Riche d’un terrain de 1 050 arpents, Roches-Noires Resorts and Residence Ltd repasse sous administration judiciaire. Jean Noël Wing Wung Wai, du cabinet Deloitte, a été nommé Receiver Manager de cette compagnie. Il prend la relève de Raj Basgeet, de PricewaterhouseCoopers, qui avait été nommé le 18 novembre 2018. Ce dernier a lui-même pris la relève d’autres administrateurs judiciaires.
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La compagnie a une dette de Rs 2,2 milliards auprès de la BPCE International et Outre Mer, qui a repris les opérations de la Banque des Mascareignes, et de la Barclays Bank Mauritius. À la première, elle doit Rs 1,7 milliard et à la seconde Rs 511 millions. Le Receiver Manager demande aux autres créanciers éventuels de se faire connaître et de soumettre leurs réclamations, avec documents à l’appui, le 18 novembre au plus tard.
Le précédent Receiver Manager avait déjà tenté de vendre le terrain en début d’année. Les intéressés avaient jusqu’au 15 juillet pour soumettre une offre pour la propriété de Roches-Noires qui fait cinq à six fois la superficie totale de la Cybercité d’Ébène.
L’histoire de Roches-Noires Resort and Residence Ltd ressemble à une saga. Les promoteurs de la compagnie, essentiellement des Sud-Africains, et des Français, mais aussi des Mauriciens, envisageaient d’ériger une nouvelle ville sur la côte est de l’île. Au programme, deux hôtels, des centaines de villas, un centre commercial, un quartier d’affaires, un golf et un port de plaisance, pour ne citer que ceux-là. Bref, un projet pharaonique.
Les racines de l’histoire se situent en 2005. Roches- Noires Resorts and Residence Ltd se porte acquéreure d’un vaste terrain de 800 arpents. Le 15 septembre 2005, la compagnie dépose un dossier au Board of Investment (BOI), en vue d’obtenir un certificat IRA (Integrated Resort Scheme) pour y ériger une nouvelle ville. À cette époque, c’est la société sud-africaine Elan, spécialiste en projets de développement intégré, qui mène le groupe d’investisseurs. Le 6 décembre 2005, une « letter of comfort » est émise par le BOI. Ce précieux document en main, les investisseurs se mettent à la recherche d’un financement pour développer leur projet, mais les choses n’avancent pas selon le plan.
En 2007, un nouveau schéma directeur est soumis. Le BOI émet une nouvelle « letter of intent » en faveur de Roches-Noires Resorts and Residence Ltd. Entre-temps, le ministère de l’Environnement lui accorde son Environment Impact Assessment avec l’homme d’affaires francais Jean Marie Bain qui remplace le groupe Elan comme locomotive du projet.
Malgré un nouveau capitaine à bord, et de nouveaux terrains acquis, le projet continue à stagner. Finalement, le 11 février 2011, Roches-Noires Resorts and Residence Ltd dépose les armes. L’équipe dirigeante de la compagnie met les autorités au courant du fait qu’elle ne parvient pas à assurer le montage financier. C’est l’implosion. La compagnie est placée sous administration judiciaire avec André Bonieux et Adhinatsingh Lutchumn comme administrateurs judiciaires.
En 2012, enter le groupe chinois YIHE. Celui-ci incorpore Island Summer Palace. Le projet devient encore plus ambitieux. Cette fois-ci, on parle de trois établissements hôteliers, un quartier de loisirs, une zone commerciale, un centre de convention, un « business hub » et plusieurs centaines de résidences à prix variables, sans oublier un quartier entier dédié à l’enseignement supérieur.
Mais, à peine un an plus tard, l’aviation civile met son veto et soutient que ce projet nuirait à son projet de piste d’atterrissage pour un second aéroport. Un projet embryonnaire à ce moment et qui n’a fait l’objet d’aucune étude ni évaluation. D’ailleurs, Airports of Mauritius Ltd n’a jamais fait mention de ce projet d’aéroport. Au changement de gouvernement, l’espoir renaît, on parle cette fois d’une « Smart City » nécessitant un investissement total de Rs 44 milliards. Mais, rien n’y fait, Roches-Noires Resorts and Residence Ltd retombe sous administration judiciaire.
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