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Sommées de quitter la maison qu’elles louent : Rani et sa mère, 85 ans, souffrant respectivement de thrombose et d’Alzheimer bientôt à la rue

Les deux retraitées ont jusqu’à cette semaine pour quitter les lieux. Les deux retraitées ont jusqu’à cette semaine pour quitter les lieux.
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L’une est atteinte de la maladie d’Alzheimer, l’autre souffre de thrombose. Respectivement âgées de 64 et 85 ans, mère et fille sont sommées de rendre la maison qu’elles louent. Malgré ses démarches, celle-ci n’a pas trouvé un autre logement. Elles risquent vite de se retrouver SDF…

« Mo pas conner kot sa pou aller. » C’est en larmes que Rani (prénom modifié), 64 ans et souffrant d’une thrombose veineuse, se confie. Elle n’aurait jamais cru se retrouver un jour dans une telle situation. Elle loue une maison à Grand-Baie où elle vit avec sa mère atteinte d’Alzheimer. Il y a peu, le propriétaire des lieux leur a annoncé qu’elles devaient vider les lieux. Malgré son état, Rani s’est mise en quatre pour trouver un logement mais en vain. « Nou ena ziska semaine prosenn pou nou aller. »

Elle explique : « Avant d’avoir tous ces problèmes, je menais une vie normale. J’habitais dans ma maison à Beau-Bassin, mon époux travaillait dans la section d’entretien d’un centre hospitalier, je gagnais bien ma vie en vendant des vêtements et d’autres articles que j’allais acheter à l’étranger. Nos trois enfants ne manquaient de rien. »

Un beau – ou plutôt un mauvais - jour, la vie lui rappelle que le malheur arrive alors qu’on ne l’attend pas. Le mari de Rani décède subitement d’une maladie à 46 ans. Avec le soutien de sa mère Bugwantee *, elle se retrouve à devoir subvenir aux besoins de sa famille. Cette disparition tragique marque un tournant dans son existence. « Kan mo missier inn mort, monn abatte e mone commance gagn probleme la santé. » Elle parvient tant bien que mal à grandir ses deux fils et sa fille. « Monn resi marier mo tifi ek mo garson. » Entretemps, l’état de santé de sa mère se détériore. « Elle a développé la maladie d’Alzheimer et elle nécessite une attention constante », raconte-t-elle.

Maisons saisies

En 2011, la vie de Rani bascule à nouveau. Sa maison et celle de son frère sont saisies par la banque. « Nos maisons était hypothéquées, nous avions des dettes que nous ne pouvions plus honorer. La banque a d’abord saisi la maison de mon frère et j’ai accueilli ses enfants chez moi pendant un temps. Me mo lakaz osi ine saisi e linn all dans sale by levy. » Rani affirme avoir essayé de trouver un arrangement, mais sans succès. C’est ainsi qu’elle a cherché une maison à louer.

Rani
« Sa meme mo larmoir la », nous dit Rani.

Elle raconte : « J’ai trouvé une maison à Dagotière et nous y avons habité, ma mère, mon fils et moi. Au bout de deux mois seulement, nous avons dû chercher un autre logement car il faisait trop froid pour ma mère malade. » Elles vont s’installer dans une autre maison à l’Agrément, Saint-Pierre mais les relations avec le propriétaire dégénèrent. « Mon fils a eu des ennuis avec lui à cause de l’eau mais nous étions obligées de nous taire car nous n’avions aucune place où aller ou quelqu’un pour nous héberger. »

Son fils meurt après un accident

Le 28 septembre 2016 est une date qui restera gravée dans la mémoire de Rani. La gorge nouée, elle ajoute : « Mon fils, 40 ans, sculpteur dans un atelier à Beau-Bassin, avait travaillé jusqu’à fort tard et il a emprunté une bicyclette pour rentrer à la maison. Le lendemain, il a repris la bicyclette pour se rendre au travail. Vers 8 heures, son téléphone a sonné et au bout du fil, quelqu’un m’a informée que mon fils avait été heurté par une camionnette. » Grièvement blessé, il avait été conduit à l’hôpital Dr A. G Jeetoo. « Il y est resté jusqu’au 2 octobre et il est mort », raconte Rani.  

La santé de Rani se détériore. « Monn gagn tombrose dans lipied, trois fois, mon nepli kav marse bien et mo bizin servi bekille. » Ses déboires s’enchaînent. Elle éclate en sanglots. « La situation est devenue invivable avec le propriétaire. Lorsque mon fils était encore là, c’est lui qui tenait tète. Il a fini par nous chasser, ma mère et moi, en mars 2019, et nous n’avons même pas pu prendre nos affaires. »

Une boîte pour armoire

Elles sont recueillies pendant quelque temps chez un proche et un ami avant de trouver une nouvelle maison à louer à Grand-Baie. En septembre 2019, mère et fille y emménagent avec quelques vêtements et de la nourriture offerts par des volontaires. « Nous n’avions ni meuble ni réfrigérateur mais ensuite nous avons pu obtenir un lit et un matelas et une boîte en carton nous servait d’armoire. » D’ailleurs, elle nous la montre ainsi que les quelques denrées alimentaires qui serviront de dîner. « Je n’ai aucun moyen de conserver la nourriture restante », se désole-t-elle.

Rani n’est pas au bout de ses peines car le propriétaire lui a demandé d’évacuer les lieux. « J’aime cette maison mais il m’a clairement fait comprendre que sa fille va se marier et qu’il aura besoin de sa maison au plus tard la semaine prochaine. Que vais-je faire, qu’allons-nous devenir, ma mère et moi ? », se demande-t-elle.

 

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