Sooleka Dalwhoor a commencé, le 28 février 2018, son combat : celui de porter son tika sur son lieu de travail. Cette Sales Assistant à l’hôtel The Residence à Belle-Mare indique que son tika symbolise son alliance avec son époux. Elle est soulagée après avoir obtenu gain de cause devant l’Employment Relations Tribunal le lundi 18 février.
« J’ai toujours eu confiance en la loi et je savais que la justice primerait. Bondie li la ! J’ai lutté pour mon droit en tant que femme mariée »
Cela fait bientôt quinze ans que Sooleka Dalwhoor travaille à l’hôtel The Residence à Belle-Mare. Elle exerce comme Sales Assistant dans la boutique de l’établissement hôtelier depuis 2004.
« Il n’existait aucun règlement nous interdisant de porter le tika sur notre lieu de travail à l’exception des femmes travaillant dans la cuisine, car il faut respecter les règles d’hygiène. Pendant quatorze ans, j’ai travaillé avec mon tika sur le front », raconte cette habitante de Bramsthan. Mais tout changé le 28 février 2018.
Le tika n’est pas un simple ornement
Elle se souvient de cette date, quand elle croise la Corporate Human Resource Manager pendant un « handling over ». « En présence du Financial Controller, elle m’a demandé d’enlever mon tika de couleur grenat. Je n’ai pas compris pour quelle raison. Elle m’a répondu que je n’étais pas autorisée à en porter. J’ai refusé, car le tika n’est pas un simple ornement. Dans l’hindouisme, il s’agit d’un des signes d’une femme mariée. Celle-ci enlève son tika quand son époux quitte ce monde. Comment aurai-je pu enlever mon tika, alors que mon époux est bel et bien en vie ? », explique-t-elle.
Elle relate qu’il y a quatorze ans, elle s’est présentée à l’entretien d’embauche avec son tika devant les Français. « À aucun moment, personne n’a objecté à ce que je porte le tika », ajoute-t-elle.
Elle s’affiche avec son tika le 1er mars sur son lieu de travail. Une réunion est convoquée et il est demandé aux femmes de ne plus porter le tika. À l’exception de Sooleka Dalwhoor, elles obéissent toutes.
« Elles ont eu peur et ont enlevé leur tika. Je n’ai toutefois pas cédé à la pression. » Elle écope alors de trois avertissements entre mars et avril 2018. « Je me suis renseignée auprès des autorités concernées. Une réunion de conciliation entre les représentants des autorités concernées et l’hôtel est organisée. Nous avons tous campé sur nos positions. Je voulais que le problème soit réglé à l’amiable, mais en vain », poursuit-elle.
Le ministère du Travail décide donc d’intenter un procès à la direction de l’hôtel The Residence devant l’Employment Relations Tribunal pour infraction à l’article 4 de l’Employment Rights Act. « Les représentants de l’hôtel disaient qu’il y a eu une interdiction de porter le tika en 2013. Mais ce n’était écrit nulle part. Ils n’ont pas pu le prouver devant la cour », dit-elle. Elle se souvient qu’en 2017, elle a posé pour une campagne publicitaire préparée par l’hôtel et qu’elle arborait fièrement son tika.
« Pendant de nombreux mois, j’ai vécu des moments difficiles et je passais des nuits blanches. J’ai pleuré et je suis tombée malade. Il y avait des jours quand je devais me présenter devant la cour puis aller à l’hôtel pour travailler. Mais, nous n’avons jamais mélangé les choses », fait-elle observer. Elle exerce toujours à l’hôtel. Elle indique que son époux la soutient. Elle pense surtout à ses deux enfants.
« Cet événement a bouleversé toute la famille. Mon fils se préparait pour ses examens de Primary School Achievement Certificate. Je n’ai pas pu être à ses côtés comme je l’avais prévu. Il a cependant très bien travaillé et a décroché 5A+. J’allais me le reprocher si mon fils avait échoué. »
Elle remporte sa bataille
Le lundi 18 février, elle pousse un ouf de soulagement. Elle remporte sa bataille. Elle obtient gain de cause devant l’Employment Relations Tribunal. « J’ai toujours eu confiance en la loi et je savais que la justice primerait. Bondie li la ! J’ai lutté pour mon droit en tant que femme mariée », fait-elle ressortir. Elle va d’ailleurs célébrer ses 21 ans de mariage en novembre.
Sooleka Dalwhoor est née à Dubreuil dans une fratrie de quatre enfants. Elle perd sa maman à l’âge de 18 ans. « Elle avait 44 ans et elle n’a pas survécu à un cancer du sein. J’ai arrêté ma scolarité après le School Certificate pour m’occuper d’elle. Après son décès, papa a pris soin de nous », relate-t-elle.
Elle confie que ses parents ont passé des moments difficiles. Leur ainée avait un an quand ils ont appris qu’elle souffrait d’un problème au cœur. Elle s’est fait opérer en Afrique du Sud. Après la naissance de Sooleka, elle a dû repartir pour une autre chirurgie. Aujourd’hui, elle a fondé sa famille.
Trois ans après le décès de sa maman, Sooleka Dalwhoor épouse celui dont elle est tombée amoureuse au collège. Six mois plus tard, elle prend de l’emploi comme hôtesse de restaurant à l’hôtel The Residence. Onze mois après, elle cesse de travailler, car elle est enceinte de son premier enfant. Elle décide de reprendre le travail après deux ans et demi. Elle se fait embaucher par un contracteur. Comme le hasard fait bien les choses, elle se retrouve à l’hôtel The Residence et devient Sales Assistant.
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