Le Collectif Mauricien pour Roches-Noires s’oppose au projet Smart City dans la région. Il conteste le rapport d’évaluation environnementale déposé par PR Capital, soulignant ses lacunes et le risque pour l’écosystème local. En opposition, le collectif propose la création d’un parc naturel. Il a déposé ses observations au ministère de l’Environnement.
Le Collectif Mauricien pour Roches-Noires, qui conteste le projet Smart City piloté par PR Capital et s’étalant sur 850 arpents dans la région, a communiqué ses commentaires au ministère de l’Environnement. La date limite pour faire des observations ou des contestations du projet, à la suite de la demande pour l’obtention d’un permis EIA (Environment Impact Assessment), était fixée au samedi 11 novembre 2023.
« Au vu de la gravité des risques que comporte le projet de développement immobilier pour l’écosystème de la région et de l’incapacité de ses promoteurs à en garantir la préservation, la société exprime non seulement ses préoccupations, mais s’oppose de façon formelle à la délivrance d’un permis EIA à cette entité », indique le Collectif Mauricien pour Roches-Noires dans un communiqué émis le vendredi 17 novembre 2023.
Le Collectif change aussi de statut. Constitué des groupes Eclosia, IBL, Scott et Currimjee, il est désormais enregistré comme une société. L’entreprise a confié au cabinet d’avocats ENSafrica Mauritius la rédaction et la soumission de ses commentaires. Ce document d’une dizaine de pages résume l’analyse technique faite par Jean-Baptiste Routier et l’équipe de The Green Hub Consulting, du Rapport d’évaluation environnementale déposé par PR Capital.
Comptant plus de 20 ans d’expérience internationale dans la gestion des ressources naturelles, le changement climatique et la finance durable, celui-ci est un expert reconnu en environnement. Il est aussi l’un des conseillers du collectif dans le cadre de son projet de création d’un parc naturel qui est proposé en lieu et place du projet Smart City.
« Le collectif démontre que le rapport réalisé par Arup pour PR Capital contient des lacunes et ne satisfait pas aux exigences d’un rapport EIA, telles que stipulé dans la loi. Il manque, dans cette étude, un compte-rendu complet des effets directs ou indirects que le projet est susceptible d’avoir sur l’environnement ; des données précises sur les effets du changement climatique sur la zone hautement sensible considérée pour ce projet ; et les mesures que PR Capital se propose de prendre pour prévenir ou atténuer l’impact des activités qui y seront liées », indique le communiqué.
Le collectif rappelle aussi que Maurice s’est engagé à préserver la diversité de son paysage et les ambitions du Plan national stratégique de biodiversité, élaboré dans le cadre des objectifs de développement durable des Nations unies. « Ce projet de PR Capital conduira à la perte irréversible de ce paysage naturel, unique par sa proximité avec le lagon, ses zones humides, son barachois, ses grottes souterraines et ses diverses poches de vie sauvage. Le cabinet Arup reconnaît lui-même, dans son rapport, le caractère unique et extrêmement rare de la zone dite de savane de ce site. »
Le document du collectif souligne à quel point Maurice est exposé, comme de nombreuses îles, aux risques liés au changement climatique, une dimension négligée par le rapport Arup. Ces risques incluent l’élévation du niveau de la mer, les événements météorologiques extrêmes et la pénurie d’eau.
« En approuvant un tel projet qui ne comporte pas de mesures d’adaptation, le gouvernement risque de compromettre ses chances d’obtenir des fonds de partenaires internationaux pour l’adaptation du pays au changement climatique et la réalisation de ses objectifs plus larges en matière de résilience climatique », soutient le collectif. Il précise que son projet alternatif respecte, lui, « pleinement les accords signés par Maurice ».
Convaincue des opportunités futures qu’un tel projet peut représenter dans le tourisme vert, l’économie bleue et les crédits carbone, la nouvelle compagnie s’est engagée à mobiliser des fonds pour l’acquisition du terrain et à mobiliser les compétences appropriées pour un projet de conservation durable et visionnaire. Projet qui, selon elle, « bénéficiera aux habitants et aux générations futures ».
PR Capital, qui a déposé sa demande EIA fin septembre, ambitionne de construire, entre autres, 1 480 unités résidentielles, un établissement hôtelier, un centre sportif, un centre de recherche et de développement ainsi que deux terrains de golf. L’entreprise s’est aussi engagée à protéger et à entretenir les sites sensibles, dont les marécages, et à inclure les habitants de la région dans leur projet. Le tout pour Rs 41 milliards.
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