Faits Divers

Six jeunes périssent dans un terrible accident: tant de rêves brisés

Les rêves et aspirations de ces jeunes sont partis en même temps qu’eux, plongeant leurs proches dans une profonde désolation à quelques jours de la Noël et du Nouvel An. 135. Tel est le nombre de victimes des accidents de la route en 2015, jusqu’à 21 décembre. Ce jour-là, les noms de six jeunes sont venus s’ajouter à la triste liste. Orrelie Charlot (22 ans), élodie Ramchurn (20 ans), Andy Chowrimoothoo (23 ans), Cédric Bozelle (23 ans), Purvish Ramchurn (19 ans) et son cousin Nawnish Ramchurn (18 ans) revenaient d’une fête à Flic-en-Flac, quand le tout-terrain dans lequel ils se trouvaient a percuté de plein fouet un autobus de la Corporation nationale de transport (CNT).
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5642","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-12094","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"Accident"}}]] Les carcasses des véhicules témoignent de la violence du choc.

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/div> Chez les Charlot, à Henrietta, Vacoas, le temps semble s’être arrêté. Pour Maïta, 45 ans, la mère d’Orrelie, une lumière s’est éteinte avec cette soudaine disparition. « Nous étions deux amies », lâche-t-elle. En cette période festive, mère et fille avaient l’habitude de faire du shopping ensemble. Désormais, ce ne sera plus possible. « Pena Nwel ou lane la », soupire-t-elle. Il ne se passe pas une seconde sans qu’elle ne pense aux paroles d’Orrelie prononcées peu de temps avant cet accident. En effet, le 31 décembre, en plus du réveillon du Nouvel An, la famille comptait célébrer l’anniversaire de Maïta. « Le 31 desam, mo pou gayn 46 ans, Orrelie ti dir mwa ki li pou aste enn kado pou mwa. Monn dir li less li, ki kado to pu al pran », confie-t-elle entre deux sanglots.

La dernière fois

Le jour de l’accident, Orrelie lui avait annoncé qu’elle partait danser avec son amie élodie, qui a également péri dans cet accident. « Dimanche, son amie l’a appelée et elle est partie », raconte Maïta, qui ne pensait nullement que c’était la dernière fois qu’elle voyait Orrelie en vie. « La mère d’élodie est une bonne amie à moi. Nos filles se connaissaient depuis leur enfance », poursuit-elle. Dimanche, la maman d’Orrelie s’était rendue à l’aéroport. « La demi-sœur d’Orrelie, qui était de passage dans l’île, est repartie dimanche. Je suis allée la déposer à l’aéroport », relate la quadragénaire. Lundi, on est venu frapper à sa porte pour lui annoncer la nouvelle de ce terrible accident de la route. « On m’a dit qu’il y avait deux filles mortes dans l’accident et qu’elles habitaient  Vacoas. Je me suis rendue à l’hôpital de Candos. C’est peu après que j’ai appris que les cadavres avaient été transférés à la morgue de l’hôpital Jeetoo, à Port-Louis. Nous avons pu identifier Orrelie grâce à son tatouage », explique la mère péniblement. Pour Jean, le père d’Orrelie, cette situation est difficile à vivre. La jeune femme, mère de deux fils : de sept et de trois ans  respectivement, avait des projets plein la tête. « J’ai une belle-fille à La Réunion et Orrelie comptait la rejoindre l’année prochaine. Elle voulait emmener ses deux enfants avec elle... Il n’y aura plus de voyage. Désormais, nous allons nous occuper de ses fils », dit-il.

Consternation

À la rue Nicholson, à quelques mètres de la demeure des Charlot, chez les Ramchurn, c’est également la consternation. élodie, 20 ans, est partie en même temps que son amie Orrelie. Sa mère Jocelyne garde d’elle le souvenir d’une fille qui croquait la vie à pleines dents. « Elle aimait bien s’amuser », dit-elle. La jeune femme a fait des études jusqu’à la Form III, nous explique sa mère. Il y a deux ans, elle avait pris de l’emploi dans un centre d’appels, mais a dû arrêter par la suite. « élodie avait des soucis de santé et ne pouvait plus continuer à travailler », poursuit Jocelyne. Cette année, pour la Noël, elle avait confié à sa mère son désir de porter des vêtements militaires. « Je ne sais pas d’où lui est venue l’idée, mais elle m’a dit que pour la Noël, elle voulait se vêtir d’habits militaires avec des chaussures assorties », se souvient la mère d’élodie. Le 4 janvier prochain, la jeune femme devait souffler ses 21 bougies. Elle avait déjà tout prévu. « Elle avait entrepris des démarches pour se rendre à Rodrigues pour y fêter son anniversaire avec des amis », dit-elle. Les funérailles des deux amies ont eu lieu, mardi, à la même heure. Les habitants de la localité, les amis et les proches étaient présents afin de rendre un dernier hommage à ces deux êtres inséparables jusque dans la mort. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5643","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-12095","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"Funeraille"}}]] à Cité Kennedy, Quatre-Bornes, également, l’euphorie de cette période festive a cédé la place aux pleurs et à la tristesse.  Andy Chowrimoothoo,  24 ans, et Cédric Bozelle, 23 ans, font aussi partie des victimes de ce terrible accident. Les proches d’Andy sont anéantis. « Sa mère souffre de problèmes cardiaques. Ce n’est guère facile pour elle », nous explique Olivia, la cousine du jeune homme. Il laisse derrière lui un fils de sept ans. Ses funérailles ont eu lieu mardi matin. Son ami Cédric Bozelle était, quant à lui, connu comme un excellent tatoueur. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il se trouvait à bord du tout-terrain lundi matin. « Andy avait apprécié le tatouage que Cédric lui avait fait. Pour lui montrer son appréciation, il l’a invité à l’accompagner à une fête donnée à Flic-en-Flac », raconte l’un des cousins d’Andy.

