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SME Mauritius : allégations de favoritisme et de détournement de fonds publics

SME Mauritius

La nouvelle instance SME Mauritius, qui opère sous l’égide du ministère du Business et des Coopératives, est la cible de plusieurs allégations concernant le détournement de fonds et les pratiques de favoritisme. Grandes lignes sur les informations parvenues au Défi Quotidien. 

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Un seul entrepreneur sur le board

SME Mauritius Ltd a été incorporée le 14 juillet 2017 par le gouvernement avant même que la décision d'abroger la SMEDA Act ait été votée à l’Assemblée (le 28 novembre 2017). À ce jour, un seul entrepreneur (Margaret Pan Sin) siège au board de SME Mauritius, alors que selon la SMEDA Act, quatre entrepreneurs étaient membres du conseil de l’ex-SMEDA. 

Rs 170 000 versées au conseil chaque mois

L’ex-président de la défunte SMEDA touchait un salaire mensuel de Rs 28 500, alors que les ex-membres du conseil percevaient Rs 1 000. Les frais mensuels payés au conseil de l’ex-SMEDA comprenant le président et 11 membres ne dépassaient pas Rs 50 000. 

Toutefois, les honoraires mensuels versés au conseil de SME Mauritius Ltd ne sont pas inférieurs à Rs 170 000. En presque un an, cela représente une dépense d’environ Rs 1 440 000 pour les seuls frais de conseil. 

Un CEO contesté

Le salaire mensuel de base du nouveau Chief Executive Officer (CEO) de SME Mauritius, Rabin Rampersad, est de Rs 140 000, plus une allocation de Rs 35 000. Alors que le salaire de base mensuel du directeur général sortant de l’ex-SMEDA était de Rs 110 000, plus une allocation d’essence de Rs 12 740. Par conséquent, le CEO de SME Mauritius Ltd touche chaque mois environ Rs 52 000 de plus que l’ancien directeur général. Selon nos informations, certains candidats ayant participé à l’entretien pour le poste de CEO auraient beaucoup plus d’expérience des PME que Rabin Rampersad. 

Recrutement des stagiaires 

Six stagiaires, recrutés par l’ex-SMEDA, ont décroché le poste de Management Support Officer, un autre a été embauché comme réceptionniste et un autre comme Accounts Clerk. Selon nos recoupements, la plupart des stagiaires de l’ex-SMEDA auraient été retenus sans aucune sélection formelle. Certains stagiaires ne seraient même pas qualifiés pour le poste qui leur a été offert. C’est en mars 2018 que SME Mauritius a lancé une annonce pour des postes vacants de Management Support Officer. Elle a constaté que 524 des 1 094 candidats étaient qualifiés. Toutefois, le comité des ressources humaines a décidé de ne pas poursuivre avec ces recrutements. 

Redéfinition des postes 

Il a été proposé que les salaires de base mensuels du directeur adjoint et des trois Business Development Officers (BDO) ayant rejoint SME Mauritius (de l’ex-SMEDA) reçoivent une hausse salariale de Rs 8 000 par mois à partir du 20 février 2018 et que leurs postes soient redéfinis comme « chefs d’équipe ». Après trois augmentations salariales, la direction propose maintenant une hausse substantielle du salaire de ces trois membres. Il a également été proposé que le manager ayant rejoint SME Mauritius Ltd reçoive une hausse de Rs 10 000 sur son salaire. Toujours après les trois hausses salariales, il a été décidé que son poste soit requalifié « Directeur (Corporate Services) ». Cette promotion a été contestée par une plainte logée à l’Independent Commission  against Corruption.


Réactions

Sunil Bholah, ministre du Business et de l’Entreprise : «Nul ne touche de salaire exagéré à SME Mauritius»

Sunil Bholah

Le ministre Sunil Bholah ne cache pas sa colère concernant les allégations faites contre SME Mauritius. « Ce sont des frustrés qui n’ont rien d’autre à faire », déclare-t-il. Selon lui, tous les employés de SME Mauritius sont qualifiés et méritent leurs postes respectifs. Commentant le recrutement de stagiaires, il affirme que ces derniers avaient déjà complété un an de service au sein de la défunte SMEDA. « Nous avons promis qu’il n’y aurait pas de pertes d’emploi. Par ailleurs, ils sont protégés par la loi du travail », fait-il ressortir. 

Revenant sur le cas du CEO, Sunil Bholah avance que celui qui occupe le poste est hautement qualifié. « Il est passé par un exercice de recrutement transparent. Il touche le même salaire que l’ancien CEO Raj Puddoo », explique-t-il. Le ministre martèle que nul ne perçoit de salaire exagéré au sein de l’instance. « Nous contrôlons d’ailleurs les dépenses », souligne-t-il. Concernant la composition du board, Sunil Bholah dit qu’il y a un besoin de collaborer avec l’Economic Development Board et la Mauritius Chamber of Commerce and Industry. « C’est pour cette raison que les membres de ces instances sont représentés sur le board de SME Mauritius. »

Peter Neubert, chairman de SME Mauritius : «Les salaires des directeurs équivalent à ceux pratiqués dans des Boards similaires»

Peter Neubert

Se trouvant en ce moment à l’étranger, Peter Neubert a accepté de répondre aux allégations. « Je ne peux pas faire de commentaires sur les salaires des directeurs de la défunte SMEDA, car je n’ai pas les informations. Mais le montant de Rs 170 000 versé au conseil de SME Mauritius chaque mois est plus ou moins correct », a-t-il confirmé. Il a ajouté que ce montant a été établi en comparaison avec d’autres boards similaires : « Ce montant avait été décidé avant que je ne rejoigne SME Mauritius. » En outre, il avance que la charge de travail des directeurs est élevée. « Il ne s’agit pas d’une réunion chaque trimestre. » 

Maya Sewnath, secrétaire de la fédération des PME : «On a besoin de professionnels, pas de nominés politiques»

Maya Sewnath

Maya Sewnath est catégorique : « La mise en place de SME Mauritius est un cafouillage total. » Cette dernière exprime son sentiment : « Il y a trop d’institutions instaurées pour développer l’entrepreneuriat. Les entrepreneurs ne savent plus à qui demander de l’aide. » Maya Sewnath dit avoir des doutes concernant le board de SME Mauritius. « Les directeurs ont-ils à cœur le développement des PME ? Sont-ils assez qualifiés ? Sur quels critères ont-ils été embauchés ? Il y a un manque de rigueur et de motivation chez eux. On a besoin de professionnels et non de nominés politiques », soutient-elle.

 

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