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Sommet sur l'intelligence artificielle : l’utilisation des deepfakes à mauvais escient inquiète les autorités

Les deepfakes peuvent être crées à partir d'une simple photo.

Le ministre de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation et le président de l’Information and Communication Technologies Authority soutiennent qu’il faut surveiller de près l’utilisation des « deepfakes » pour éviter des abus. Ils intervenaient lors du sommet sur l’IA tenu les 8 et 9 mai à Balaclava.

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Les deepfakes, vidéos truquées qui présentent de vraies personnes dans des situations fictives, peuvent être utilisées pour manipuler l'opinion publique. Ce sujet a suscité des préoccupations parmi les politiciens et les experts, qui redoutent la diffusion de fausses vidéos impliquant des candidats aux prochaines élections générales. Avec un deepfake, il est possible de faire dire et faire faire à une personne ce que l'on souhaite, même si cela est totalement faux. Des programmes équipés d'intelligence artificielle (IA) utilisent une photo authentique d'une personne pour la transformer en vidéo, et ils peuvent même imiter sa voix pour lui faire prononcer des propos qu'elle n'a jamais tenus en réalité.

Le ministre de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation tire la sonnette d’alarme. Deepak Balgobin a demandé aux experts locaux et internationaux venus assister au sommet sur l’IA cette semaine de se pencher sur le sujet. La conférence s’est tenue le mercredi 8 et le jeudi 9 mai 2024 à l’hôtel Le Méridien à Pointeaux- Piments. Cet événement est l’une des activités de la Mauritius Emerging Tech Exhibition (METX) 2024 qui prend fin le dimanche 12 mai.

« Nous devons nous poser certaines questions. Durant ce sommet, les experts ne manqueront pas de les soulever et de débattre autour. Comment s'assurer que le public tire profit des nouvelles technologies ? Comment garantir une utilisation responsable ? Les deepfakes, par exemple, risquent de devenir de plus en plus populaires si nous ne décourageons pas cette pratique », a averti Deepak Balgobin lors de la cérémonie d’ouverture de la METX, le mercredi 8 mai 2024.

L'Information and Communication and Technologies Authority (ICTA) devrait surveiller cette technologie et son utilisation, selon son président, Dick Ng Sui Wa. « C’est effectivement le rôle de l’ICTA. La loi nous demande d’attirer l’attention du gouvernement là où des problèmes émergent. Or, les deepfakes constituent un défi mondial. Même les plus grandes démocraties, telles que l’Inde et les États-Unis, s'efforcent de réguler cette pratique. Avec l'avènement de l'intelligence artificielle (IA), ce phénomène risque de s'accentuer. Il est indéniable que les autorités sont souvent en retard sur ces avancées technologiques. Nous devons combler ce fossé et envisager la mise en place d'un système de vérification. Bien que la Cybercrime & Cybersecurity Act soit en vigueur à Maurice, comment protéger efficacement la population reste une question cruciale. Nous en discutons avec le ministère de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation et le ministre Balgobin lui-même », a déclaré Dick Ng Sui Wa au Défi Media Group.

Les deepfakes, par exemple, risquent de devenir de plus en plus populaires si nous ne décourageons pas cette pratique"

METX

Le sommet a accueilli la participation du ministre émirati de l’Intelligence artificielle, Omar Sultan Al Olama. Celui-ci a mis en avant le potentiel de l’île Maurice dans le domaine de l’IA. « Maurice est une démonstration de l’IA. Et ici, IA ne signifie pas Intelligence Artificielle, mais Ingénierie Africaine. Ce pays, qui s’est transformé économiquement et a progressé dans son système éducatif, est devenu un modèle pour de nombreuses nations à travers le monde (…) Aux Émirats arabes unis, nous considérons que l’IA n’est pas un futur qui sera développé par un pays ou une entreprise, mais un futur qui doit être construit ensemble, pour le bénéfice de tous. C’est pourquoi nous sommes ouverts aux collaborations internationales. L'accord avec Maurice n'est que le point de départ. Nous avons conclu 12 accords avec des pays du monde entier, car nous croyons que la technologie peut être utilisée de manière positive ou négative. C'est pourquoi nous travaillons ensemble », a déclaré Omar Sultan Al Olama lors de son intervention.

Le secteur privé est également bien représenté à cet événement. « En tant qu'acteur du secteur des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), il est crucial de participer à de tels événements. Cela permet de rassembler tous les intervenants, car ce qui est remarquable, c’est qu'ils proviennent de divers secteurs, pas uniquement des TIC, afin de partager leur potentiel et leur expérience dans l'utilisation de l’IA. Aujourd’hui, l’IA devient un outil essentiel pour accroître l'efficacité et l'autonomisation dans les entreprises de tous les domaines. C'est devenu inévitable et il est impératif de continuer à organiser des forums où nous pouvons nous réunir pour discuter des possibilités de collaboration, non seulement avec les acteurs locaux à Maurice, mais également avec ceux au niveau international qui mettent déjà en oeuvre l’IA », a affirmé Shateeaum Sewpaul, Chief Executive Officer (CEO) d’Excelerate Consulting Ltd, dans une déclaration au Défi Media Group.

Autre activité dans le cadre de la METX : une exposition ouverte au public qui se tient du jeudi 9 au dimanche 12 mai au Swami Vivekananda International Convention Centre (SVICC) à Pailles. La journée de l’industrie a eu lieu au même endroit le vendredi 10 mai 2024.

Les deepfakes

Les deepfakes sont des contenus multimédias (comme des vidéos, des images ou des pistes audio) qui ont été manipulés ou synthétisés grâce à l'IA. Le terme deepfake est une combinaison de deep learning (apprentissage profond) et fake (faux). Ces technologies utilisent créent des imitations plus ou moins convaincantes de personnes réelles, faisant des choses qu'elles n'ont jamais faites ou disant des choses qu'elles n'ont jamais dites. Bien que les deepfakes puissent avoir des applications légitimes, comme dans les films ou les jeux vidéo, ils posent également des problèmes éthiques et juridiques, car ils peuvent être utilisés pour créer des informations trompeuses ou diffamatoires.

 

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