Sommet du Commonwealth - Pravind Jugnauth sur les Chagos : «Nous sommes à un point critique»

Pravind Jugnauth Le Premier ministre Pravind Jugnauth.

Le Premier ministre Pravind Jugnauth a longuement insisté sur le dossier Chagos lors de son intervention devant le All-Party Parliamentary Group britannique, en marge du meeting des chefs d’État du Commonwealth qui a lieu en ce moment à Londres, Grande-Bretagne.

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«Le gouvernement de Maurice est entièrement sensible au combat des anciens habitants de l’archipel des Chagos et à leurs aspirations légitimes, en tant que citoyens mauriciens, de pouvoir s’y installer aussi vite que possible. Aussi, le gouvernement de Maurice ne lésine pas sur les efforts pour améliorer leur bien-être », a affirmé Pravind Jugnauth.

Pour lui, « cette évacuation forcée est une époque triste et sombre de notre Histoire. Personne ne le nie aujourd’hui ». Le Premier ministre salue les efforts du groupe parlementaire britannique de « corriger cette injustice ». Et de souligner qu’en ce qui concerne la demande d’une opinion de la Cour internationale de justice sur les conséquences légales de la séparation de l’archipel des Chagos du territoire de Maurice en 1965, « nous sommes arrivés à un point critique ».

Pravind Jugnauth dit espérer, tout comme le peuple mauricien, que la Cour internationale de justice donnera une opinion qui « clarifiera les règles légales qui s’appliquent à une discussion et sur la détermination de questions ayant trait à l’éviction par la force, et qu’elle contribuera à compléter le processus de décolonisation de Maurice ».

Le chef du gouverment mauricien souligne les liens historiques, économiques et culturels étroits entre Maurice et la Grande-Bretagne. « Notre relation privilégiée est soutenue par des valeurs partagées de démocratie, de respect de la loi, de bonne gouvernance et de respect des droits humains. » Maurice, affirme-t-il, souhaite renforcer davantage les relations entre les deux pays. Et de préciser que les différences entre les deux nations sur le dossier Chagos « n’affectent pas cette relation durable ».

Revenant sur l’historique de l’excision, Pravind Jugnauth concède que le Conseil des ministres de Maurice était d’accord, mais précise qu’à l’époque, en 1965, le pays n’avait pas encore accédé à l’Indépendance et n’avait aucune compétence légale pour donner son accord pour cette excision.

Puis, le « timing et les circonstances de l’époque font que ce feu vert ne peut être considéré comme légitime ou légal ». La partie mauricienne avait le couteau sous la gorge et était contrainte de donner son accord.

Il rappelle aussi que la Grande-Bretagne s’était engagée à plusieurs reprises de rendre l’archipel, une fois qu’elle n’en aura plus besoin pour des raisons de défense. Mais, cela reste flou, car aucun délai n’a été donne ni aucune définition de ces raisons de défense.

Le Premier ministre précise également qu’un retour des Chagos dans le giron mauricien n’aura absolument aucune incidence sur la base militaire américaine de Diego Garcia. Il souligne que ce démembrement du territoire mauricien a été régulièrement condamné par les instances internationales et par de nombreux pays. La permission donnée par une vaste majorité des pays des Nations-Unies à Maurice pour présenter le cas devant la Cour internationale de justice illustre bien cela.

Une fois le processus de décolonisation complété, « les citoyens mauriciens d’origine chagossienne qui veulent se réinstaller sur l’archipel pourront le faire ».


Le PM rencontre les avocats

Pravind Jugnauth a rencontré l’équipe légale menée par Me Philippe Sands à Londres lundi. Il s’agissait de peaufiner le dossier Chagos qui est devant la Cour Internationale de Justice (CIJ).

« Nous sommes arrivés à un moment crucial. Nous travaillons durement et préparons le cas comme il se doit. Nous nous préparons à prendre beaucoup d’actions au niveau légal et politique », devait expliquer le Premier ministre au micro de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC).

Assistant au sommet du Commonwealth, qui se teint en ce moment en Grande-Bretagne, le chef du gouvernement en profite pour faire du lobbying en faveur de Maurice. « Nous sommes toujours très optimistes et sommes assistés par d’excellents juristes », a-t-il affirmé.

Me Philippe Sands, lui, s’est réjoui de la bonne préparation du dossier. Dans l’immédiat, il s’agit de préparer les réponses aux dossiers écrits, cela avant le 15 mai. En même temps, il faudra préparer la phase orale à laquelle pourront participer les pays membres des Nations-Unies. « Maurice bénéficie d’un appui global. Il y a du travail à faire. Nous allons continuer à maitriser le dossier, à travailler sur les détails, les aspects juridiques et diplomatiques », dit l’avocat.

 

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