Outre l’agenda du caïd, les autorités ont mis la main sur son répertoire téléphonique. L’identité de ses contacts sera cruciale pour comprendre le fonctionnement d’une coopérative de trafiquants, dont Peroomal Veeren serait le parrain.
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Peroomal Veeren est-il le capo dei capi, le patron des patrons, parmi les trafiquants de drogue opérant sur le territoire mauricien ? C’est en tout cas les soupçons qu’entretient l’hôtel du gouvernement envers ce caïd, condamné à 34 ans de prison, à mesure que l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu), la Financial Intelligence Unit (FIU) et l’Independent Commission against Corruption (Icac) avancent dans leur enquête sur l’importation des trois cargaisons des 157 kilos d’héroïne évaluées à Rs 2,4 milliards.
Ces trois agences engagées dans la lutte contre le trafic de drogue et le blanchiment décodent depuis plusieurs jours les nombreux carnets appartenant à l’ancien agent de sécurité de la Mauritius Stationery Manufacturers et qui ont été saisis à la Prison centrale. Outre le fameux carnet laboutik qui démontre que Peroomal Veeren jonglent avec les devises représentant plusieurs dizaines de millions de roupies et les noms des personnes qui lui doivent de fortes sommes, les enquêteurs ont mis la main sur son répertoire téléphonique.
Mine d’informations
Véritable mine d’informations, ce répertoire permettra à l’Adsu, à la FIU et à l’Icac de déterminer avec qui le caïd a été en contact régulièrement à partir des cartes SIM saisies dans les différentes prisons où il a été incarcéré. Selon nos recoupements, le trafiquant a de nombreux contacts dans au moins douze pays, dont l’Afrique du Sud, d’où proviennent les 157 kilos d’héroïne dissimulés dans des sableuses à pression.
La collaboration des autorités de ces pays devra être recherchée pour établir l’identité de ceux qui ont aidé Peroomal Veeren à faire entrer de la drogue à Maurice. D’après des sources dignes de foi à l’hôtel du gouvernement, le caïd est à la tête d’un réseau de trafiquants composés, entre autres, d’Alain Emilien, dit Very Good, de Siddick Islam, alias Nerf, et de Curly Chowrimoothoo, aussi appelé Ti Nana.
Cette coopérative est d’ailleurs fortement soupçonnée d’avoir importé de Madagascar 42 kilos d’héroïne et six kilos de haschich évalués à Rs 630 millions et interceptés par le service des douanes de La Réunion, au port de Sainte-Rose, dans la nuit du jeudi 10 au vendredi 11 novembre 2016.
Des coordonnées émanant des pays africains où Peroomal Veeren est soupçonné d’entretenir des contacts solides sont présents dans ce répertoire. À l’instar de la Tanzanie, pays à partir duquel la drogue est souvent expédiée vers Maurice, notamment grâce à des complices à la Prison centrale. En 2008, des membres de l’équipe de boxe tanzanienne participant à la 2e édition de la Coupe d’Afrique des nations avaient été cueillis avec quatre kilos d’héroïne. Quatre d’entre eux ont été condamnés, aux assises en juillet 2013, à 15 ans de prison.
Plusieurs noms cités
L’enquête menée en Tanzanie a révélé que les quatre accusés avaient été recrutés par leur compatriote William Michael Onesmo, un ex-pensionnaire de la Prison centrale rapatrié en Tanzanie après avoir été condamné à 25 ans de servitude pénale pour trafic de drogue. Les liens entre William Michael Onesmo et Peroomal Veeren n’ont jamais pu être établis, mais ce dernier aurait quand même gardé de bonnes relations avec James Mukasa Kanamwanje, un ancien condamné ougandais rapatrié dans son pays et qui est soupçonné de l’aider à faire entrer de la drogue à Maurice.
Peroomal Veeren dispose aussi de contacts au Mozambique, autre plaque tournante de la drogue et où Navind Kistnah, son intermédiaire présumé dans l’importation des 157 kilos d’héroïne, a fui. Celui-ci avait rallié ce pays après avoir mis le cap sur l’Afrique du Sud lorsque le service des douanes de la Mauritius Revenue Authority (MRA) a bloqué le premier conteneur dans lequel se trouvaient les premiers 135 kilos de drogue. Le trafiquant a aussi des correspondants à Madagascar, d’où nombre de passeurs sont originaires.
Le nom d’un suspect lié à Navind Kistnah et qui fait l’objet d’une enquête de la commission anticorruption figure aussi dans le répertoire de Peroomal Veeren. Ces données devront être comparées à celles en possession de la commission d’enquête sur la drogue présidée par l’ex-juge Paul Lam Shang Leen.
C’est grâce à ces données que l’Icac a arrêté Marie Christelle Isabelle Bibi, née Labonne, la conjointe d’un détenu et de la tante de celle-ci, Marie Annette Gooljaury. L’équipe de Navin Beekarry les soupçonne de gérer les biens de Peroomal Veeren, tout comme d’autres personnes à travers des sociétés écrans.
Les doutes de l’Adsu, de la FIU et de la MRA que les devises servant à acquérir autant de drogue transitent par des Sud-Africains liés à des sociétés offshore semble aussi tenir la route. Le numéro d’un compte dans une banque offshore d’origine africaine a été relevé dans un des agendas de Peroomal Veeren.
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