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Soobaraj Sok Appadu : après la météo, il s’engage pour l’environnement

280518_sok_appadu.jpg L’ancien directeur de la station météorologique de Vacoas a démarré sa carrière en 1970.

Vingt ans après son départ de la station météorologique, sa voix reste reconnaissable entre toutes. Ses analyses et réflexions  sur le climat sont toujours recherchées. Soobaraj Sok Appadu a fait de la cause environnementale un combat de tous les instants.

La casquette vissée jusqu’au front, devant un café fumant, en cette fin d’après-midi, celui qui a été longtemps la voix de la météo n’a rien perdu de sa verve. Aujourd’hui, toute son énergie est vouée au combat pour la protection de l’environnement.

« Personne ne semble se rendre compte qu’à chaque montée de la température, notre île devient un peu plus vulnérable. Toute notre économie, à commencer par le tourisme, suivie de l’agriculture et du textile, bref, toutes les entreprises, sans oublier la population, se servent de l’eau », fait-il valoir.

Ex-pensionnaire du collège Royal de Curepipe, originaire d’une famille de notables de Chemin-Grenier, ainé d’une famille de neuf enfants, il détient une licence de physique de l’université d’Andhra Pradesh. Il a été formé à l’étude de la météorologie à Nairobi, avant de décrocher un diplôme de 3e cycle à l’École polytechnique de Lausanne.

En 1970, il prend de l’emploi à la station météorologique de Vacoas, où il gravira tous les échelons pour terminer directeur en 2001. Le premier grand cyclone auquel il aura affaires se nomme Gervaise, le plus violent météore, après Carol. « C’était en 1975 et on avait recensé une pointe de 260 km/h à Mon Desert Alma », raconte-t-il.

Prise de conscience

Comme d’autres météorologues, il a appris à calculer la température, la direction du vent, l’humidité et la pression atmosphérique. « Au début, fait-il ressortir, il fallait récolter des données sur le terrain toutes les trois heures pour les transmettre à La Réunion qui, à son tour, les envoyait à Nairobi, qui se chargeait de les diffuser sur le réseau international. Il fallait être précis et être à l’heure. Les données de la météo ont toujours accompagné le développement économique de Maurice avec une orientation plus ciblée du service en direction de l’agriculture et de l’industrie. » 

C’est sans doute ses études en Suisse qui participent à sa prise de conscience de l’importance de l’eau, une ressource dont il fait valoir le rôle crucial dans un petit état insulaire comme Maurice. L’eau est devenue aujourd’hui un enjeu économique et financier majeur. Durant sa carrière, il témoignera de deux étapes importantes dans le développement de la station de Vacoas.

Il y a eu, d’abord, l’automatisation du système puis, par la suite, le passage à l’informatique, avec le développement des capacités de prévision très pointues des cyclones. « Dans les jours qui suivirent le passage de Hollanda, il y eut l’apparition d’un phénomène inédit a Maurice, c’était Touni Minuit, se souvient-il. C’était une psychose qui était liée à l’absence d’électricité dans le pays. Il a fallu que le service météo fasse une campagne de sensibilisation pour expliquer qu’il n’y avait rien d’anormal à cette situation. »

Changement climatique

En 1995, les services météo produiront un premier rapport alertant le gouvernement sur les incidences liées au changement climatique. « Aucune action n’a été prise, de même qu’à ce jour, il n’y a eu aucun engagement concret à Maurice après la Conférence de Paris. Déjà, à cette époque, la Météo mauricienne a été visionnaire concernant les enjeux de l’environnement. À Vacoas, nous avons tellement été à la hauteur que nous avons obtenu le titre de Meilleur département de la fonction publique en 2004. Cela n’est plus arrivé à la Météo depuis », explique-t-il.

Mais, en 2007, lorsqu’il prend sa retraite, à l’âge de 60 ans, une certaine amertume accompagne cette décision. « Je n’étais pas dans les bons papiers de certains hauts fonctionnaires. Il y avait aussi une grave problématique sectaire à la MBC. J’étais tellement dégoûté que je suis parti sans prendre un cadeau à Vacoas. Ce sont mes collègues qui me l’ont apporté chez moi », dit-il.

Mais, qu’à cela ne tienne, il a su surmonter cette phase de « découragement » pour se jeter dans un combat qui, assure-t-il, mérite tout son engagement : celui de la protection de l’environnement.

« Au sein de l’ONG Association pour le développement, nous sommes une trentaine de personnes engagées dans la protection de l’environnement. En ce moment, nous travaillons  à la réhabilitation de la plage de Flic-en-Flac. En 2010-2011, nous avions réussi à créer une plage artificielle, grâce à un financement de l’Union européenne. Certes nous sommes bénévoles, mais chaque sou dépensé doit être justifié », fait-il ressortit.

La retraite ne signifie pas une vie pantouflarde pour cet homme mû par la passion. « Mes enfants ont aujourd’hui un avenir assuré, mon épouse, qui était ma voisine à Chemin-Grenier, s’est toujours occupée d’eux. J’ai du temps pour un engagement qui me tient à cœur. Si le gouvernement, lui, ne fait rien, au moins, au sein de mon association, on aura accompli quelque chose pour les générations futures », dit-il.

 

 

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