’ancienne », des montres, des pendules et réveils. Purs bijoux de mécanique. De toutes formes et modèles. Et on se surprend à être heureuse de constater que le glas n'a pas sonné pour le tic-tac qui berce le temps. Dans son atelier, Soonil Kumar Beesoony est très concentré. La précision d'horloger, il connaît.
Cette adresse, il l'a dans le sang : « J’ai quitté l’école très jeune et ensuite je suis parti travailler avec mon oncle, qui vit à Rivière-du-Rempart. Car pour mes parents, faire ce métier etait préférable », raconte le quinquagénaire. Mais les temps ont bien changé.
« Les clients sont devenus rares ». Et la mode est plus aux gadgets d'une saison qu'aux montres faites pour durer, aussi nécessaires qu'élégantes « comme c’était à l'époque », observe Soonil Kumar Beesoony avec tristesse.
« Parfois, je n'ai aucune réparation. Ainsi, j’ai dû ouvrir un magasin pour obtenir d'autres rentrées », confie l’horloger. Ce qui a été rendu possible avec l'aide de son épouse et de son fils.
Soonil Kumar Beesoony a mené une vie de privations et de sacrifices. Après s'être marié, petit à petit, il a économisé pour construire sa maison. « Si ou pe gaygn Rs 100 ou pa depans Rs 100. Li pa bon di tou », dit-il.
Son fils Owjesh Kumar prendra-t-il la relève? Soonil Kumar Beesoony l’espère. Mais il ne veut pas l'y contraindre. « Tou depann lor li. Mo pa kapav obliz li. Ena enn posibilite ki li rantr la. Me kapav li pa pou fer li a plin tan », ajoute-t-il, l'air résigné.
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