Sommet en Afrique du Sud : les BRICS déterminés à détrôner le dollar

Le 15e sommet des BRICS, qui s’est ouvert en Afrique du Sud le mardi 22 août 2023, se tiendra jusqu’au 24 août. 

Johannesburg accueille des dirigeants d’une soixantaine de pays d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et des Caraïbes, dont Maurice. Le billet vert devrait être au cœur des échanges.

L’hégémonie du dollar sur le marché mondial n’est pas au goût de tout le monde. La volonté de mettre un terme à la domination du billet vert figurera en haute voltige à l’agenda du 15e sommet des BRICS (acronyme pour désigner le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud ; NdlR). D’ailleurs, le désir de dédollarisation a donné naissance à l’idée d’une monnaie de réserve émise par les BRICS. Les membres songeraient à l’utiliser pour le commerce transfrontalier. 

Shamin Sookia, Managing Director de Perigeum Capital, fait observer que le dollar est la monnaie qui constitue les réserves de plusieurs pays, dont Maurice. Toutefois, poursuit-il, l’empreinte des États-Unis diminue dans plusieurs pays. « La Chine est depuis devenue une puissance économique mondiale. Le renminbi est utilisé pour certains échanges commerciaux. L’Inde est, pour sa part, un gros producteur pour son marché intérieur. Les pays qui constituent les BRICS ont une certaine importance économique sur la scène internationale », argue Shamin Sookia. 

Pour autant, le détrônement du dollar comme valeur refuge et la principale monnaie utilisée pour les transactions commerciales mondiales n’est pas gagné d’avance. Paul Baker, Chief Executive Officer d’International Economics Consulting, fait comprendre que d’autres monnaies ont, dans le passé, échoué dans cette quête. 

« Le dollar est une monnaie stable contrairement à celle utilisée par la Russie, par exemple. Le billet vert représente pas moins de 80 % du commerce mondial. L’utilisation de l’euro, de la livre sterling et des autres devises est marginale », fait-il ressortir. 

Il met également en avant l’incertitude qui plane sur l’économie chinoise qui est surchauffée et affectée par des problèmes de corruption. Ce sont là des facteurs qui ne sont pas attirants pour le yuan du point de vue d’un investisseur.  

La place de la roupie 

Toutefois, une éventuelle convergence de plusieurs pays vers d’autres devises que le dollar pourrait affaiblir celui-ci. Paul Baker précise que le billet vert perdra ainsi de sa valeur. La Banque de Maurice dispose de réserves en dollars, sur lesquelles sont calculés les mois d’importations. En juin dernier, la Banque centrale avait transféré Rs 5,32 milliards à ses réserves. 

Dans l’éventualité où les BRICS adoptent une monnaie commune, Shamin Sookia est d’avis qu’il serait dans l’avantage de Maurice d’avoir non seulement cette devise commune mais aussi le dollar. « Maurice est un pays neutre. Nous devrons faire du commerce avec différents pays, qu’ils fassent partie des BRICS ou pas », avance le Managing Director de Perigeum Capital. 

Dans cette guerre du trône monétaire, la roupie ne fait pas le poids. Selon Paul Baker, peu importe la tournure qui se dessinera, la roupie devra toujours être convertie en devises pour faire du commerce. Shamin Sookia concède, pour sa part, que la faiblesse de la roupie résulte du fait que Maurice a très peu d’influence sur l’économie mondiale.