Cousins inséparables

Purvish et Nawnish Ramchurn, âgés de 18 ans et 19 ans respectivement, étaient inséparables. Originaires de Vacoas, les cousins s’étaient rendus à une soirée à Flic-en-Flac, dimanche. « Deux morts sous le même toit, c’est une véritable tragédie. Le cœur n’est plus à la fête », pleure la mère de Purvish. Et d’ajouter : « Il manque beaucoup à sa sœur. Ils étaient très proches. » Purvish était apprenti jockey, alors que son cousin Nawnish était employé dans une compagnie de distribution. « Ils étaient tout le temps ensemble », se souvient un proche. « Lundi matin, explique la mère de Purvish, « ma belle-sœur est venue frapper à ma porte. Elle m’a annoncé que son fils avait été victime d’un accident. J’ai tenté d’appeler Purvish, mais il était injoignable. C’est une fois à l’hôpital que j’ai su qu’il avait également perdu la vie ». Rohan Ramchurn, 16 ans, le frère de Nawnish, est le seul membre de la famille rescapé de ce drame. Il a été blessé au visage. « Ces images me hantent. Après l’accident, je me suis évanoui. J’ai repris connaissance après quelques minutes et j’ai vu Nawnish et Purvish dans une mare de sang. Monn gagn sok, me monn pran kouraz, monn retir zot parski zot ti kwinse. Dimanche, nous nous étions rendus à Flic-en-Flac en bus pour fêter un événement. À la tombée de la nuit, nous sommes allés à la mer avant de nous rendre en boîte de nuit. Vers 3 heures, on a demandé un lift au conducteur du tout-terrain, car nous n’avions aucun moyen de transport pour rentrer. Il nous a dit de prendre place dans le caisson », explique Rohan. Les deux cousins ont eu des funérailles émouvantes lundi après-midi.

Sortie de fête tragique

C’est vers 5 h 10 que le malheur a frappé. Le tout-terrain conduit par Andy Chowrimoothoo, avec à son bord huit autres jeunes, dont trois dans le caisson, emprunte la Link Road de Beaux-Songes. Ils reviennent d’une White Party dans un pub à Flic-en-Flac et se dirigent vers Quatre-Bornes. Tout se jouera en quelques secondes. Un autobus de la CNT arrive en sens inverse. Il double une  voiture à bord de laquelle se trouve un couple, qui sera témoin de l’accident. La collision est d’une violence inouïe. Elle ne laisse aucune chance à six occupants du tout-terrain, qui est réduit en un amas de ferrailles. Cinq d’entre eux sont décédés sur place, alors que Nawnish a rendu l’âme peu après son arrivée à l’hôpital de Candos. Le conducteur de l’autobus, un habitant de Bambous âgé de 35 ans, est également blessé dans cet effroyable accident. Jason Wayne, 23 ans, Ludovic Joohoor, 24 ans, Rohan Ramchurn, 16 ans, tous occupants du tout-terrain sont hospitalisés, de même que le chauffeur de l’autobus. Pour sa sécurité, ce dernier a été transféré à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, à Port-Louis.

Le chauffeur interrogé dès que sa santé le permettra

La police attend que le chauffeur de l’autobus se rétablisse pour l’interroger. Sa version des faits est jugée cruciale à ce stade de l’enquête. La police attend d’être en présence du rapport sur son état de santé pour décider s’il est apte à être interrogé. Le témoignage des autres blessés devrait aussi aider les enquêteurs à comprendre ce qui s’est passé le matin du 21 décembre.

Un couple témoin Un couple résidant à Quatre-Bornes s’est rendu au poste de police de la localité, mardi, pour consigner sa version des faits de l’accident. Le mari et la femme ont expliqué qu’ils n’ont pas vu l’impact, mais précisent tout de même que l’autobus a doublé leur voiture et qu’ils ont peu après entendu un bruit terrible. « Nous avons alors vu un tout-terrain complètement déchiqueté », devait nous expliquer le mari, planteur de son état. Une liste de mesures Lundi, la police compte venir de l’avant avec une série de mesures sur ce tronçon de route. Ainsi le Divisional Commander (DCP) Ramsarran, responsable de la Western Division, a adressé une liste de recommandations aux officiers de la Traffic Management and Road Safety Unit. Parmi ces recommandations, la police a demandé l’installation de Speed Cameras et que cette route soit davantage éclairée pour plus de visibilité. Dans son récit aux enquêteurs mardi, le couple quatrebornais a expliqué que la route n’était pas éclairée. En attendant, des policiers effectuent des patrouilles régulières sur ladite route pour assurer la sécurité.

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